Les différents présidents socialistes furent des chefs d'État de transition, mandatés par l'ordo-capitalisme conquérant. Leur rôle : amadouer les populations de plus en plus mécontentes des transformations réalisées par les gouvernances de droite, les trahir rapidement par la suite et procéder à des bascules libérales et autoritaires encore plus radicales.
Si la présidence de Mitterand fut longue, c'est sans doute que le monarque entamait, au sein d'un monde encore fortement marqué par les politiques socialo-capitalistes nécessaires aux difficiles contextes de l'après Seconde Guerre Mondiale, mais aussi imposées par un PC fort et armé, les premières réformes fondamentales en vue d'une France entièrement soumise au capital. Au sein de celles-ci, l'intégration européenne.
Pourquoi Hollande ne s'est-il pas représenté en 2017 ?
On prétend que c'est à cause de son impopularité liée aux lois travail, aux mesures d'extrême-droite, aux conséquences des guerres sur le sol français, les attentats. Ce qui est le cas.
Mais on peut imaginer tout aussi bien qu'Hollande, les ténors du PS et les oligarchies qui dirigent l'Occident et le capitalisme mondialisé, elles regrettant au passage son fiasco commun avec la coalition américaine en Syrie, avaient pour projet tout simplement la destruction du parti socialiste.
Ne se présentant pas, lui président sortant, candidat légitime, et créant une force alternative, En Marche, vers laquelle diriger son électorat, il laissait le marasme à ceux qui allaient participer aux primaires du parti socialiste: un premier ministre toujours éjectable en fin de mandat et d'autres, des personnages de second plan ou insignifiants politiquement, plus ou moins également détestés........Tous étaient destinés à perdre dès le premier tour de la présidentielle........Et cela, tous à Solférino le savaient.
Et pour cause, les plus déçus, désorientés, de l'ère Hollande s'en sont allés vers la France insoumise ou se sont abstenus......Les plus libéraux et autoritaires, vers Macron...
Pour les prévisionnistes et les autres d'ailleurs, il y avait une certitude : la présence de Marine Lepen au second tour.
La qualification de son père en 2002 était juste consécutive aux attentats du 11 septembre 2001 et résultait de plusieurs mois d'une propagande anti-banlieues, anti-musulmans, anti-Islam, de chaque minute, d'une rare violence.
Celle de Marine Lepen le 23 avril 2017 était inéluctable après les différents attentats d'une incroyable ampleur commis entre 2014 et 2016, en sus de diverses agressions présentées comme des attaques musulmanes contre la civilisation occidentale, démocratique, laïque..
A ce stade, seuls Macron et Fillon avaient de véritables chances de se qualifier face à Marine Lepen
Il est vrai que les résultats furent serrés.
Cependant, Mélenchon, qui avait un programme certes socialiste, souffrait de plusieurs maux : l'ampleur de la droitisation de l'électorat PS dans les années 2000-2015, dont le report sur sa liste ne fut pas à la hauteur de ses espérances ; le contexte de guerre et d'attentats qui privilégie toujours les droites ; les nombreux ponts entre lui et Marine Lepen, notamment identitaires, euro-septiques ; certains de ses projets qui firent peur comme son rapprochement trop insistant avec la Russie ou l'alliance avec des puissances et pays d'Amérique latine, trop étrangers à la culture occidentale, voire menaçants comme certains ayant affaire avec l'Alba...
Fillon ne sut faire face à la révélation des affaires de corruption le concernant, balayant ses grands discours de vertu politique et chrétienne, de virginité.........Mais aussi fut auparavant un premier ministre trop effacé face à Sarlozy pour laisser en mémoire un charisme politique présidentiable.......Handicap qu'il ne corrigea pas lors de la campagne électorale.
Enfin, si la France est très xénophobe aujourd'hui, elle n'en n'est pas moins majoritairement capitaliste, voire exclusivement capitaliste, et devant les menaces potentielles que le nationalisme de Marine Lepen peuvent faire peser sur la gouvernance internationale, mondialisée du libéralisme, les électeurs ont désigné Macron. En matière d'hostilité aux étrangers, d'islamophobie, d'autoritarisme, celui ne décevra pas, de toutes façons