En mai 1968, j’étais salarié de la chambre d’agriculture de la Loire-Atlantique et je travaillais à la maison familiale rurale de Riaillé comme moniteur agricole. Cette maison familiale fonctionne toujours et se trouve à 40 km de Nantes.
Adhérent à la CFDT, j’ai fait grève et je venais tous les jours à Nantes pour garder une station d’essence située en bas de Chantenay, rue du Maréchal-Juin, Aujourd’hui, la station n’existe plus.
La distribution du carburant était restreinte, la priorité étant pour les ambulances et véhicules de santé. Pendant cette période, la préfecture délivrait un bon pour le carburant et les éventuels clients nous le présentaient.
L’établissement agricole comptait quatre salariés et j’étais donc le seul à faire grève. Mais au bout d’une semaine, le directeur a cru bon de fermer l’établissement et les jeunes sont rentrés dans leur famille.
Belle surprise au bout d’une quinzaine de jours, j’ai vu, dans les rangs des grévistes, mon directeur !
Comme le carburant était rationné, les automobilistes étaient peu nombreux et parfois il y avait des réflexions des voisins et certains de nos amis qui disaient : « Eux, les syndicalistes, ils trouvent bien du jus ! »
Après le conflit j’ai entendu une réflexion de certains parents d’élèves : « Il faut se tenir à droite plus que jamais. » À gauche on fait grève !