Pour Nicole Guedj, qui fut secrétaire d'Etat aux droits des victimes dans le gouvernement Raffarin, il est nécessaire de créer une structure nationale pour favoriser la réinsertion des sans-abri.
Après la période de grand froid, les sans-abri sombrent habituellement dans l'oubli. Mais ils sont aujourd'hui suffisamment nombreux pour susciter et maintenir une mobilisation des responsables politiques et de l'opinion.
Parce que les solutions d'urgence ou de fortune, telles une ration calorique ou la mise à disposition d'un lit, ne suffisent pas à répondre aux besoins de ceux de nos concitoyens dont les droits premiers comme ceux à la dignité et au respect sont menacés, je plaide, depuis 2003, pour la mise en place d'une politique publique globale et pérenne en faveur des SDF.
On ne peut bien sûr que se féliciter de la création du SAMU social, de la mise en place de nouveaux centres d'hébergement, du vote de la loi sur le droit au logement opposable, de la nomination d'un Haut Commissaire aux Solidarités actives pour la pauvreté... La voie est tracée mais l'exclusion résiste.
Ce qu'il manque et ce que je préconise, c'est davantage d'organisation, de coordination et de partage d'informations, pour guider ces accidentés de la vie tout au long d'un parcours de réinsertion.
Même s'ils demeurent insuffisants, nous disposons des moyens humains et matériels pour leur venir en aide. Il s'agit désormais de les mutualiser et d'optimiser leur efficacité.
Pour atteindre cet objectif, je propose la création d'une Agence Nationale des Français de la Rue qui servira les personnes sans-abri, sans travail, souvent sans papier et quelque fois sans famille.
Véritable porte d'entrée, cette agence assurerait aux sans-abri un accès, en tous lieux, à leurs droits d'identité et de prestations sociales (RMI, allocations familiales, droit au logement opposable etc.). Elle pourrait également organiser, dans la durée, leur suivi sanitaire, leur soutien psychologique et psychiatrique ainsi que les traitements de désintoxication indispensables pour certains d'entre eux. Elle pourrait enfin permettre l'exercice de leur droit à la formation et à l'insertion. Surtout lorsque l'on sait qu'un SDF sur quatre a moins de 25 ans. Parmi eux, il y a aussi des femmes et des enfants qui doivent naturellement bénéficier de leurs droits parentaux et éducatifs, des personnes âgées en situation de percevoir une retraite, des adolescents en obligation de scolarité ou encore des travailleurs pauvres, qui aspirent uniquement à un logement décent.
En outre, la question des SDF n'étant pas un « mal français », je suggère la création d'une Agence Européenne des Sans-Abri qui permettrait de faire émerger une réflexion commune, d'échanger les bonnes pratiques et de mettre en place des politiques de coopération entre les pays membres.
Il est évident que ce projet ne pourra aboutir qu'en impliquant largement les associations et les acteurs sociaux, auxquelles j'ai souhaité donner la parole à l'occasion d'Etats Généraux des S.D.F, qui se sont déroulés en janvier dernier, à Sciences Po. Et tous ont approuvé l'idée d'une réorganisation du système comme celle d'une meilleure utilisation des ressources. La forme reste à préciser, le nom pourra changer mais une vraie convergence de vue conduit à soutenir une telle solution.
Dans le prolongement de ces Etats Généraux, les Enfants du Canal et le Collectif des Morts de la Rue se sont rapprochés et m'ont invitée à visiter le centre d'hébergement de l'avenue de l' Observatoire. Je tiens à saluer leur remarquable travail. Ils seront informés et associés des prochaines étapes de développement de l'Agence Nationale des Français de la Rue.
Plus d'informations : www.agencenationaledesfrancaisdelarue.com