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Billet de blog 26 avril 2017

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Décision d’un insoumis #SansMoiLe7Mai

Ci-après l’ensemble des faits et considérations qui me conduiront à voter blanc le 7 mai prochain, présentés sous forme de jugement pour la clarté de l’exposé.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Vu la nuisance maintenant ancienne causée par le Front national, son programme haineux et xénophobe 

Vu la personnalité de sa responsable et des autres membres de son clan engagés en politique,

Vu ses déclarations tendant à la réhabilitation de la colonisation et d’autres pages noires de l’histoire de France dont une partie de ma famille, comme celle de beaucoup de français, a directement souffert,

Vu les poursuites judiciaires en cours contre le Front national et ses créatures dans le cadre de la découverte d’un vaste détournement de fonds publics européens visant à assurer le financement de la nébuleuse frontiste,

Vu les déclarations d’Emmanuel Macron sur les ouvrières illettrées le 17 septembre 2014 et autres tendant à imputer le problème du chômage aux salariés via leur non-qualification, 

Vu la phrase suivante que le susdit a prononcé lors d’un entretien avec le magazine l’1 en juillet 2015 selon laquelle « Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. »

Vu sa visite au grotesque parc d’attractions chouan au Puy du Fou (le bien-nommé) et à son créateur Philippe de Villiers, fieffé réactionnaire, le 19 août 2016,

Vu son discours - en anglais -  à Berlin le 17 janvier 2017 et notamment le passage suivant : « We are blocked by the lack of trust between France and Germany, we are blocked by the moral hazard obsession, and the fact that today, we just have a sort of responsibility approach, we ask for structural reforms and fiscal consolidation, without any solidarity. And we didn’t manage post crisis to deal with that. My view is as follow: first, here is a French responsibility to fix the situation. We have to restore trust with Germany by implementing reforms. That’s why in my program, I do endorse a series of reforms on labour market, on education. What we called in Brussels “structural reforms”. I don’t like this word because it’s not really telling for people. But strong reforms in order to realign our economy on the German, success and deliver, precisely, in terms of reform and credibility. »

Vu ses propositions de régression sociale généralisée induite notamment par la généralisation de la retraite par point sans garantie sur les montants liquidés, l’étatisation de l’assurance chômage, la parcellisation du droit du travail au niveau de négociation le plus défavorable aux salariés, la destruction des statuts de la fonction publique et la suppression de 150 000 postes de fonctionnaire,

Vu sa volonté, pour assurer l’exécution de son programme, de réduire les attributions du Parlement dans l’élaboration des lois, au profit de l’exécutif, grâce au recours systématique aux ordonnances, à la procédure d’urgence, etc.,

Vu l’atlantisme et le fédéralisme européen revendiqué d’Emmanuel Macron,

Vu l’incapacité dont il a fait preuve durant la campagne à exprimer des orientations un tant soit peu approfondies dans les domaines où ses métiers antérieurs de banquier d’affaire etde régulateur ne lui sont d’aucune utilité,

Entendu son effroyable sabir franglicisant,

Vu les résultats du scrutin du 21 avril 2017,

Vu les derniers sondages disponibles sur les reports des suffrages des candidats éliminés au premier tour et notamment http://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/04/25/35003-20170425ARTFIG00265-macron-le-pen-ou-abstention-le-choix-des-electeurs-des-candidats-battus-au-premier-tour.php,

Vu la déclaration suivante d’Emmanuel Macron sur France 2 le 24 avril : « J’ai un programme et un projet qui est clair, mais qui est construit depuis le début de manière claire. Maintenant, je veux l’expliquer, convaincre, passer du temps et apaiser. La mission qui est la mienne, c’est de rassembler. Mais je ne vais pas changer le projet qui est le mien. Il est sorti en tête de ce premier tour. »

Vu mon vote du 5 mai 2002 en faveur de Jacques Chirac, le bien unique qui en est sorti (la non-participation à la guerre en Irak) et le mal subséquent, atténué par l’inertie du président élu,

Vu les arguments des camarades de gauche qui ont décidé de voter pour Emmanuel Macron, sans jouer aux directeurs de conscience

Indifférent au bruit créé dans les médias ou les réseaux sociaux par les bourreurs de crânes, les débris de la majorité présidentielle précédente ou les sœurs et frères prêcheurs du « Front républicain », depuis que Jean-Luc Mélenchon a annoncé lors de son allocution du 21 avril au soir qu’il ne donnerait pas de consigne de vote aux Insoumis en attendant leur consultation

