Au cours de son billet promotionnel pour l'ouvrage du journaliste de Médiapart Mathieu Magnaudeix, Edwy Plenel évoque tout naturellement le sujet du livre, le candidat puis président Macron, en écrivant notamment :
"Si les contre-réformes sociales étaient annoncées – le code du travail d’abord, puis les retraites et l’assurance chômage –, il n’était pas écrit que la pratique politique du président Macron fût si résolument à rebours des engagements pris par le candidat Macron – cette « révolution démocratique profonde » qu’il promettait en campagne et dont on retrouve l’écho dans son discours d’investiture, prononcé le 14 mai 2017 à l’Élysée : « Je veillerai à ce que notre pays connaisse un regain de vitalité démocratique. Les citoyens auront voix au chapitre. Ils seront écoutés. » Politiquement, les débuts de la présidence Macron contredisent les principes philosophiques dont prétendait s’inspirer le président élu : elle n’est pas libérale, c’est-à-dire qu’elle n’a pas su se revendiquer d’une vitalité démocratique qui va bien au-delà de la seule pratique institutionnelle."
Au-delà de l'erreur de ce discours qui réside dans le fait que le candidat Macron avait parfaitement annoncé qu'il ne respecterait fondamentalement pas ses engagements démocratiques notamment par ses ordonnances sociales toutes aussi claironnées, l'expression employée par Edwy Plenel pour désignées celles-ci intrigue.
Monsieur Plenel parle en effet de "contre-réformes sociales".
Pour celles et ceux qui initient les ordonnances sur le travail, les membres de l'exécutif, "réforme" ne peut signifier que :
- "modification effectuée dans un but d'amélioration" du capitalisme,
- "changement apporté en vue du rétablissement d'une forme primitive ou ancienne", soit le capitalisme des XIXe début XXe siècles,
- "retour à l'observance de la règle primitive" du capitalisme des XIXe début XXe siècles,
- "correction, changement profond, transformation, par des moyens conformes aux règles existantes", du capitalisme "en vue de le réorganiser, d'améliorer son fonctionnement, ses résultats"
- changement profond réalisé sans violence dans le cadre institutionnel existant.
Dès lors, s'il s'agit de "contre-réformes", plus rien n'est compréhensible........Ni pour la présidence et son gouvernement ni pour le reste de la population qui ne s'y trompe pas.....
Et d'ailleurs, sommes-nous bien dans la cadre de "réformes" lorsqu'on assiste à des répressions policières très violentes ?
Non !
Edwy Plenel entend-il par "réformes" l'ensemble des améliorations sociales que les salarié/es ont acquises depuis des décennies en France ?
Dans ce cas, l'expression "contre-réforme" deviendrait intelligible car elle désignerait la réponse cinglante de la classe dominante.
Mais ces améliorations furent-elles le fruit de réformes ?
Encore une fois, nous l'avons vu, une réforme est "changement profond réalisé sans violence dans le cadre institutionnel existant". Or, on sait que toutes ces conquêtes ne se sont pas réalisées dans la quiétude et que les salarié/es ont entamé des bras de fer parfois très durs, loin des "salons de la République", dans la rue, les usines, les ports, les champs, pour contraindre les oligarchies à céder. Et au lendemain de la seconde guerre mondiale, la présence d'un PCF fort et armé a dû convaincre le pouvoir de ne pas trop s'opposer aux exigences d'équité....
Mais en vérité, monsieur Plenel n'opère-t-il pas ici une analogie avec la "Contre-réforme" catholique des XV-XVIe siècles ?
L'église capitaliste, dont on ne sait que trop qu'elle est tenante de LA première religion de France et d'Occident, initierait un "mouvement de renouvellement intérieur et de restauration....afin de lutter contre les doctrines" socialistes et leurs conséquences décennales.
L'hypothèse est d'autant plus intéressante que dans le cadre de cette période de l'histoire religieuse européenne, "réforme" désigne une séparation entre protestants et catholiques qui s'est faite aussi dans la lutte à mort.
En remerciant le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales.....