Face aux attentats que nous vivons actuellement, l'islamophobie est patente non chez ceux qui dénoncent ces crimes odieux, mais chez les personnes qui n'admettent pas qu'ils sont, quand bien même leurs responsables déclarent tuer au nom d'Allah, des ripostes, des représailles politiques aux conflits néo-coloniaux, néo-impérialistes, que plusieurs États mènent actuellement en Afrique et au Moyen-Orient, faisant d'innombrables morts, en particulier chez les civils. Entreprises purement politico-capitalistes, -économiques, poussées en leur dernière extrémité ou "stade suprême" selon Lénine : la guerre et la destruction de celles et ceux qui sont sur place, qui ont le malheur de s'y trouver, qui revendiquent légitimement terres et richesses.
L'islamophobie est l'évidence lorsqu'il est fait de ces guerres des conflits défensifs contre une soi-disant agression religieuse, culturelle, civilisationnelle, à l'initiative de meutes musulmanes, en quête, dit-on, d'un Islam hégémonique, alors qu'il s'agit d'opérations stratégiques, politiques, économiques et financières, conduites par des forces impérialistes, dans la droite ligne des conquêtes moyen-orientales, initiées au XIXe siècle.
L'islamophobie actuelle est donc, au-delà du racisme ordinaire, la tentative quotidienne, jusqu'à l'usure la plus sèche, à grand renfort de déclarations, de médias, de promotions et explications de lois faussement républicaines et universelles, de dégrader jusqu'à la monstruosité, l'inhumanité, la réputation des gens vivant sur les terres convoitées ou qui en sont originaires. L'objectif : convaincre du bien-fondé des bombardements et de leurs cortèges d'assassinats, de l'illégitimité des revendications des autochtones du droit à la vie, à la terre, ainsi que du rejet tout être qui s'y rapporte, ici et là, par sa subjectivité, son apparence.....
En conséquence de quoi, l'abord des personnes visées, femmes et hommes, vieux et jeunes, ne consiste plus, depuis plus de vingt ans désormais, qu'en stigmatisations féroces, déformations par omission, exagération, invention...... insultes, vidéos sous faux drapeau, agressions "terroristes" organisées par les autorités comme au USA par exemple.....
L'entreprise de dépolitisation est à son comble, gommer les responsabilités de tous dans la situation actuelle du destin commun de l'humanité.
Certains islamophobes ironisent des colonisations passées et de leurs conséquences.
En dépit de plus d'un siècle de guerres coloniales en Orient, en Afrique, avec les mêmes tragédies décennales, il semble curieux, étonnant, à maints mystificateurs que des gens répondent par la violence aux massacres passés et contemporains.
Ce qui en soit est cohérent. Cette interrogation sur les réactions très brutales aux conflits coloniaux n'est pas fortuite : quoi de plus déshumanisant que d'ôter à un être humain, même s'il s'agit d'une subjectivité malheureuse, le réflexe de la violence consécutive à une agression première des plus crues !
Il n'est pas possible de nier que l'histoire des relations occidentalo-africaine, -orientale, a pour conséquences des radicalisations politiques chez nos voisins. Comme ont évolué les moyens de transports, les technologies, les armes dont on dit qu'elles sont parfois livrées directement par nos États à des cellules terroristes ou des inconnus, il est plus facile de conduire des représailles en Europe que par le passé : il est un (tout petit) peu révolu le temps où l'on colonisait au lointain sans conséquence aucune sur son territoire......
Les islamophobes n'aiment pas les étrangers et cautionnent les guerres impérialistes qu'ils souhaitent tranquilles, paisibles. Tous leurs discours sont des armes et concourent en vérité à l’invraisemblable violence dispensée depuis des lustres en notre monde, tant certaines puissances sont assoiffée à jamais des terres et richesses des autres........
De nos jours, les guerres extérieures et les austérités socio-économiques s'apportent mutuellement des solutions.
Les guerres coloniales engendrent inéluctablement des représailles sur le sol européen. Ces derniers ont pour conséquences : l'instauration d'un état d'urgence d'abord exceptionnel, puis reconduit plusieurs fois par le parlement, puis bientôt normalisé dans la loi ; une récupération xénophobe de la situation, les autorités, mais aussi une partie significative de la population falsifiant les motivations des terroristes en guerre religieuse, culturelle, civilisationnelle, alors qu'il s'agit de problématiques politiques, liées au nouvel impérialisme.
L'état d'urgence et la xénophobie viennent en soutien au capitalisme, que ce soit ici ou à l'extérieur :
- la xénophobie, associée au racisme générée par les austérités économiques, crée la division, scinde le groupe des gens qui ont pour destin commun de plier sous le poids de la vie socio-économique et qui souhaitent que les choses changent ; elle vient conforter dans l'opinion publique la nécessité des guerres "capitalistes à mener contre une offensive culturo-religieuse, musulmane".
- les gens, quels qu'ils soient, ont peur de se rassembler en masse sur un long parcours, un temps prolongé.
- interdiction de manifester pour certaines personnes, accroissement inquiétant, parfois mortel, de la violence policière lors des manifestations, procès politiques, incarcérations et condamnations de militants anti-capitalisme,......
Le capitalisme, les attentats et la xénophobie, en sus des traumatismes post-coloniaux, permettent au système de hisser aux scrutins finaux les partis d'extrême droite, chargés de battre les partis socialistes. Face aux organisations revendiquées fascistes, le système se présente de fait comme l'unique alternative salvatrice, démocratique, et est donc reconduit avec les voix de celles et ceux qui pourtant le honnissent.