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Billet de blog 22 octobre 2024

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Calmons-nous ! Appel d’une cycliste aux automobilistes

De retour en France après 6 mois de vélo en Europe, je suis frappée par le niveau de tension entre automobilistes et cyclistes sur la route. Pourquoi une telle violence ? Retrouvons notre calme et circulons de manière apaisée, pour le bien être de tous et toutes.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

De retour de six mois à travers l’Europe à vélo, je suis rentrée en France début octobre. A peine la frontière franchie que, déjà, les premiers coups de klaxons se font entendre. Non pas pour m’encourager ou me saluer (comme ça a été le cas dans plusieurs pays). Mais pour râler, se plaindre de ma présence sur la route ou de mon soi-disant mauvais comportement (lequel ? Je ne sais pas vraiment). En quelques jours, je suis frappée par le niveau d’agressivité que je retrouve sur les routes françaises. Le fait d’avoir été pendant 6 mois à l’étranger rend ce constat encore plus frappant. A aucun moment, vraiment aucun, je n’ai eu d’altercation avec un automobiliste en six mois. Et pourtant, j’ai traversé des pays aussi différent que la Pologne, l’Estonie ou la Norvège.

Et maintenant que je suis rentrée, j’apprends qu’à Paris, un jeune homme de 27 ans est mort, écrasé semble-t-il volontairement, par le conducteur d’un SUV avec qui il a eu une altercation. Plus localement, dans la petite ville où j’habite, c’est la Police Municipale qui embarque en fourrière tous les vélos attachés au mobilier urbain. Pour des raisons esthétiques ou de « danger public », les versions varient selon les témoignages.

Mais quelle est donc cette détestation du vélo en France ?

Quel est le problème avec les cyclistes ?

Dans mon cas personnel, le vélo, c’est mon moyen de transport. Et pas pour des raisons de « bobo », mais par réalisme économique. A l’époque, mon travail se situait à 3 km de chez moi et continuer de garder ma voiture était un coût important. J’avais fait le calcul et, entre l’assurance, les réparations et l’essence, ma voiture me coûtait environ 2000€/an, (soit 166€/mois) sans compter le temps que je devais y dédier. Je l’ai donc vendue. Et mon deux roues est devenu mon moyen de transport, à la fois pour aller travailler mais également pour faire mes courses ou me rendre chez des proches.

Ce choix me semble à la fois rationnel, économiquement parlant, et bénéfique pour la société. C’est une voiture de moins sur l’espace public (donc plus de place pour les autres) et des émissions de CO2 en moins (donc une meilleure santé respiratoire pour tous).

De fait, pourquoi m’agresse-t-on lorsque je circule à vélo ?

Je ne comprends pas l’agressivité qui m’est destinée, pour mon choix de moyen de transport.

J’entends d’ici les réactions à cette question, pour les avoir déjà entendu 1000 fois : « oui, mais les vélos, ça roule n’importe comment ».

Déjà, est-ce une raison pour nous écraser ou nous menacer ? Je ne pense pas.

Ensuite, l’une des raisons qui rend la circulation à vélo complexe est le manque d’infrastructure cyclable. Parfois il y a des bandes cyclables et la minute d’après nous devons nous rabattre sur la route. Parfois il y a des voies vertes qui se terminent sur un passage piéton. Parfois il n’y a rien d’autre qu’une nationale sans surlargeur. (Je n’invente rien, il y a tout ça dans ma petite ville).

Les cyclistes plaident depuis des années pour obtenir une place sur la route. Pour avoir des itinéraires dédiés, voire protégés. Ainsi, tout le monde aurait sa place. Les automobilistes, mais aussi les cyclistes et les piétons. Personne ne se sentirait en danger ou stressé par les comportements différents des autres types d’usagers. Une piste cyclables, c’est aussi un avantage pour les automobilistes et les piétons !

Par cette tribune, j’aimerai appeler les automobilistes au calme, à l’apaisement.

Vous savez, nous ne sommes pas seulement « des vélos ». Nous sommes des gens. Qui allons faire nos courses, chercher nos enfants à l’école, profiter du beau temps pour faire un peu de sport (gratuit). Nous sommes vos voisins et voisines, nous sommes artisans, nous sommes commerçantes, nous sommes des grands-parents à la retraite ou votre médecin.

Nous sommes vos pairs et nous demandons, comme tout le monde, votre respect.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.