Je ne sais pas pourquoi, mais en relisant le recommandé reçu l'autre jour pendant mes congés d'été forcés, juste avant donc de le composter à mon tour (pour le jardin), j'ai eu une sorte d'impression curieuse, fugitive mais persistante donc paradoxale, ce qui forcément ne pouvait que me mettre la puce à l'oreille, mais quoi de plus normal de la part d'un Pou me direz-vous, si royal soit-il...
Cette impression confuse et claire à la fois, a fini rapidement par prendre la forme du souvenir d'une célèbre maxime du Poëte-Ministre de Droite André MALRAUX, qui aurait prophétisé, peu avant la fin du dernier siècle écoulé :
"Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas."
Bien, déjà on voit où se situent mes réflexions du moment, ceux qui ont peur de s'endormir peuvent quitter la passerelle par la porte du fond, ne la claquez pas, merci.
Sans m'épancher d'avantage sur les raisons de cette association d'idée, car vous suivez - de gré ou de force - l'actualité politique gauloise d'une façon ou d'une autre, je fais juste un court aparté pour rappeler ma définition de la Politique, valable à toute époque et en tout point de la carte géographique, et résumé par ces deux grands principes, un peu longs, compliqués et hermétiques je l'admets :
1 - Combien on leur prend ?
2 - Pour en faire quoi ?
Le mot "politique" d'ailleurs, contient dans son étymologie-même cette définition hardie, puisque il est issu - par sa mère - du grec politis, lui-même descendant direct de polis, "la Cité".
Comme à cette époque fondatrice, les États n'étaient encore que des Cités-États (c'est encore le cas aux États-Unis d'ailleurs, étonnant pour un 'Nouveau Monde' comme le leur [sans Mickey Minc ? - ndr]...), la politique se résumait forcément à tenir les listes électorales et fiscales à jour, et à voter le budget municipal tous les ans, mais bon j'arrête.
Revenons je vous prie 4200 ans plus tard, quand Dédé-la-Tremblote nous fit cette forte prédiction. Que voulait-il insinuer par là, ce gaillard d'avant ?..
Allions-nous, dans son esprit enfumé par tant de Gitanes à volutes, de Gauloises à plumes et d'Anglaises soyeuses, être ainsi forcés à devenir Forçats ou Fiancées forcées, Prêtres ou (In)Fidèles*, Moines ou Nones, sinon Croisés ou Châtelaines ?
Ça faisait un peu "Retour vers le Futur" son histoire, du coup j'ai engagé les services de mon limier et oracle habituel pour qu'il suive les pistes menant jusqu'à la source de cette épitaphe qui nous est restée de ce penseur, comme le font tous les écrits que le temps n'efface pas de son rabot infatigable et que le feu ne réduit pas en poussières noires, et que les électrons ne fuient pas etc...
Comme on dit dans les Anneaux de Réflexions (cerclés d'or), tout comme dans les Anus (élargis) de Génuflexion, (dans les deux cas, caïn-kaa, les petits ânes et les petits boucs tournent en rond dans leurs fèces, comme leurs prières), il commence à se faire tard (qui a dit "-Telette !" ?), et je vois l'heure de mes piqures se rapprocher douloureusement, aussi vais-je tenter d'aller au plus court et de serrer mes bords sans trop louvoyer ni vous vouvoyer, si vous voyez ?
Après avoir bien creusé pour retrouver l'origine de la citation supra, voici que mon Rintintin numérique me rapporte tout un tas de trucs, du trivial au troublant : en gros, ce gros tas d'os n'a pas l'air si clair et limpide que cette sentence malrausienne semblait l'être, pas plus que son auteur à tribord de l'hémicycle ne l'aurait prononcée au premier abord...
Passons sur le démêlage de ce nœud pas si gordien que ça, et humons voir la synthèse de la génèse de cette spiritueuse et forte pensée avant d'y gouter, histoire de vérifier qu'elle ne soit frelatée comme certains vieux ratafias à faire saliver un Tabor entier : gare aux Goumiers pleins à ras-bord de cette belle robe ambrée, les rêveries de Rhumerie sont au deuxième rabord plus bénéfiques pour monter au front, que pour s'en prendre une belle en plein front (migraine à bâbord ? Pas de bobards, Mille sabords !)...
- en 1973, un curé de Strasbourg rapporte à un journaliste de La Croix ces propos tenus par André : "Le XXIe siècle sera métaphysique ou ne sera pas."
- en 1975, la Presse de l'époque lui fait dire : "Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas."
- en 1981, l'écrivain André Frossard assure avoir entendu de la bouche-même de son homonyme de baptême : "Le XXIe siècle sera mystique."
(certains médisants disent qu'il l'aurait plutôt lu sur ses lèvres, mais bon, ça l'a pas empêché d'aller rapporter au Jean-Paul emmitré de l'époque)
Si vous êtes tous d'accord, on peut arrêter là cet inventaire à la Prévert, vu que ça nous fait déjà trois versions pour une même citation, et comme le disait Audiard par la voix de Lino : "Un barbu c'est un barbu, trois barbus...".
