En Mai 68, j'avais 15 ans et demi, j'étais en 2nde technique paramédicale et sociale au lycée Corvisart et j'habitais Paris, dans le 13e arrondissement. Nous allions à notre lycée en grève tous les jours discuter entre nous et avec nos profs et voir les garçons de la section sérigraphie d'à côté faire des affiches.
Les gens discutaient partout dans les rues comme si la parole s'était libérée d'un coup.
Je me souviens avoir fait partie des premiers délégués au conseil d'administration.
Issue d'un milieu très modeste, ce qui explique mon orientation vers le technique, cette époque m'a permis d'apprendre, de réfléchir et de préparer par la suite des études supérieures (DESS de psychologie clinique à Paris 7 Censier/Jussieu) grâce au CNTE (CNED actuel) tout en ayant une nécessaire activité salariée pour vivre qui m'a beaucoup apporté.
Mon père, ouvrier, anticolonialiste et proche des idées communistes, a déchiré sa carte de la CGT à ce moment-là...
Par souci de sécurité je n'avais pas le droit de participer aux manifs, ni d'aller à la Sorbonne suivre les discussions mais mon voisin Éric, plus âgé que moi, me racontait ce qui se passait en rentrant le soir... Je l'attendais à ma fenêtre, d'où j'entendais les bruits d'explosion au Quartier latin.
C'est à cette époque que j'ai commencé à m'intéresser à la politique, je lisais Le Monde tous les jours et suivais beaucoup les interventions de Daniel Cohn-Bendit (dont je reste encore, et surtout aujourd'hui, proche par les idées).
Plus tard j'ai participé avec des copines à la vente des premiers numéros de Libération et j'ai continué à m'engager dans le monde associatif et militant.
Mai 68 est un tournant dans ma vie, un bouleversement : ma vie aurait été tout autre sans cette « révolution »...