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Billet de blog 16 juin 2015

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Grèce : arrêtons le massacre

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Depuis son élection le 25 janvier 2015, le gouvernement grec cherche à obtenir de ses créanciers et de leurs représentants, les « institutions » - BCE, FMI et Commission européenne -, les souplesses qui lui permettraient d’appliquer au moins en partie le programme pour lequel il a été élu. Il se heurte à l’intransigeance de ses créanciers et à leur volonté que Syriza passe sous le joug austéritaire et entérine notamment des baisses dans les pensions de retraite et une hausse de la fiscalité indirecte.
Pour le moment, Tsipras plie mais ne rompt pas malgré les pressions et les manœuvres parfois déloyales.
La résistance de Syruza peut s’appuyer sur le simple constat que la purge subie jusqu’à présent par la Grèce a été au moins aussi sévère et surtout plus longue que dans d’autres pays de l’Union européenne ayant bénéficié de ce genre d’ « attention » depuis 2008 (Irlande, Espagne, pays baltes).
Si on examine par exemple les statistiques de produit intérieur brut par tête et en parité de pouvoir d’achat publiées par le FMI dans son « World Economic Outlook » d'avril 2015, on voit que la baisse du niveau de vie entre le point le plus haut et le point le plus bas est la plus forte pour l’Irlande (-32,8%), devant la Grèce (-19,3%), l’Estonie (-16,6%) et l’Espagne (« seulement », - 3,6%). Toutefois, l’Estonie a récupéré son niveau d’avant crise dès 2012, l’Espagne et l’Irlande en 2014 tandis que la Grèce devrait attendre 2020, si les prévisions du FMI sont justes….

Cette récession prolongée a frappé un pays où la pauvreté est plus répandue que dans les autres pays de l’union européenne, d’après les statistiques d’Eurostat (cf. http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/File:At-risk-of-poverty_rate_after_social_transfers,_2010%E2%80%9312_%28%25%29_YB14_II.png). L’austérité a conduit à une aggravation de ces problèmes de telle sorte que la Grèce affiche le taux de pauvreté (c’est à dire la part de la population dont les revenus représentent moins de 60 % du salaire médian du pays) le plus élevé de l’union Européenne. En 2012, le taux s’élève à 23,1%, en hausse de 3 points par rapport à 2010, pour une moyenne européenne de 17,0%.


D’après l’économiste Théodore Mitrakos (http://www.bankofgreece.gr/BogEkdoseis/Paper2014174.pdf page 10), les seules restrictions imposées à la population entre 2010 et 2011 ont suffi à accroître le taux de pauvreté, à définition constante, de 43,1% et à effacer tous les gains réalisés depuis 2005. Il note que diverses comparaisons internationales, notamment de l’OCDE, montrent que les inégalités sont également davantage creusées en Grèce que dans les autres pays développés. Les transferts sociaux compensent moins qu’ailleurs les inégalités car, comme dans les autres pays d’Europe du sud, les prestations sociales autres que les retraites sont réduites (29% des chômeurs enregistrés étaient indemnisés début 2012 contre 48 % en France en 2014). Tsipras est donc fondé à refuser la réduction de ces dernières qui sont l’ultime filet de sécurité social.
Les institutions internationales et l’Union européenne doivent admettre que l’on ne peut rien demander de plus à la masse de la population grecque. Au surplus, il est probable que leur médication de cheval a grandement affaibli l’économie, qui, comme le note le FMI (http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2014/cr14151.pdf page5 et suivantes) ne « profite » pas de la dévaluation implicite liée à la compression des coûts salariaux. Comment une société condamnée à la déflation et au malthusianisme pendant au moins 50 ans pour dégager des soldes budgétaires positifs énormes (plusieurs points de PIB en régime de croisière) pourrait elle investir et créer des emplois ?
Arrêtons donc le massacre des innocents et exigeons que l’UE s’attache à réduire enfin la dette grecque à un niveau qui permette de l’amortir à des conditions raisonnables pour la population et l’économie grecque.
La restructuration de 2012 avait été calibrée pour châtier un peu les institutions financières qui avaient eu l’imprudence d’acheter les titres publics que les gouvernants grecs clientélistes n’ont cessé d’émettre depuis l’entrée de la Grèce dans l’UE en 1981 puis dans la zone euro en 2002 tout en concentrant le solde des financements dans les mains publiques. Il s’agit maintenant de faire rendre gorge aux profiteurs de cet endettement, voire de mettre les ressources diplomatiques et fiscales des Etats membres à la disposition de l’Etat grec pour qu’il recouvre les fonds dus par ses nationaux fraudeurs et évadés fiscaux.
C’est pourquoi, je manifesterai le 20 juin prochain à Paris pour la Grèce.
Cf appel à manifester https://www.lepartidegauche.fr/system/documents/tractmanifgrece20juin.pdf

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