Considérant l’ambiguïté irréductible du deuxième tour de l’élection présidentielle française depuis 1965, particulièrement mis en lumière en 2002, dont le vainqueur tend à considérer tous les suffrages exprimés comme un appui à son programme y compris quand une partie des votes en sa faveur est en réalité motivée par le rejet des thèses de son adversaire, qu’il n’existe aucun moyen constitutionnel durant le mandat présidentiel permettant de sanctionner directement et personnellement l’auteur d’un tel détournement,

Considérant que Marine Le Pen préconise une régression absolue des droits et libertés, qu’elle veut instaurer une sorte d’apartheid contre tous les Français et étrangers résidant en France qui n’auraient pas leurs quartiers de francité, que ce régime d'exclusion est voué à s’étendre à toutes les divergences intellectuelles, morales, spirituelles et sexuelles par rapport aux normes arbitraires fixées par l’extrême droite, qu’un vote en sa faveur est de ce fait impensable,

Considérant que le rejet des idées de Marine Le Pen ne saurait pour autant entraîner un soutien automatique à celles d’Emmanuel Macron, que ces deux personnalités partagent le même refus de concrétiser le principe d’égalité dans toutes ses dimensions sociales et économiques,

Considérant en particulier que je ne suis d’accord sur rien de ce qu’Emmanuel Macron a proposé au cours de la campagne du premier tour sur ces deux terrains, que je suis notamment totalement opposé au démantèlement des protections des salariés et des fonctionnaires, à la retraite par point généralisée, ou bien à la diminution des effectifs dans le secteur public alors que les besoins en biens collectifs s’accroissent avec la population, que la fonction publique hospitalière est d’ores et déjà asphyxiée,

Considérant que cette régression des droits sociaux frapperait lourdement les catégories les plus vulnérables de la population, dont les travailleurs étrangers, que si ceux-ci ont donc tout à craindre de l’élection de Marine Le Pen, ils auront néanmoins beaucoup à perdre de celle d’Emmanuel Macron,

Considérant qu’Emmanuel Macron a présenté son élection aux partenaires européens de la France et aux marchés comme l’opportunité de mettre la France dans le droit chemin des réformes « structurelles », que son élection par 80 % des votants au deuxième tour comme Jacques Chirac en 2002 serait perçue comme lui donnant une grande liberté d’action et se traduirait donc par de fortes pressions de la part du conseil européen pour revenir rapidement dans les clous du pacte de stabilité en réduisant le déficit public de 3 %  à l’équilibre comme en Allemagne, qu’il est donc vraisemblable que les mesures d’économie effectivement appliquées à partir de 2018 seront beaucoup plus drastiques que celles annoncées par Emmanuel Macron avant son élection,

Considérant dans ces conditions qu’il convient, en attendant de convaincre une majorité de citoyens aux prochaines élections, de limiter sa capacité de nuisance en tentant de le faire élire avec la majorité la plus étroite possible et de le priver de majorité parlementaire,

Considérant que le risque que Marine Le Pen soit élue est pour le moment très faible, au regard des informations disponibles à ce jour, qu’en effet, elle affiche un retard de près de deux points au soir du premier tour, que les candidats LR et le PS se sont reportés sur son concurrent, que cette consigne se justifie par des convergences notables entre leur programme et celui d’Emmanuel Macron, qu’elle devrait donc être majoritairement suivie par les électeurs concernés,

Considérant que, en l’état actuel des sondages, environ 40 % des électeurs de droite voteraient au deuxième tour pour Emmanuel Macron, un tiers en faveur de Marine Le Pen tandis que les électeurs socialistes voteraient à plus de 70 % pour Emmanuel Macron, qu’à ce jour, ces mêmes sondages donnent ce dernier vainqueur avec une marge de 20 points,

Considérant au surplus que si l’écart se réduisait, il reviendrait à Emmanuel Macron de faire de nouvelles propositions de nature à lui rallier les suffrages des insoumis de mon opinion, même s’il fallait pour cela contrarier ses patrons internes et externes, qu’un ralliement automatique de notre camp l’inciterait plutôt à rechercher de nouveaux espaces du côté de l’extrême droite,

Considérant, comme le disait une chanson composée lors de la Révolution française, que  

D’un enfer chimérique

(Un républicain) ne craint point la vaine flamme,

D’un ciel menteur il n’attend point les faux trésors.

Le ciel est dans la paix de l’âme, 

Et l’enfer est dans les remords (1)

Décide, en mon nom propre, sans vouloir ne rien imposer à personne, de voter blanc le 7 mai 2017.

(1) Hymne pour l'inauguration d'un temple à la Liberté, paroles de François de NEUFCHATEAU, musique de Jean-François LESUEUR.

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