Je laisse la place à l'auteur humaniste de La Condition Humaine, pour nous dire ce qu'il en pense lui, de cette prophétie à tiroirs :
"Vous savez. On m'a fait dire : 'Le XXIe siècle sera religieux'. Je n'ai jamais dit cela, bien entendu, car je n'en sais rien. Ce que je dis est plus incertain. Je n'exclus pas la possibilité d'un évènement spirituel à l'échelle planétaire."
Quitte à plomber encore un peu plus l'ambiance, je rajouterai une autre confession à double sens, faite elle au Père Jacques Chancel de Radioscopie : "N'est pas athée qui veut !", tout comme la suivante, de sa main celle-là : "Je n'ai pas peur de Dieu.", sauf qu'il la fait dire à De Gaule, et quand on sait combien sont fourbes et joueurs ces imposteurs que sont les romanciers de métier (ceci dit sans jalousie, bien sûr)...
A son ami et traducteur japonais Tadao Takemoto, il confia plus sincèrement le fond de son âme :
"Quant au siècle prochain, ce que j’avais dit, c’est qu’il était extrêmement possible que, dans ce domaine que l’on appelle psi, se mêlaient encore pour l’instant des choses sérieuses et d’autres pas. […]
Si le prochain siècle devait connaître une révolution spirituelle, ce que je considère comme parfaitement possible (probable ou pas n’a pas d’intérêt, ce sont des prédictions de sorcières, mais possible), je crois que cette spiritualité relèverait du domaine de ce que nous pressentons aujourd’hui sans le connaître, comme le XVIII° siècle a pressenti l’électricité grâce au paratonnerre.
Alors qu’est-ce que pourrait donner un nouveau fait spirituel (disons si vous voulez : religieux, mais j’aime mieux le mot spirituel), vraiment considérable ?
Il se passerait évidemment ce qui s’est passé avec la science."
Sachant que notre grand Homme, désormais locataire permanent du Panthéon (Paris, Ve), a été inhumé sans autre forme de cérémonie religieuse qu'une haute statue de Chat colorée surveillant un rituel étrange dans la cour carrée du Louvre, le mystère demeure entier (c'est à dire non-castré) sur sa sibylline pseudo-citation...
Pour l'écrivain des Antimémoires, on peut trouver ce résultat plutôt réussi, si on aime comme votre serviteur cultiver l'art du paradoxe, tant celui-ci aura tenu bon aussi longtemps que sa postérité posthume, et même si je vois une clé possible dans les propos de son principal héros, Tchen : "Que faire d'une âme, s'il n'y a ni Dieu ni Christ ?".
Cette question restant posée, qu'il me soit permis alors de reprendre (bien modestement) à mon compte la citation dans sa version du préambule, pour l'actualiser en quelque sorte, tout en la respectant, mais avec une orientation vers le sens du partage :
"Le XXIe siècle sera fraternel ou ne sera pas."
C'est sous nos yeux une telle évidence, tant nos sociétés humaines et civilisées sont menacées par la barbarie bruyante de quelques autres Sociétés, moins humaines mais à responsabilités illimitées sur nos limitées ressources, humaines, vivantes et minérales.
Résumé à l'antique, j'explicite et cite ici :
- Delenda Gallia Est ?
- Ave Neo-Caesars, morituri te salutant ?
- Pollice Verso pour nos gladiateurs gaulois ?
- Tu quoque, fratri mi ?.
Christophe l'Exégète Ex-Zététe.
P. S. : Dans l'attente d'un possible avènement d'HADOPI III, protégeons nos Frères de la Côte, espèce menacée de forbans en voie de disparition, et paradoxalement si nécessaires pour ne pas laisser toutes nos arches sans protection sur l'océan envahi de navires marchands, à la merci d'être toutes converties par cette flibuste légale en aimables et rentables galères où rameront nos successeurs, sur une planète devenue rouge comme sa guerrière sœur.
Que ceux qui cessent de se débattre au soleil, serrés dans la nasse serpentine, cessent aussi sec et si possible assez vit d'essayer de dissuader ceux qui, semble-t-il, sont sans doute susceptibles de frayer sans oublier ceux l'ayant si fait, de se frayer sans effroi leurs sentes dans ces eaux si froides et de moins en moins salées, qui si elles sentent de moins en moins sûrement le salut, n'en sont pas moins salvatrices tant qu'il y a du courant pour leurs nageoires et de l'espoir pour leurs divins alevins.
Qu'importe si ces saumons d'élevage au défaut d'être sauvages se disent que c'est en haut ou en bas de la rivière qu'il faut chercher, et que leur grand Océan les attende en amont ou en aval, souhaitons seulement qu'ils puissent trouver quelque part les justes récompenses de leurs essais et leurs efforts à chercher ailleurs ce qui manquerai ici-bas, dans leur lit en voie d'assèchement.
RAmen
* Hommage à ce couple Majeur de mineurs fidèles-infidèles que sont Brigitte, l'Impératrice du Zoo des Kékés et autres Zazous des eaux spéciales et spatiales, et son Bel Kacem, Pape des Maux et Inspirateur inspiré des petits et grands mots. Que leur Yin soit leur Yang pour longtemps (et vice-versa)...