Billet de blog 27 avril 2018

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« L’engagement des syndicalistes de Renault amène des objectifs concrets pour nous »

Par Jean-Pierre Balduyck, délégué du personnel CFDT d’une entreprise de textile, Tourcoing (Nord).

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Fin 1967 et début 1968, nous constations une mobilisation difficile des salariés. Sans doute le contexte d’un patronat et d’un gouvernement qui refusaient tout accord de progrès social. L’utilité des actions syndicales en subissait la conséquence.

Mai 1968, les étudiants entament leur mouvement. Nos collègues ouvriers, employés, s’informent sans plus. Trop rares sont encore leurs enfants à l’université.

Nous entendons régulièrement : « Ils ont de la chance de faire des études, nous aurions bien aimé aussi, même assis sur les marches des amphis » ; « Revendiquer de se rendre dans les logements des filles n’est pas une priorité » ; « La nationalité allemande de Cohn-Bendit mériterait son devoir de réserve ».

Ses salariés du textile venaient d’une récente immigration flamande, portugaise, espagnol. Leur contexte culturel ne rejoignait pas l’enjeu des universités. Les croyants n’étaient que peu progressistes (sauf les anciens jocistes et l’ACO [Action catholique ouvrière]).

L’engagement des syndicalistes de Renault amène des objectifs concrets pour nous : âge de la retraite, semaine de congé, horaire hebdomadaire, sans oublier  l’heure d’information syndicale, le droit de distribuer des tracts dans l’entreprise.

Une à une, les entreprises textiles entrent en action, fidèles à leurs principes :

  • respect de l’outil de travail, des locaux ;
  • accès interdit aux ateliers pour les personnes qui n’y travaillent pas ;
  • respect de la liberté de faire grève ou non et rejet de toute violence. Expliquer, convaincre.

Le patronat ne négocie pas localement mais dans certaines usines le dialogue demeure pour préserver l’avenir. Les patrons disent s’en remettre à la loi et le gouvernement cherche à gagner du temps. Cette stratégie renforce les raisons du rapport de forces contre un blocage, un manque de respect.

Arrivent sur nos écrans les images de l’incendie de quelques voitures qui se multiplient dans les 24 heures.

« À qui a profité cette manipulation ? ».

En tout cas, nous, militants, comprenons que la reprise du travail se fera sans délai et qu’il faut la gérer dans l’action collective intersyndicale. Les salariés refusent cette évolution du conflit. Les accords de Grenelle nous servent à sauver notre crédit syndical ouvrier.

Les CRS restent dans nos mémoires, avec de multiples rappels, qu’ils servent à s’opposer aux actions de promotion  du monde ouvrier, de la défense de l’emploi. C’est le choix des gouvernements, pas celui des policiers. Si, pour les travailleurs en lutte, la police perd sa dimension républicaine pour devenir un outil d'opposition aux revendications, certains policiers regrettent en effet leur utilisation par le pouvoir pour la défense d'une société égoïste, fermée à la négociation. Ceux qui rendent la police impopulaire desservent la démocratie.

Enfin 1968 nous apprend en quelques semaines l’importance de l’engagement politique.

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