Une tribune d’Elan interculturel pour l’élargissement du sujet politique du féminisme : dans la lutte contre le système patriarcal, l’interculturalité et l’intersectionnalité représentent des outils indispensables.
Nouvelle date historique : le 4 mars a été voté l’inscription de l’IVG dans la Constitution et permet ainsi aux femmes la reconnaissance de leur droit à disposer de leur corps. Une victoire féministe à célébrer, même si l’interruption de grossesse est inscrite uniquement comme une « liberté » et peut donc se voir restreinte par de futures lois, contrairement à un droit constitutionnel. Par ailleurs, nous regrettons la formulation du texte avec l’inscription de « la femme » qui manque l’opportunité de célébrer et valider une diversité de genres qui a aujourd’hui besoin d’être reconnue. Le texte invisibilise les personnes ayant un utérus qui ne sont pas des femmes comme les hommes trans. D’autre part, le texte essentialise et naturalise l’identité des femmes en la réduisant à un utérus et une fonction de reproduction alors que des femmes n’ont pas d’utérus ou ne peuvent pas procréer.
A l’occasion du 8 mars, nous avons pris quelques exemples pour illustrer l’intérêt que porte le gouvernement pour les questions féministes. Fin décembre 2023, le gouvernement a apporté son soutien et son admiration publiquement à un présumé violeur mis en cause par plus d’une dizaine de victimes. Le gouvernement refuse l’introduction de la notion de non consentement pour définir juridiquement le viol à l’échelle européenne. La Ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes s’est lancée dans une chasse aux sorcières, sans succès, à l’encontre des associations féministes, déjà appauvries, dans le but de couper les subventions de l’Etat. De plus, la privatisation des médias contribue à la montée de l’extrême droite en diffusant des discours de haine et de désinformation1.
Nous rappelons au gouvernement que notre féminisme est antiraciste et décolonial. Pour riposter, nous devons compter sur d’autres instances que le gouvernement ou la justice punitive comme les professions de l’éducation, du social et de la santé qui sensibilisent et forment les personnes aux questions sociales comme le genre.
Elan Interculturel lutte contre le patriarcat et d’autres formes d’oppression structurelles et systémiques à travers ses projets européens en partenariat avec d’autres associations dans l’Union européenne. Le projet PODER, en partenariat avec les associations Giolli Cooperativa Sociale, Artemisszio Alapitvany, Ulex Project et Universidade do Porto, met l’accent sur la reconnaissance de nos privilèges et des dynamiques de pouvoir afin de désamorcer des situations de conflit liées à des inégalités structurelles comme le racisme, le sexisme, l’homophobie, la transphobie, le classisme, le validisme et tous les autres types d’oppression.
Le projet Beyond Gender, en partenariat avec les associations ACATHI, Brûlant.e.s, In Touch et La Xixa, cible l’exploration du genre, de la vie relationnelle, sexuelle et affective dans une perspective d’interculturalité. Ces projets ont pour but de former les éducateur.ices et les facilitateur.ices de tous les domaines à travers la pédagogie non formelle, l’éducation populaire et le théâtre de l’opprimé.e d’Augusto Boal. Des ateliers et des formations sont ainsi proposées gratuitement au public. C’est pourquoi nous défendons un féminisme queer qui inclue les personnes sortant des normes de genre et d’orientation sexuelle.
Ainsi, nous souhaitons plus de collaboration interassociations et entre militant.es pour continuer d’organiser la lutte féministe, développer des outils éducatifs et alternatifs, toujours dans une approche interculturelle et intersectionnelle.
Nos luttes s’entrecroisent, alors considérons-les toutes. Vivons la diversité culturelle et refusons toutes les formes d’oppression !
Signature : Elan Interculturel, une association agréée depuis 2008 qui favorise le dialogue entre les cultures et une meilleure compréhension des un.es et des autres tout en approfondissant la connaissance de sa propre identité.
1 Les médias que détient Vincent Bolloré comme CNEWS qui a, par exemple, récemment invité sur son plateau des personnes anti-IVG lors de l’émission « en quête d’esprit » le 25/02/2024 tout en diffusant des données erronées concernant l’avortement : l’IVG est présentée comme un décès contrairement à l’avis scientifique, la loi française et européenne. De plus, ces médias continuent à faire l’apologie du génocide des palestinien.nes et participent à la déshumanisation de ces dernier.es.