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Billet de blog 10 octobre 2021

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La folie des grandeurs et la grandeur de la chute !

Des "modèles", des "exemples" de chutes, mais jamais les élus n'en tirent de leçon : le précipice est devant nous, faisons un pas en avant ! Encore au sujet du Tolerme !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’élu, ce « décideur » politique absolument dans le déni de l’urgence climatique déjà là, ne jure que par « l’attractivité » des territoires, c’est sa boussole, son mantra.

C’est la mode, c’est dans tous les discours politiques, c’est la base de toutes les décisions : attirer la manne « touristique », seule et unique manne potentiellement capable de « revitaliser » nos petits coins ruraux encore épargnés par la bétonisation, l’artificialisation des sols, le tourisme de masse.

A ces arguments factuels qui disent la folie de la « folie des grandeurs », l’élu reste de marbre, ne jure que par « l’attractivité », et tant pis pour le prix à payer. Nous savons, factuellement, le coût immense du tourisme de masse sur la bio-diversité, sur nos santés, sur la fait que la nature est et sera notre dernier refuge en cas de canicules à répétitions (qui vont se produire), de sécheresses et d’autres calamités, telles celles déjà hélas à l’œuvre depuis quelques années partout sur la planète, calamités dont la fréquence est en très forte augmentation.

Je n’ose formuler l’hypothèse selon laquelle notre (pour l’instant) havre de luxe rural encore épargné par les calamités climatiques soit à l’origine de la « folie des grandeurs », car nous serions encore justement épargnés, et tant pis pour les autres ! Selon l’image déjà un peu ancienne des battements d’ailes des papillons : nous battons des ailes, et ailleurs, ils subissent les calamités.

Mais voyons un autre projet, classé lui aussi dans la « folie des grandeurs », et surtout son coût pour la collectivité, donc les impôts :

C’est celui de Cap’ Découverte, ce super centre de loisirs et de culture voulu par un décideur politique, sur le site de la Découverte, au Garric près de Carmaux.

Le site minier a fermé en 1997.

Les élus, alors, soucieux de l’attractivité, ont décidé d’en faire un site de loisirs pharaonique. Démesuré, gigantesque !

L'investissement se monte à 66 millions d'euros. Les prévisions initiales de fréquentation portaient sur 660 000 entrées payantes, pour induire la création de 250 emplois directs et 1 000 emplois indirects.

Or, à part l’investissement, les objectifs de fréquentation et d’emplois n’ont jamais été atteints, jamais !

Selon les années, cela oscillait entre 20 000 et 65 000 personnes, c’est dire l’échec des prévisionnistes, qui s’en remettaient à la crise des années 2008, à la météo… pour excuser les très grandes difficultés de gestion, dues à ces fréquentations dix fois moins importantes (les meilleurs années) aux prévisions démesurées à l’image de ce projet démesuré !

Les 1000 emplois promis sont devenus 180, et encore, des emplois saisonniers donc précaires.

Les coûts pour les collectivités ont eux aussi été démesurés, comme prévus, mais inlassablement niés par les décideurs politiques ivres de leur « folie des grandeurs » !

Le 12 février 2013, la Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées présente un nouveau rapport soulignant « un lourd déficit chronique ».

Bref, la chronique de ce désastre annoncé pourrait encore faire l’objet de nombreux examens critiques factuels, mais ce n’est pas nécessaire. Ajoutons seulement que ce projet a été financé à 80 % par les collectivités ! Bonjour les augmentations des impôts, pour combler le déficit à l’image du cratère immense de la Découverte !

Aujourd’hui, tentant de rendre ce site pérenne et surtout d’en terminer avec le déficit structurel, le site est d’accès gratuit, géré par un syndicat mixte, espérant retrouver une fréquentation rentable, ce qui est encore loin d’être atteint…

Comment créer un monstre (piège à touristes qui se laissent désirer !) puis sans cesse courir derrière sa rentabilité absolument pas garantie.

Aujourd’hui, en plus de l’urgence climatique, il y a des problèmes liés à la pandémie, pas encore définitivement éradiquée, sans même aborder le sujet des pandémies à venir et des dérèglements climatiques eux aussi, hélas, à venir ! De quoi laisser la manne touristique un peu hésitante, non ?

Aujourd’hui, chez nous, au Tolerme, les mêmes (élus pris de « folie des grandeurs ») nous promettent monts et merveilles, une fréquentation du site absolument magique, des emplois eux aussi également magiques, de la poudre de perlimpinpin et du bonheur tarifé. Avec les mêmes éléments de langage et de séduction, voire de fascination, utilisés par tous les élus dont on peut se demander s’ils n’éprouvent pas l’ivresse de « la folie des grandeurs ».

Aux assurances de la viabilité de ce projet démesuré pour lequel l’opérateur privé annonce (très fier à bras) d’investir 14 millions d’euros, les mêmes que leurs acolytes pour le site de la Découverte, les mêmes que pour le projet dément de la Cité du Luxe à Souillac (destiné au riches touristes chinois !)…. et la liste n’est absolument pas exhaustive, nous sommes absolument en droit d’exiger de savoir quelle sera la participation des collectivités (car elles vont participer) et d’exiger de connaître les conditions financières et économiques que devront subir les riverains, les habitants, les citoyens en cas de non-rentabilité du site (ce qui semble quand même parfaitement possible) et de départ de l’opérateur privé de la gestion du site.

En bref, au vu d’expériences hasardeuses de création de monstres pour touristes très volatils, nous nous demandons sincèrement si les décideurs politiques mesurent la portée de leurs décisions, à sans cesse courir derrière une manne touristique qui sera de plus en plus volatile ?

Pourquoi n’apprenons-nous pas des échecs des autres ?

A Souillac, le projet a été abandonné, mais il reste une facture de 4 millions d’euros, que les collectivités (les impôts, donc) vont se faire « une joie » de régler, et hop !A Carmaux, pendant des dizaines et des dizaines d’années, le site de la Découverte va rester un gouffre financier pour la collectivité, épuisant les volontés à courir derrière une hypothétique rentabilité bien illusoire.

Les chiffres et montants cités proviennent de Wikipédia et de 2 articles du quotidien régional, la Dépêche du Midi :

- Blaye-les-Mines. Cap'Découverte résiste malgré la crise et la météo

- Cap' Découverte : la mauvaise mine

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