À Paris, les étudiants manifestent violemment dans les rues. Les grèves s'étendent rapidement dans de nombreuses entreprises. Paralysie des transports en commun, blocage des raffineries d’essence, etc.
Délégué syndical d’entreprise (et président du syndicat CFDT des Banques de la région parisienne), je participe à l'occupation de la Banque de l’union parisienne (BUP) où je couche durant plusieurs jours. Marie-Thérèse, mon épouse, déléguée syndicale d’établissement au Crédit du Nord à Paris, vient passer aussi une nuit à la BUP (alors qu'elle est enceinte de notre fils).
Nous sommes approvisionnés grâce aux réserves du restaurant d’entreprise mais le couchage est inconfortable.
Des fenêtres de la banque, nous assistons à des bagarres en pleine nuit, boulevard Haussmann, entre des manifestants et les CRS, arrivés dans un imposant convoi de cars, et nous apercevons des lueurs dans le ciel qui semble être un début d’incendie à la Bourse.
Nous ne laissons entrer dans la banque que certains hauts cadres vraiment indispensables au « maintien de l'outil de travail » et dont nous avons dressé la liste en accord avec la direction générale.
Nous surveillons étroitement les accès à la banque car des groupes d’extrême droite rodent aux abords de l’établissement.
Après l’appel du général de Gaulle à la télévision, qui annonce la dissolution de l'Assemblée nationale et l’organisation de nouvelles élections législatives, la manifestation monstre sur les Champs-Élysées pour soutenir le gouvernement renverse la situation.
Les pompes à essence sont réapprovisionnées et les voitures roulent à nouveau.
Les « négociations de Grenelle » aboutissent à une forte augmentation du Smig (vite annulée par la hausse des prix), à la reconnaissance de la section syndicale au sein des entreprises et des délégués syndicaux.
La reprise du travail est décidée.