En mai 1968, je terminais mes études au grand séminaire Richelieu à Chamalières, diocèse de Clermont. J'ai été ordonné prêtre le 29 juin 1968.
Dans un premier temps, j’ai participé à des débats à la faculté des lettres avec mes amis des groupes de lecteurs de Témoignage chrétien ainsi que mon collègue Tom, séminariste néerlandais qui été inscrit à la fac pour suivre des cours de français. Je participais aux manifestations dans les rues et aux meetings avec mes amis jocistes, en particulier place des Carmes, siège de Michelin ou à la préfecture.
Assez rapidement, le supérieur et les professeurs du grand séminaire, sulpiciens ou prêtres diocésains, ont pensé que les étudiants de l'école normale voisine viendraient occuper le séminaire pour le faire fermer. Ils ont préféré nous renvoyer dans nos foyers le temps des événements. Ainsi j'avais une plus grande disponibilité pour suivre les réunions et les manifs. L'examen de fin de séminaire fut réduit au minimum, à savoir la récitation de la formule de l'absolution pour le sacrement de la confession.
Dans ma famille, mon père, ouvrier Michelin retraité, ancien syndicaliste CFTC mais aussi gaulliste depuis 1940 était plus que critique par rapport aux manifestations d'étudiants.
Mon beau-frère et mon frère étaient syndicalistes et grévistes militants, ils se rendaient chaque jour à des occupations ou à des réunions sur leur lieu de travail. Ma mère avait peur des débordements et autres incidents liés à la situation.
C'est le souvenir d'un grand espace de liberté, tout était possible, ce fut donc une grande déception aux résultats des élections législatives et lors de l'entrée des chars russes dans Prague.
Pour l'Église de France, je pense que ces événements ont eu une influence. Le groupe de prêtres Échanges et Dialogues auquel j'ai adhéré et participé à mon avis a pris sa source en parti dans les événements de Mai 68 remettant en cause l'autorité dans l'Église, demandant le travail salarié pour les prêtres, l'engagement syndical et politique, et la liberté avec la règle du célibat.