Lucile Peytavin, historienne, s’est longuement posée la question et a décidé de mener son enquête qu’elle nous partage dans un livre intitulé Le coût de la virilité.
L’autrice dresse un constat statistique implacable : 96,3 % des personnes incarcérées sont des hommes , 99 % des auteurs de viols sont des hommes, 84 % des responsables d’accidents routiers mortels sont des hommes*… Les chiffres s’enchaînent et se ressemblent. Il y a bien une sur-représentation du genre masculin dans ce qu’elle nomme « des comportements asociaux ». Comprenez, des comportements qui nuisent à la vie en société et qui sont explicitement condamnés par celle-ci.
Partant de là, l’autrice déroule le fil… et calcule les coûts de ces comportements. Combien de policiers, juges, avocats, médecins, agents pénitenciers sont payés pour réguler ces comportements ? Combien de gendarmeries, tribunaux, centres pénitentiaires, hôpitaux sont entretenus pour pallier aux conséquences de ces actes ? Et bien sûr, quel est le coût social et humain pour les victimes ? Lucile Peytavin répertorie, classe et ventile les coûts en fonction du genre. Sa conclusion est sans appel : si les hommes se comportaient comme les femmes, alors nous économiserions plus de 95 milliards d’euros par an*, en France !
Mais est-ce une fatalité ? Et c'est là que son essai prend encore plus d'ampleur ! Car Lucile Peytavin nous démontre que, non, cela n'est pas naturel, normal ou inné. Mais que ces comportements sont bien une construction sociale. Une contruction liée à une éducation viriliste dans une société patriarcale. Que, non, les adultes n'ont pas les mêmes comportements avec les enfants perçus comme garçons, qu'avec celles perçues comme des filles. Et que, la violence, la bagarre, la force ; bref, la virilité, sont des valeurs transmises, qui pourraient ne pas l'être. Une perspective nouvelle pour améliorer les finances de l’État, à l’heure où les économies publiques sont dans toutes les bouches !
Alors, oui, ce livre peut surprendre, bousculer, étonner ou vexer. Quelle que soit votre réaction, je vous invite à vous pencher sur cette question, chiffres à l'appui, pour vous faire votre propre opinion.
--
*les chiffres mentionnés datent de 2018 ou 2020 selon les sources disponibles lors de la première édition du livre, en 2021.