La ville, quelle folie !.....quelle école du désastre !
Dans ma rue, la moindre feuille morte est vouée à une haine sans nom.
Tous les matins, la personne qui s'occupe des abords de l'immeuble sort inlassablement son chasse-feuilles et pendant de trop longues minutes le fait crier jusqu'à ce que la moindre roussette disparaisse....
Quand le flot est trop, des armadas de la municipalité se ruent et nettoient des heures durant la chaussée aussi radicalement qu'un bloc opératoire....
Mais de quoi a-t-on peur enfin de la sorte ?
Nulle trace de notre condition, celle de voir notre vie s'envoler un jour, s'arrêter au sol étendue, ne doit à nos yeux apparaître......
Peur de la mort, peur de la mort................Voilà ce qui nous habite !
A nous déshumaniser toujours plus et à terrasser ou chasser la feuille ou l'autre, lui renvoyer ce trépas, cette disparition que tout être vivant sait, comme si cela allait nous en sauver !!
Et quelle haine indicible de la poésie que ce rejet des feuilles mortes.........
Le béton désespérant est tout puissant et dur, impénétrable, comme la bêtise en certains esprits.
