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Billet de blog 28 février 2019

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Journal d'une catastrophe annoncée: 28 février

J’ai passé quelques jours à la campagne, en compagnie d’amis. Ces derniers jours de février ont été particulièrement ensoleillés, Le 27, les radios annonçaient un record de chaleur qui a dépassé le précédent, datant de 1960...

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Jeudi 28 février

J’ai passé quelques jours à la campagne, en compagnie d’amis. Ces derniers jours de février ont été particulièrement ensoleillés, Le 27, les radios annonçaient un record de chaleur qui a dépassé le précédent, datant de 1960. La campagne en question est un vieux pays, où des chênes pluricentenaires s’élèvent encore au bord des routes. Les oiseaux traversent d’une haie à l’autre juste à votre arrivée. À L’heure de la promenade, par les chemins creux, on croise des papillons, on aperçoit un lièvre ou des chevreuils dans le champ, près de la lisière du bois et la nuit, lorsqu’on sort marcher sous les étoiles, on entend les chouettes. C’est à une paire d’heures de la capitale et on y rencontre des Parisiens venus s’inventer une autre vie. Le village compte moins de cent âmes et s’étire le long d’une rue. À son extrémité, un poteau indicateur surgi d’un lointain passé annonce une gare à 900 mètres. C’est maintenant une maison. À côté de la mairie, la petite école aux grandes fenêtres, datant du début du XXe siècle, est louée à une famille. La ville la plus proche est à moins de 10 km, on y trouve des supermarchés et la Poste. Lorsqu’on se promène dans les vieilles rues du centre-ville qui murmurent Flaubert, on voit des volets clos et plusieurs commerces fermés. Le médecin ne prend plus de nouveaux patients. Toute cette campagne témoigne d’une promesse ancienne, celle d’amener le Progrès et la civilisation sur tout le territoire de la République : gare, école, poste et télécommunications, soins et services publics. Promesse maintenant révoquée sans préavis au nom de la métropolisation. Fermeture de maternité, d’hôpital, de classes : les journaux régionaux sont pleins de faits semblables et de récits de mobilisations héroïques qui ne rencontrent que l’indifférence de l’État. « Lorsqu’on choisit de vivre à la campagne, il ne faut pas s’attendre à avoir les mêmes services qu’en ville », n’est pas, M. le Président ?

Au cours d’un de nos déjeuners ensoleillés, le réchauffement climatique s’invita dans la conversation. On m’interrogea sur mon livre, sur la maison d’édition. Avais-je déjà trop parlé des arbres et des insectes ? Une amie me prit à part : les écologistes disent des choses très justes, me déclara-t-elle, mais j’aurai un reproche à leur faire : leurs paroles manquent d’humour. 

Journal d'une catastrophe annoncée est un blog , à suivre en intégralité sur le site de la maison d'édition La nage de l'ourse.

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