Oyez, bonnes gens, le très haut et très gentil Benoît Hamon, ex-ministre du premier gouvernement de la catastrophique présidence de François Hollande, du moins pour la gauche, ex-frondeur, mais plutôt celle des princes que celles des gueux, ex-vainqueur de la primaire du parti socialiste, ex monsieur six pour cent le soir du du 23 avril annonce le 1er juillet avoir décidé de quitter la « vieille maison » pour fonder sa propre boutique. Mais nous rassure-t-il, il reste socialiste, prêt à discuter avec eux, comme avec toutes les autres variétés de militants de gauche, qu’il invite à de nouvelles palabres en septembre en vue de la reprise de la quête du Graal dénommé « rassemblement ».
À participer à cette quête, la France insoumise n’est visiblement pas la bienvenue. Non content de ne revenir pas sur les nombreuses boules puantes jetées en pure perte sur son champion avant le premier tour de la présidentielle, il se permet de lui faire la morale sur la meilleure façon de mener l’opposition au nouveau monarque. Cette opposition devrait être « constructive »lui remontre-t-il - mais cela a-t-il un sens quand le nouveau pouvoir manifeste des intentions aussi radicalement destructrices vis-à-vis de l’état social ? Laisse-t-il également entendre par là qu’il faudra accepter par avance l’étape supplémentaire dans la marche forcée vers le fédéralisme dans la zone euro prévue pour l’année prochaine ?
On s’interroge sur les raisons de cette obstination. Est-il « désorganisé » dans son cerveau politique, lui qui veut obtenir un résultat différent en faisant toujours la même chose ? Attend-il tout simplement son tour, le temps que le poids des ans ronge l’avance prise par Jean-Luc Mélenchon ? Doit-on considérer tout cela avec indulgence et le supposer encore englué dans son passif d’apparatchik solférinien et un papillon magnifique est-il en préparation dans cette chrysalide pas très ragoûtante - à l’instar du parcours de celui qu’il doit considérer au moins inconsciemment comme un usurpateur de la « vraie » gauche ?
C’est un fait positif qu’il existe un courant de gauche modéré, non macroniste donc à sensibilité authentiquement sociale, mais désireux de poursuivre la construction européenne dans son état actuel, ne voyant pas la contradiction entre ces deux positions ou, de manière plus subtile, la considérant comme une ambiguïté constructive de nature à permettre, grâce à son dépassement, la constitution d’une future majorité de gauche organisée autour d’un pivot « réformiste ».
Mais Benoît Hamon, à cause de ses obsessions anti-gauches radicales, de son passif hollandais non complètement expurgé, est-il la bonne personne pour l’incarner ? On en doute de plus en plus.