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Billet de blog 10 novembre 2020

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Je l'aime bien, Marlène (#87)

Schiappa, son nom est Schiappa ! Il est question de protection et autres concepts flous...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Déclaration faite à l'Assemblée Nationale, extrait :

"La France s’est aussi enrichie de vagues successives de personnes immigrées qui ont apporté énormément à la culture française et aussi la vie politique française. De Marie Curie à Nicolas Sarkozy, de Zinédine Zidane à Gambetta, d’Omar Sy à Yannick Noah".

Ce sont des propos tenues par une personne importante, une ministre. A l’Assemblée nationale, ce qui montre l’importance de cette déclaration, son aspect un peu solennel. Tant d’orateurs illustres s’y sont exprimés, tant de lois importantes, essentielles y ont été débattues, tant d’avancées importantes y sont nées.

Mais : ignorance des lieux de naissance des gens que cite madame Marlène Sciappa. Ignorance de leur nationalité française. Erreur (?) de les renvoyer à des origines étrangères, selon des critères mystérieux. Une déclaration qui vaut déchéance de nationalité, comme ça, en passant.

Selon quels critères ? L'apparence ? Le faciès ? Le patronyme ? La couleur de la peau ? Des préjugés ? Seulement l'ignorance, qui concentre toutes les propositions précédentes ? Nul ne le sait !

Bon, pas de procès d'intention, la déclaration est explicite, elle ne nécessite aucune explication de texte.

Déclaration quand même qui signifie très explicitement que même français, nés en France, une ministre peut vous renvoyer dans les cordes exactement comme le font ceux qui ajoutent "de 3e génération" après français, au sujet de gens qui ne seraient donc pas complètement français. Ceux pour qui, un français, un vrai, ne peut être que blanc de descendance blanche (oui, il y a des exceptions, mais infimes), car jamais on ne renvoie des blancs à des origines autres que françaises si nés en France, pas comme ces « immigrés » éternels, même français.

Sarkozy, immigré, pas français, mais président ! What the hell ! Risible ? Pas tant que cela.

Madame Marlène Schiappa ne prend même pas cette précaution hypocrite d'un rang en matière de nationalité renvoyant à une autre origine, non, elle y va franchement. Il y a des français qui sont et restent des immigrés. Circulez. Et montrez-moi vos papiers. Coupez le moteur et descendez du véhicule. Il est à vous, ce véhicule, où l'avez-vous volé ?

Autre déclaration, au sujet du "boxeur gitan".

Oui, "gitan", je me demande bien ce que "gitan" fait là ? C'est Macron. Oui, le toujours aussi Méprisant Macron. Celui des « gens qui ne sont rien » et autres déclarations du même acabit. J’aime bien ce mot, acabit. Il n’a pas de sens, il doit être qualifié. Quand j’écris « du même acabit » que « les gens qui ne sont rien », vous saisissez tout de suite que « acabit » est négativement chargé. Il est possible de trouver des déclaration du Méprisant Macron de bon acabit, certainement, mais là, je n’ai pas l’envie de chercher.

Revenons au propos, sur le « boxeur gitan ».

Pour Macron (le Méprisant), non seulement c'est un "boxeur gitan", "gitan" pour le renvoyer à une communauté voleuses de poules et de trafics en tout genres, selon les clichés habituels, mais cela n'est pas assez, il dit clairement qu'il est trop lettré, qu'il possède trop de vocabulaire, qu'il s'exprime trop bien, pour un "boxeur gitan", car c'est bien connu, un "boxeur gitan" doit s'exprimer d'une manière gitane, c'est-à-dire… pauvre. Les mots des gitans, chez Macron, c’est des mots de peu, presque des sans-mots. Il y avait les « sans dents » de ce faussaire de gauche dont l’ennemi est la finance, il y a les « sans mots » pour cet évangéliste télévisuel des « marchés »...Et comme il est "gitan", donc inculte, c'est forcément qu'il a été "manipulé". Voilà ! C’est bouclé, c’est hermétique, CQFD.

Gitan = inculte = sans-mots = manipulé.

Souvenons-nous des mots de Macron, qui lui, possède les mots. Et quels mots !

"Le boxeur, la vidéo qu'il fait avant de se rendre, il a été briefé par un avocat d'extrême gauche. Ça se voit ! Le type, il n'a pas les mots d'un gitan. Il n'a pas les mots d'un boxeur gitan".

