Concrètement, je n’ai pas participé aux événements de Mai 68 mais j’ai connu et vécu les aléas de ces tourments qui ont perturbé le quotidien des Français.
En écrivant cela, je pense à mon père, mineur de fond dans le bassin minier de Lens, resté sans travail pendant plusieurs semaines en raison de la grève.
Placée par mes parents comme employée de maison à demeure (à l'âge de 14 ans, 3 mois et quelques jours) dans une ville du Nord, j’accompagnais ce mois-là un membre de la famille en vacances sur la côte d’Azur.
C’est au petit matin que nous sommes arrivés sur Paris. Le spectacle des monticules de poubelles m’a beaucoup impressionnée, toutes ces poubelles jonchant le sol !
Idem, lorsque nous avons longé les quais du Rhône à Lyon. Là, pas de poubelles mais des tas énormes de pavés que les employés des ponts et chaussées de l’époque s’employaient à remettre en place…
En descendant vers le sud, des convois militaires remontaient vers la capitale. Images à jamais gravées dans ma mémoire.
En l’absence de carburant, la famille que j’accompagnais s’est vue contrainte de prolonger son séjour.
Impossible de donner des nouvelles à ma propre famille, la France était à l’arrêt.
De retour dans cette ville du Nord, j’ai attendu la fin de la grève à la SNCF pour revoir ma famille. Dans le même temps mon père a repris le chemin de la fosse.
C’était l’année de mes 18 ans.