En prenant un peu de recul sur ces 20 dernières années (le site Match.com fut créé en 1995 aux Etats-Unis), on peut s’apercevoir que le secteur des rencontres en ligne suit tous les cycles classiques de développement présents sur d’autres industries.
Comme dans l’agro-alimentaire, de grands groupes achètent toutes les marques qui percent dans une logique de domination du marché limitée à quelques acteurs.
Par exemple Match IAC, le champion historique américain des rencontres sur Internet s’est associé au numéro 1 européen Meetic. Depuis, la nouvelle entité fait continuellement l’acquisition de sites innovants du secteur, comme les premiers à avoir mis en place le modèle Freemium avec des sites gratuits qui se financent grâce à la publicité ou une offre Premium payante.
C’est le sort qui a été réservé au canadien PlentyOfFish, l’américain OKCupid ou encore au français Amoureux.
Suite à l’avènement des applications de rencontres et de la géolocalisation, c’est le phénomène Tinder qui a rejoint le groupe.
Enfin, la dernière tendance est de surfer sur les sites communautaires comme le très populaire BlackPeopleMeet.
Le géant de la rencontre détient ainsi un portfolio hétérogène de plus de 45 sites en 38 langues et dans 190 pays ! Des chiffres dignes des gazettes économiques de la grande distribution…
Dans ce contexte, on observe même des spécialisations par pays, à l’image de l’industrie automobile. Par exemple, les sociétés allemandes Affinitas (Elite Rencontre et eDarling), Insparx (Be2) ou encore PE Digital (Parship) sont les spécialistes des rencontres par affinités, ou matchmaking.
Avec une pression des résultats inhérente aux industries les plus matures, les initiatives pour trouver de nouveaux prospects se concentrent aujourd’hui sur le secteur des personnes plus âgées.
Ce n’est pourtant pas faute de regarder les moins de 18 ans, marché en plein développement, mais face aux difficultés de monétisation de cette cible (voir les résultats de Snapchat) et pour éviter toute polémique vis-à-vis des rencontres pour mineurs, l’industrie préfère l’eldorado des séniornautes.
En effet, compte tenu entre autres de l’augmentation du taux de divorce des plus de 60 ans depuis 1985, les célibataires âgés de plus de 50 ans représentent plus de 9 millions de personnes en France en 2013 (étude Eurostat).
Et pourtant, la « Silver Economie » n’en est encore qu’à ses débuts puisqu’en 2050, un français sur trois aura plus de 60 ans (contre un sur cinq en 2005) !
De plus, disposant souvent d’un pouvoir d’achat plus élevé, les séniornautes savent de mieux en mieux se servir d’internet, au point d’y passer parfois plus temps que les générations plus jeunes. Une tendance qui devrait se renforcer avec le temps…
En rajoutant à cela le fait qu’ils ont moins d’endroits et d’opportunités pour rencontrer d'autres célibataires (lieux de travail, festivals, boîtes de nuit...), et vous comprendrez l’essor des sites de rencontres pour les plus âgés.
Résultat des courses ?
Même DNXcorp, groupe important spécialisé dans les sites de rencontres adultes et coquines, a créé le très soft Quintonic qualifié de « premier réseau social interdit aux moins de 50 ans ».
Quant au groupe Match, la réponse ne s’est pas fait attendre avec le lancement au printemps 2017 du site DisonsDemain, à l’attention des « jeunes de plus de 50 ans ».
Point commun entre ces sites ? Les codes des jeunes sont adaptés à ce marché en présentant les séniors comme des ados immatures, joueurs, cachottiers et malicieux.
Il semblerait donc qu’au final, peu importe l’âge du consommateur, nous avons tous des cœurs de grands enfants !