Le principal réside dans la nouvelle de l’assassinat, présumée antisémite par le parquet de Paris, de Mireille Knoll. Cette nouvelle manifestation d’une haine des Juifs diffuse, parfois homicide et en tout cas sans pitié pour ses victimes, glace les sangs. L’histoire finalement tragique de Mireille Knoll, échappée de la rafle du Vel d’Hiv, concrétise aussi la honte que l’on éprouve à l’idée que certains de ses parents, d’un âge proche, n’ont pas eu à subir des souffrances aussi atroces alors qu’ils vivaient sur le même sol, à la même époque et sous la coupe du même ennemi nazi ou vichyste. Cette mémoire nous fait devoir de faire respecter en permanence l’exigence absolue de fraternité rappelée aux frontons des bâtiments officiels de la République.
L’accessoire est dans les divagations de Francis Kalifat, ès qualité de président du CRIF, qui prétend refuser toute participation de Jean-Luc Mélenchon et de la France insoumise à la marche prévue de jour à Paris. Ce faisant, il met dans le même sac les racistes du Front National et les anti-racistes du moment qu’ils appartiennent à la gauche radicale car ils sont jugés trop anti-israéliens pour être honnêtes. Mais, Francis Kalifat et son organisation ne sont pas les seuls à se vautrer dans les procès d’intention. C’est même une caractéristique de notre vie publique que d’être encombrée d’imprécateurs, quel que soit le bord politique ou social. Ceux-ci ne se rendent pas compte à quel point ils ressemblent aux inquisiteurs d’autrefois : même paranoïa, même propension à transformer les divergences d’opinion en hérésie, même goût pour l’anathème, si possible blessant. A trop délirer, ils finissent cependant par ne plus être écoutés et ne plus jouer en pratique le rôle de vigie qu’ils revendiquent. On se passera donc du CRIF pour débusquer les vrais antisémites qui souillent la cause palestinienne.