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Billet de blog 9 février 2018

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Lévothyrox, réponse à M. Macron

Je souhaite apporter des compléments d'informations concernant l'affaire Lévothyrox, après avoir lu les différents billets de blog sur le sujet. Je les complèterai en premier lieu par notre réponse au courrier convenu du chef de cabinet de M. Macron. Je souhaite aussi donner la parole aux patients ... leurs témoignages poignants contre le silence intolérable de notre gouvernement.

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Le Chef de Cabinet
du Président de la République
                                                                                                                                                                       Paris, le 15 décembre 2017

Madame,


Le Président de la République a bien reçu votre courrier et m’a confié le soin de vous assurer de toute l’attention portée à votre démarche et à vos attentes concernant le médicament Levothyrox. Croyez-le bien, le Chef de l’Etat mesure les effets indésirables rapportés par certains patients traités depuis le changement de formule du médicament en mars dernier.

Je tiens tout d’abord à vous indiquer que la proportion de ceux qui ont ressenti des effets secondaires depuis lors représente une infime minorité (moins de 1%), par rapport aux millions de patients traités sous la nouvelle formule. Celle-ci convient donc à la très grande majorité des patients. En outre, les contrôles du médicament effectués cet automne en laboratoire ont confirmé sa bonne qualité. L’enquête de pharmacovigilance de l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé), qui analyse les effets indésirables signalés, a conclu, quant à elle, qu’il n’y avait pas de problème de santé publique lié à la nouvelle formule du Levothyrox. Les effets indésirables transitoires qui ont pu être observés ne résultent pas de la nouvelle formule en soi, mais du changement d’une formule à l’autre qui peut nécessiter une adaptation du dosage ou un temps de stabilisation.

Le seul danger pour la santé serait que les patients sous thyroxine modifient eux-mêmes leur traitement ou le suspendent. C’est pourquoi ils doivent impérativement se rapprocher de leur médecin traitant ou de leur endocrinologue, pour tout changement de dosage et toute adaptation.
.../...
Néanmoins, pour répondre aux besoins des patients présentant des effets indésirables persistants en lien avec la nouvelle formule et non stabilisés, des mesures ont été prises par Madame Agnès BUZYN, Ministre des solidarités et de la santé.

C’est ainsi que des alternatives au médicament nouvelle formule comme le L-Thyroxin (SANOFI), Euthyrox (MERCK) et L-Thyroxin Serb en solution buvable (SERB) ont été apportées et sont commercialisées en quantité suffisante depuis le mois d’octobre. Les pharmacies d’officine peuvent être approvisionnées très rapidement en cas de besoin. Il est également à noter qu’un médicament générique sera disponible très prochainement. Cette décision permet aux patients qui en ont besoin, sur avis médical, de revenir temporairement à l’ancienne formule (Euthyrox) ou de faire le choix d’une autre thérapie.

L’offre thérapeutique se trouve ainsi diversifiée, dans la perspective de la disparition définitive et programmée de l’ancienne formule du Levothyrox. Les patients peuvent recueillir des informations sur le site internet de l’ANSM ainsi qu’au numéro vert 0800 97 16 53.
En outre, le Président de la République accordant une importance toute particulière à l’enjeu d’information des patients, une mission dénommée « Information et médicament » vient d’être confiée par la Ministre des solidarités et de la santé à un professionnel de santé et à une représentante de patients. Je vous prie d’agréer, Madame, l'expression de mes hommages.
                                                                                                                                                 

                                                                                                                               François-Xavier LAUCH

REPONSE DES COBAYES VICTIMES DU NOUVEAU LEVOTHYROX :

Lettre ouverte au Président de la République,

Objet : production de l'ancienne formule du Lévothyrox

Monsieur le Président,

La réponse à notre courrier, en date du 15 décembre, rédigée par votre chef de cabinet, Monsieur François-Xavier LAUCH, a suscité parmi nous un sentiment de vive colère. Elle est inacceptable et, à certains égards, scandaleuse.

Comment peut-on répondre à des dizaines, voire des centaines de milliers de victimes, que deux millions d’autres patients se portent bien avec la nouvelle formule. Vous viendrait-il à l’idée de répondre à des familles dont les membres ont été pris en otage, comme ce fut souvent tristement le cas, que des millions de Français voyagent chaque année sans aucun souci de sécurité ? Cette façon de présenter statistiquement les choses, ne peut être utilisée que pour des pertes matérielles ou financières. Elle devient abjecte dès lors qu'elle s’adresse à une souffrance humaine.

Il faut en finir avec la mascarade de la diversification médicamenteuse. Ces alternatives sont, la plupart du temps, indisponibles dans les pharmacies. Tout comme il faut en finir avec le diktat de Monsieur Thierry HULOT qui, au nom de MERCK, impose sa loi : stopper la production de l’ancienne formule quoiqu’il en coûte aux intolérants à son nouveau médicament.

Quel mécanisme préside à l’arrêt impératif, définitif, non négociable, d’une formule qui garantissait une bonne qualité de vie à des centaines de milliers de Françaises et de Français ? Il parait clair, pour chacun d’entre nous, que des enjeux financiers privés prévalent (brevet tombant dans le domaine public le 5 Mai 2019, projet d’élargissement du nouveau brevet à toute l’Europe), l’argument de défaut de stabilité de la molécule étant irrecevable pour les intolérants au nouveau Lévothyrox.

Ne serions-nous pas dans une logique de soumission devant les intérêts d’un laboratoire qui ne veut pas que son ancienne formule puisse concurrencer la nouvelle ? L’état n’imposant pas en urgence la production de l’ancienne formule par son ministre de l’économie ou son ministre des solidarités et de la santé, semble aller dans ce sens. L’adaptation du traitement au nouveau Lévothyrox, comme aux alternatives médicamenteuses, engendrera des surcoûts importants en termes d’argent public (nombreux dosages, examens complémentaires), des souffrances physiques et psychologiques, et cela d’autant plus que la certitude d’absence d’effets indésirables propres à la nouvelle formule, fait loi à l’ANSM.

Qui connaît le temps nécessaire pour stabiliser ce type de traitement ? Cela adviendra-t-il même jamais pour certains d’entre nous, étant donné les graves effets indésirables ? Quelle gabegie si cela concerne, comme c’est prévisible, entre 100 à 200 000 personnes ? Alors
qu’une simple demande d’une licence volontaire ou obligatoire de l’ancienne formule du Lévothyrox suffirait à régler cette crise, pour ces derniers, de façon pérenne.

Les certitudes de l’ANSM, ou anciennement l’AFSSAPS, ont déjà été suffisamment préjudiciables en termes de santé publique (Médiator, Dépakine... et, pour le Lévothyrox, monopole pharmaceutique, défaut d’information, infantilisation puis stigmatisation des patients). On voudrait tuer l’observance tant recherchée dans la démarche d’éducation thérapeutique que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

Monsieur le Président, la confiance ne se décrète pas. Malgré la volonté politique exprimée, de mettre un terme aux liens tentaculaires qui lient les laboratoires pharmaceutiques à la formation médicale et à l'agence du médicament, le scandale du Lévothyrox instille à nouveau un doute pernicieux et, nous le craignons, persistant, sur l’indépendance des instances médicales.

Nous réitérons donc, avec la plus grande solennité, notre demande de production pérenne de l’ancienne formule du Lévothyrox, pour les malades le nécessitant.

Espérant ne plus voir la France fléchie aux volontés du patron de la branche française de MERCK.

Le « primum non nocere » Hippocratique doit enfin pouvoir prévaloir.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.

                                                                                                                       Les Cobayes victimes du nouveau Lévothyrox

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