Billet de blog 13 avril 2018

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«Nous ne pouvions pas rester à côté de cette recherche de libération de la parole et de liberté citoyenne»

Par Louisette Bonnet, membre d’une congrégation religieuse et étudiante à l’Institut supérieur de pastorale catéchétique de Paris.

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Ce fut un mois très « laborieux ». Je terminais à cette époque un parcours de maîtrise à l’Institut supérieur de pastorale catéchétique de Paris (ISPC). L’axe de notre travail étant la communication de la Parole dans le monde d’aujourd’hui, nous ne pouvions pas rester à côté de cette recherche de libération de la parole et de liberté citoyenne. Un article paru, il y a maintenant déjà bien des années, dans La Croix, citait alors l’ISPC parmi l’avant-garde de l’Église de France engagée dans ce mouvement. Nous tentions de rester branchés sur le mouvement étudiant et ouvrier en allant parfois « prendre le vent » dans les amphithéâtres et couloirs de la Sorbonne et de l’Odéon, ou dans les débordements de rue. Au cours de ces débats, un aspect, peut-être secondaire,  a retenu mon attention : la prise de conscience et dénonciation de la colonisation économique et culturelle américaine depuis l’après-guerre, conséquence du plan Marshall.

À l’Institut, nous avons décidé de cesser les cours et de travailler entre nous, en assemblée permanente dans un amphi de la Catho, sur des thèmes liés à cette insurrection. Oui, je dis bien « travailler », car dans cette remise en cause générale de la société, nous voulions être constructifs. Je me souviens bien, entre autres, comment nous avons cherché à proposer des structures davantage participatives dans le gouvernement de l’Église ou de nos instituts religieux…

Du fait de la grève des transports en commun, je ne pouvais pas rejoindre ma communauté d’appartenance habituelle en banlieue; j’allais donc m’héberger chaque soir à notre maison-mère, près d’une porte de Paris, avec  un trajet d’environ une heure et demie à pied. Cela permettait un échange avec notre supérieure générale, soucieuse d’écouter et comprendre ; elle est même venue participer une journée à notre Assemblée.

Passé ce moment insurrectionnel, nous avons pu clôturer l’année universitaire normalement par une célébration liturgique d’action de grâces.

Dans un autre domaine, l’action syndicale, j’ai recueilli les fruits de Mai 68 quelques années plus tard : en effet, vers 1973, ce sont des  militants de Mai 68 qui sont arrivés aux responsabilités de notre syndicat CFDT Hôtellerie-Tourisme et ont impulsé une orientation libertaire et révolutionnaire très créative aussi bien dans les objectifs que dans les méthodes d’action : nous prônions déjà les 32 heures de travail par semaine, l’autogestion ; nous revendiquions un vrai salaire au lieu du paiement au pourboire…

Ce fut un moment lourd d’espoir !

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