Billet de blog 11 mai 2018

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« Nous partagions l'enthousiasme qui régnait alors »

Par un ancien dirigeant de la fédération PCF des Bouches-du-Rhône.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J'ai vécu mai-juin 1968 en ayant des responsabilités importantes à la direction de la fédération des Bouches du Rhône du PCF. Nous, les dirigeants, nous partagions l'enthousiasme qui régnait alors, nous participions aux manifestations, aux rencontres…

Ce qui nous animait, c'est le souci que le mouvement ait une issue positive, à la fois pour l'aboutissement des revendications et pour un débouché politique qui réponde vraiment aux aspirations qui s'exprimaient parmi les travailleurs et la jeunesse.

Mais certains positionnements nous préoccupaient, nous avions le souci d'éviter les embûches. Ce qui nous a sans doute empêchés de voir qu'au delà des revendications immédiates, il y avait, en profondeur, et notamment dans la jeunesse, un mouvement vers plus de liberté, de démocratie…

Plus tard, nous avons mis en chantier une réflexion sur le besoin de changement dans la société. D'où le « Manifeste de Champigny », prélude à « Changer de cap ».

Deux moments m'ont particulièrement marqué.

Le 29 mai : le général de Gaulle et les autorités préfectorales ont « disparu », une importante concentration de chars se produit au camp militaire de Carpiagne. La manœuvre est évidente : pousser les forces de gauche à la faute, mais tout le monde ne l'avait pas analysé ainsi.

Cela provoque quelques inquiétudes, car une importante manifestation est prévue pour l'après-midi. Nous sommes des dizaines de milliers à défiler. De chaque quartier partent des cortèges de manifestants qui se rejoignent, convergent vers la Canebière. Puis la manifestation se poursuit jusqu'à la Joliette. Les participants sortent des mouchoirs blancs qu'ils agitent en scandant tout le long du parcours : « Adieu Charlot, adieu Charlot !... »

Finalement, la ficelle était trop grosse et, malgré quelques tentatives isolées, le mouvement ne tombera pas dans le piège qui lui était tendu.

Et ce que j'ai retenu aussi, c'est le courant de sympathie et d'adhésions au PCF, que nous n'avions pas connu depuis 1958, où il y avait eu une baisse du nombre d'adhérents. Plusieurs sections avaient pris l'initiative d'organiser des réunions, des petits meetings, et beaucoup de monde y participait. Ainsi, un soir, sur la place de la mairie à Aix-en-Provence, un micro est « planté », environ 200 personnes s'attroupent et 19 adhésions sont réalisées.

Nous décidons donc de généraliser ces initiatives et de les populariser. Chaque jour paraissaient dans le journal La Marseillaise la liste des réunions du jour et les lieux où elles se déroulaient. En un peu plus de 15 jours, entre le 13 mai et la fin mai, plus de 2 000 adhésions ont été recueillies dans les Bouches-du-Rhône.

Certes, cela avait fait débat, certains camarades pensaient que ces nouveaux adhérents ne resteraient peut-être pas. Mais, pour l'essentiel, ce sont devenu des militants, certains ont eu ensuite des responsabilités au niveau local ou départemental.

Tout cela témoigne du climat de l'espoir qui marquait ces journées et aussi de l'attente à l'égard du parti.

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