Les faits
Cette tuerie, une des plus meurtrières de l’histoire des Etats-Unis, rappelle évidemment celle de Columbine, qui avait fait l’objet d’un film par Michael Moore en 2002, très suivi à l’international. Le premier du genre, il avait permis de mettre en lumière les mécanismes psychologiques et les problèmes liés à la vente légale d’armes pour les plus jeunes aux États-Unis.

Le procès et les débats
Alors que la presse américaine avait commencé un « coverage » très intense des circonstances de ce massacre, une autre série de meurtres dans l'école de Robb Elementary au Texas (Uvalde) avait rapidement attiré les projecteurs et contribué à faire retomber dans un premier temps la pression qui pesait sur le meurtrier. Puis, lors du procès qui s’est tenu durant les mois d’août, septembre et octobre 2022, de nombreux articles ont commencé à présenter le jeune Nikolas Cruz comme un néo-nazi, un menteur capable de faire croire aux experts qu’il souffrait de problèmes mentaux.
Fox News titrait : « Le tueur de Parkland est un sociopathe et un sympathisant nazi d’après les experts »
Yahoo News reprenait mot pour mot le même titre : « Le tueur de Parkland est un sociopathe et un sympathisant nazi d’après les experts »
Independant (Royaume-Uni) titrait : « Nikolas Cruz a eu une enfance difficile mais cela a-t-il vraiment été pris en compte lors de son procès ? »
CNN titrait : « D’après les témoignages, Le tueur de Parkland a passé des semaines à poster des messages de haine sur les réseaux sociaux et à chercher des infos sur les tueries de masse »
Rapidement, il est apparu qu’il avait effectivement été élevé par une mère cocaïnomane et alcoolique. Sa sœur a témoigné qu’il avait énormément souffert et les avocats de la défense ont rappelé au jury dans leurs conclusions que la question centrale était de juger non pas un homme mais un garçon ayant grandi dans un foyer extrêmement défavorisé.
La juge Elizabeth Scherer n’a pas brillé durant les débats, admonestant les avocats à plusieurs reprises en les accusant de faire traîner la procédure, en dépit de la légalité des requêtes (motions) faites par ces derniers. Elle est souvent apparue tendue, incapable d’assurer sereinement la tenue du procès, adoptant des postures qu’on croyait réservées aux séries télévisées américaines de type MTV.
Analyse du verdict
En permettant au jeune Nikolas Cruz d’éviter la peine de mort, le jury composé de citoyens de l'État de Floride lui a donné une chance de réintégrer un jour notre société. En droit français, c’est évidemment une victoire puisque la peine de mort est interdite depuis le 18 septembre 1981 (par l'Assemblé Nationale, 363 voix contre 117) grâce à la volonté de l'ancien garde des Sceaux, Robert Badinter, qui déclarera d'ailleurs que "peine de mort et justice sont incompatibles".
Edouard d'Espalungue analyse chaque semaine sur Mediapart la politique économique et pénale américaine et fournit aux lecteurs et lectrices francophones des clés de lecture pour décrypter les causes et conséquences des décisions majeures prises par les juges, hommes politiques, chefs d'entreprise et fonctionnaires américains.
