Ehtugdual (avatar)

Ehtugdual

Abonné·e de Mediapart

58 Billets

0 Édition

Billet de blog 12 mai 2016

Ehtugdual (avatar)

Ehtugdual

Abonné·e de Mediapart

Un 49.3 à vomir

Tandis qu'il laisse des parlementaires irresponsables actionnés par les lobbys réduire à rien le projet de loi sur la biodiversité - et tant pis pour notre santé et les abeilles -, le gouvernement va forcer l'Assemblée nationale à adopter, au moins en première lecture, la loi sur le travail en recourant à l'article 49 alinéa 3 de la Constitution.

Ehtugdual (avatar)

Ehtugdual

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comme il était prévisible, le gouvernement va faire adopter, au moins en  première lecture, la loi sur le travail en recourant à l'article 49 alinéa 3 de la Constitution. Il se réjouit d'avance de pouvoir se prévaloir de son acte d'autorité auprès de ses surveillants dans les organismes internationaux et dans les capitales européennes. Il a réussi à déconsidérer encore un peu plus les frondeurs, aussi fiables dans la défense des intérêts du peuple que leurs éponymes du 17e siècle dans celle des libertés publiques face à l'absolutisme. Une quinzaine des députés membres de ce clan n'a même pas eu le courage de signer une motion de censure "de gauche",  empêchant ainsi sa mise au vote de l'Assemblée. Le reste de la majorité, même un peu plus fissurée, sera même sans nul doute reconnaissante au gouvernement de n'avoir pas eu à voter directement en faveur d'un texte rejeté par une bonne partie de l'opinion surtout à gauche.

Mais, pour tout ceux qui ne vivent pas pas dans la bulle politique, quel écœurement ! Décidément, rien ne marche plus correctement dans cette trop vieille Ve République. Comment un texte fondé sur un diagnostic au mieux incomplet au pire erroné, compliqué, dangereux pour ceux qui vivent de leur travail, (cf. notre billet précédent) rejeté par deux des trois plus grands syndicats de salariés peut il être ainsi retiré de la discussion et ne peut il faire l'objet d'amendements et être voté article par article ?

Les chiens de garde - en l'espèce Jean-Michel Apathie - , nous rétorquent : mais, vous n'y entendez rien, cette privation de débat est logique car nous sommes dans un régime parlementaire "rationalisé". Par cette expression, on veut dire qu'un Premier ministre, désigné par un président, lui même élu pour un mandat de cinq ans par le peuple, ne peut pas être empêché de gouverner et de faire adopter tout texte qu'il juge utile au pays sauf à ce que l'Assemblée lui refuse sa confiance à la majorité de ses membres.

Le général De Gaulle et surtout Michel Debré ont voulu de cette manière mettre un terme à l'impuissance de certains gouvernements des IIIe et IVe République face à des majorités mouvantes. Pour eux, c'était aux électeurs, lors des élections parlementaires, de trancher sur la politique à mener et non pas à quelques députés faiseurs de roi grâce à leur capacité à rassembler par leur entregent des majorités d'un instant en cours de législature.

Toutefois, Mongénéral n'avait pas prévu le cas d'un président de gauche se faisant élire sur un programme de gauche et qui commencerait à appliquer une politique de droite quelques semaines après son arrivée au pouvoir, jetant des doutes très sérieux sur sa sincérité électorale. On peut en déduire que ni François Hollande ni sa majorité n'ont de mandat clair pour détruire le code du travail. Si on pouvait, comme Victor Hugo, faire parler les morts, gageons que Mongénéral nous répondrait qu'un référendum est sans doute nécessaire pour vérifier que les desiderata gouvernementaux, en matière de droit du travail, coïncident avec la volonté populaire.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.