Oui, le Méprisant Marcon est capable de telles saillies intellectuelles ! Un « gitan », c’est un « sans-mots ».

Mais que viens faire Marlène Schiappa dans cette histoire de "boxeur gitan" qui s'exprime avec des mots pas "gitans" selon notre oracle évangéliste télévisuel du « marché » ?

Marlène Schiappa a dit :

"On a là quelqu'un qui a commis des faits très graves, qui a frappé un policier dans l'exercice de ses fonctions, qui était en train de maintenir l'ordre public, c'est gravissime".

Ce qui est une déclaration mensongère. Marlène Schiappa n’a pas besoin d’avocats d’extrême-gauche pour produire du discours mensonger, elle est excellent !

Christophe Dettinger a boxé des boucliers. Des boucliers tenus par des policiers. Par des policiers. A mains nues. La nuance est importante. Des boucliers.

Et les policiers dont il a boxé les boucliers, juste avant qu'il n'intervienne, étaient en train de tabasser une femme à terre. Femme pour laquelle Marlène Schiappa n'a pas de mots, elle s'en fiche.

Et c'est la raison pour laquelle Marlène Schiappa a participé au blocage de la cagnotte créée en soutien à Christophe Dettinger.

Selon Marlène Schiappa, défendre une femme à terre tabassée par des robocops surarmés, c'est mal. Taper des boucliers pour défendre cette femme à terre, pour faire reculer des robocops, c'est mal. Donc, tabasser une femme à terre, pour des policiers surarmés et surprotégés, en nombre, c'est bien.

Je passe sur son silence assourdissant suite aux tabassages de femmes, le 8 mars dernier, par les forces de polices tellement instruites et respectueuses des femmes.

Maintenant qu'elle officie aux côtés de Darmanin, dont le respect pour les femmes se traduit pas l'équation (selon ses déclarations) "un appart, c'est 2 pipes" (oui, je sais, il ne l'a pas formulé ainsi, mais je peux prendre un peu de liberté et user de caricatures soft, non ?), elle va pouvoir soigner son image à coups de déclarations authentiques, comme celle sur l'attitude d'un citoyen qui vient aider une femme au sol tabassée par des policiers, attitude décrite comme "gravissime".

Marlène, si tu passes par ici, pourras-tu expliquer les raisons de cette assignation éternelle à une identité autre que celle issue du lieu de naissance ? Y-a-t-il des gens condamnés à rester apatrides ou exclus de la nationalité française, nationalité qu'ils ont légalement car nés en France ? Et c'est quoi, "gravissime" ?

Ah, et il y a aussi un autre truc, que je n'arrive pas à bien cerner, c'est cette histoire de "contre-discours républicain", dont tu as parlé il y a peu. Tu dis vouloir te tenir prête (en battle-dress ?) pour, en cas de perquisition, pouvoir produire un contre-discours pour défendre nos "valeurs".

Je passe sur la définition de nos "valeurs".

Exemple : je trouve que Christophe Dettinger défend nos "valeurs", quand il se porte au secours d'une femme au sol, tabassée par des robocops. Toi, tu trouves son attitude "gravissime", comme quoi, se prévaloir de la défense de nos "valeurs ", comme tu la fais avec beaucoup de ferveur, est loin d'être acquis, car la définition même de ces "valeurs" prête à confusion.

Mais n'ergotons pas. Je te laisse le point "gravissime", pour décrire le comportement d'un citoyen qui ne tourne pas la tête ailleurs, quand des hommes en nombre, surarmés et surprotégés par des tenues de protection très efficaces, tabassent une femme à terre.

Soit. Admettons...

Et laissons de côté les dites "valeurs". Car je sens l'embrouille et la confusion.

Donc, défendre nos valeurs en produisant un contre-discours en cas de perquisitions, dis-tu (zut, je viens de passer au tutoiement…), en s'inspirant de l'Angleterre, dis-tu.

Pourquoi pas ? L’Angleterre, même encore en phase de Brexit, reste un pays civilisé, non ? Certes, avec beaucoup moins de protection sociale qu’en France, mais je compte sur ce gouvernement pour finir par tout égaliser, vers le bas, comme c’est sa mission et sa responsabilité...

Mais alors, en Angleterre, les caissières dans les magasins peuvent porter le voile, cela ne gène personne. Tout le monde leur fiche la paix. Personne ne les condamne, ni ne les harcèle.

