Le lendemain matin, l’autobus San Gregorio / Mapocho les conduisit tout droit au centre ville. Ils descendirent à l’arrêt de la rue Monjitas. Leurs jambes étaient des balançoires qui les déhanchaient, leurs chandails des feux de couleurs qui éblouissaient les promeneurs. Ils arrivèrent à la Plaza de Armas, à côté de la Cathédrale de Santiago. Ils trouvèrent les lieux beaux en ce début de printemps. Au coin de la rue, des retraités sortaient du local de la loterie nationale leurs billets à la main, plein de rêves de femmes aimantes qui leur redonneraient un peu de leur jeunesse. Sur les bancs des cireurs de chaussures, des hommes bien habillés allaient s’asseoir. Pour certains, le cuir ciré et brillant de leurs chaussures ne pouvait masquer les semelles trouées. À ce simple détail, l’origine sociale des gens se dévoilait. C’était là toute l’élégance du peuple oisif : misérable mais propre.
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