Tentons d'exprimer la proposition de Raphaël Enthoven autrement.
"Le militaire israélien, tueur de palestinien pour lui prendre sa terre, qui accuse ses détracteurs d'antisémitisme est autant un imposteur que le taliban enfermant ses femmes dans une burqa qui accuse d'islamophobie un/e féministe légitimement scandalisée".
On est bien d'accord, dans un cas comme dans l'autre, le sioniste ou le taliban dénonce l'intention raciste pour faire admettre ses initiatives condamnables....L'un ses entreprises coloniales meurtrières, l'autre son oppression odieuse des femmes.
Mais s'agit-il exactement de contextes similaires, les enjeux sont-ils comparables ?
L'accusation d'antisémitisme si antisionisme, outre le fait qu'elle concerne le fondement effectivement religieux du sionisme, tente, par renvoi historique, de faire admettre la barbarie coloniale au motif que celui qui la perpètre appartient à une communauté victime d'un génocide il y a peu et qu'il en serait, quoi qu'il fasse, sanctifié au yeux de l'Humanité. On demande à cette dernière de laisser faire en toute occurrence celui qui souffre à raison. On neutralise en réalité la critique par l'usage violent et plus que répréhensible d'une mémoire encore incandescente, la renvoyant au nazisme, aux pesanteurs infinies de l'Histoire, au traumatisme de la Shoa.
Certaines puissances internationales, alliées d'Israël, qui l'arment notamment, acquiescent et renchérissent car elles y trouvent leur compte en terme de conquêtes territoriales, économiques. Parmi celles-ci, quelques-unes qui ont à voir dans le génocide des années 1939-1945 parce que leurs autorités d'alors en sont responsables, sont bien heureuses de voir la colère juive, la violence du traumatisme, dérivée sur d'autres populations que sur elles-mêmes.
Dans le cas de la burqa, l'accusation d'islamophobie par le taliban ne se fait pas du tout dans les mêmes conditions. Il ne tente pas de vendre la mort de milliers de gens, mais le fait de cacher ses femmes, de les enfermer dans une prison de toile, en considérant que sa façon de vivre sa foi est stigmatisée, gratuitement attaquée.
Réduire l'antisémitisme à l'antisionisme est d'un enjeu autrement plus grave que l'idée d'assimiler l'islamophobie à la critique de la burqa. Cette dernière oppression, si problématique soit-elle, ne repose pas sur la manipulation abominable d'une mémoire de génocide et n'entend pas tuer par milliers des vies innocentes comme se propose de le faire le sionisme régulièrement.
La mise en regard des deux contextes peut faire songer à la tentative odieuse de confondre une pratique ultra-conservatrice de l'Islam, aussi symptôme des violentes conditions existentielles des hommes et des femmes d’Afghanistan, avec la barbarie meurtrière la plus sèche, dans le cadre déjà décennal d'une stigmatisation qui ne s'en tient pas à évoquer exclusivement les faits d'oppression objectifs (comme la burqa), mais s'acharne aussi à transformer en mal toute abord humain et libéré de cette religion.