Il n'y a pas de police des "vêtements", comme chez nous, pour dire quelle est la bonne longueur de jupes dans les lycées et les collèges, et autres bêtises… Pas de police des plages, qui un coup oblige à se déshabiller, un coup à s’habiller.

Pour être un peu caricatural, mais pas trop, car en caricature, il y a les bonnes, les officielles, les reconnues, les approuvées (y compris par Darmanin)  et les... autres : dans des pays non-démocratiques, il y a aussi une police des vêtements. Des pays parfois avec lesquels la France (!!!) commerce en armes, commerce beaucoup. Des pays qui, entres autres, exportent en le finançant très bien, le terrorisme.

Mais ce  n'est pas le sujet...

Est-ce là ta source d’inspiration anglaise : foutre la paix aux femmes ? Ce serait une excellente nouvelle, cela apportera un peu d'air, de respiration. L'étape suivent est bien de la faire fermer à tous ces gens, très majoritairement des mâles, qui veulent imposer des tenues au femmes... et celle-ci sera compliquée, mais tu es pugnace, non ? Je laisse volontairement de côté les mecs qui échangent des faveurs sexuelles contre un service, je parle bien des mecs en position d'autorité...

Mais je m'égare en digressions, pardon.

Pour finir (ouf!), j'adore ta déclaration, sur ce projet de loi en « débat » (oui, je sais, c’est vite dit « débat »!), afin de "protéger ceux qui nous protègent", c'est-à-dire les policiers.

Oui, j'adore. Orwell aussi.

Les policiers, en tabassant cette femme au sol, étaient là pour la "protéger". Et c'est donc ainsi que Christophe Dettinger, en boxant les boucliers des policiers qui tabassaient une femme au sol, a été "gravissime". Selon toi.

Il a interrompu une opération de protection.

Depuis le temps qu'un peu partout il est question de "novlangue" et autres traductions de ces usages destructeurs de la langue et des mots, mélange de Kafka et d'Ubu, teinté de post-vérité et de technique de tortures, vous voilà, vous, toi, Marlène, en flagrant délit d'usage de cette langue qui défie l'intelligence.

"Il faut protéger ceux qui nous protègent." dis-tu, de cette formule absolument géniale, déjà reprise en boucle dans les médias, par tous les perroquets adeptes de la protection des protecteurs. Les dits-perroquets officient tous les jours, tout le temps, partout dans les écrans, massivement.

Si, par hasard, des images, des vidéos, montrent le degré et le niveau de cette protection, son intensité et les moyens mis en œuvre pour assurer cette protection, c'est certainement par respect pour la dite-protection, par pudeur, par reconnaissance envers les protecteurs (qui doivent donc être protégés), car les protecteurs de cette femme à terre qui usent de leurs moyens de protection à son égard (pour ne prendre que cet exemple parmi des dizaines de milliers d'autres) sont des gens très pudiques.

Ils fuient les médias, les images, la gloire et les honneurs... encore qu'au sujet des honneurs, il y en a, parmi les protecteurs, qui en ont reçu, mais c'est une autre histoire.

Dans tous les systèmes politiques qui se disent démocrates (mais qui sont loin de l'être), il est question d’abord et avant tout des contre-pouvoirs, qui empêchent les dérives des pouvoirs. Les pouvoirs sont irrémédiablement tentés par le pouvoir sans les contre-pouvoirs, quel que soit le système et le régime politique.

Les pouvoirs agissent sans cesse pour réduire, voire détruire les contre-pouvoirs. Y compris ceux qui se disent "démocratiques" dont on voit bien que les politiques menées ne servent qu'une catégorie très minoritaire de la population. La plus riche, celle qui possède déjà le pouvoir.

Nous n'en sommes pas encore là, pas totalement, à la phase de destruction des contre-pouvoirs.

Pas encore. Nous n'en sommes qu'à la phase de réduction.

Mais il ne manque pas grand chose... encore deux ou trois lois comme celle qui doit "assurer la protection de ceux qui nous mutilent protègent"... et le fruit sera pourri de l'intérieur, même si son apparence est conservée. Dans les années 1930, l'apparence n'avait pas d'importance.

Aujourd'hui, si.

N'avons-nous pas profusion de médias ? N'avons-nous pas des universités ? N'avons-nous pas une opposition  à l'Assemblée Nationale ? Ne sommes-nous pas libres de nous exprimer ?...

Encore quelques efforts, Marlène... Mes amitiés à ton chef, monsieur Darmanin. Le si respectueux et respectable monsieur Darmanin.

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