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Billet de blog 24 octobre 2025

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La « paix » de Trump ou le plan de tous les dangers

Signée le 13 octobre dans de grandes effusions congratulatoires par les présidents égyptien et turque, l’émir du Qatar et Donald Trump, la déclaration s’intitule « Paix et prospérité durables ». Toutefois, pour de nombreux·ses spécialistes de la région, rien n’est moins sûr, en raison de fragilités liées tant à la lettre qu’à l’esprit du plan porté par Trump, qu’ainsi que d’éléments de contexte préoccupants.

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Le mois de septembre 2025 a connu une succession vertigineuse de développements liés au conflit israélo-palestinien. 9 septembre : un raid aérien israélien ciblant au Qatar une délégation du Hamas palestinien réunie pour discuter d’une proposition américaine de sortie de crise. 16 septembre : une commission indépendante de l’ONU confirme qu’Israël commet un génocide à Gaza. 22 septembre : une série d’Etats occidentaux se joignent aux près de 140 pays reconnaissant déjà l’Etat palestinien, parfois sous conditions. Après de multiples discussions avec des chefs d’Etats et de gouvernements notamment arabes et/ou musulmans venus assister à l’Assemblée générale de l’ONU et une ultime négociation pour satisfaire les demandes israéliennes, Trump a annoncé le 29 du mois un « plan de paix » en 20 points. Et lancé un ultimatum au Hamas, lui enjoignant d’accepter ce dernier, faute de quoi il laisserait « Bibi finir le job ».

S’amorce alors une succession d’intenses négociations qui vont : amener le Hamas à accepter le plan dans ses grandes lignes ; permettre un accord sur l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu ainsi que sur l’échange des otages israéliens, vivants (20) et morts (28), contre 1968 prisonniers politiques palestiniens et des dizaines de dépouilles ; puis déboucher sur la signature d’un mémorandum censé verrouiller la fin de la guerre.

Signée le 13 octobre dans de grandes effusions congratulatoires par les présidents égyptien et turque, l’émir du Qatar et Donald Trump venu exprès pour la circonstance après une station de quelques heures en Israël, cette déclaration s’intitule « Paix et prospérité durables ». Toutefois, pour de nombreux.ses spécialistes de la région et de ce conflit, rien n’est moins sûr, en raison de fragilités liées tant à la lettre qu’à l’esprit du plan porté par Trump, qu’ainsi que d’éléments de contexte préoccupants.

Un plan de paix, vraiment ?

Bien qu’à ce stade il soit difficile de retracer la genèse du « plan de paix », les conditions de sa production sont un premier élément d’inquiétude. En effet, ce plan a été concocté de manière totalement opaque. En outre, il ne s’inscrit et ne se rattache à aucun texte, à aucune institution disposant d’une légitimité internationale quelconque. Aucune référence n’est faite aux textes internationaux, résolutions onusiennes, accords antérieurs qui, au fil du temps, ont clarifié les balises d’un processus israélo-palestinien visant une paix juste et donc durable. Y compris, la résolution A/ES-10/L.31/Rev.1 de l’Assemblée générale des Nations Unies (18 septembre 2024) qui s’adosse à l’avis consultatif de la Cour international de justice de juillet 2024 pour réclamer, sur la base d’une synthèse du droit international applicable, le retrait d’Israël des territoires palestiniens occupés en 1967 au plus tard le 28 septembre 2025. Le plan introduit par Trump traduit donc un pouvoir arbitraire que s’arroge un Président américain acquis à la vision israélienne, et déterminé à démanteler les institutions et normes internationales difficilement mises en place depuis près d’un siècle.

Cette crainte est d’autant plus fondée que le plan ignore totalement les dimensions de justice. Il fait l’impasse sur un génocide perpétré pendant deux ans au vu et au su de la planète entière et ayant entrainé des dizaines de milliers de morts et de blessés, la destruction systématique de tout type d’infrastructure civile, y compris plus de 80% des habitations et le ciblage des journalistes, des humanitaires, et d’équipes médicales et paramédicales. Il ignore les ordonnances successives émises par la Cour internationale de Justice depuis qu’elle a identifié un risque de génocide en janvier 2024, ainsi que les mandats émis par la Cour pénale internationale. Or de nombreuses études démontrent l’importance de la lutte contre l’impunité pour espérer faire advenir la paix surtout au sortir de violences génocidaires.  

Sur un autre plan, aucun représentant palestinien n’a été associé aux discussions. Pire encore, Donald Trump a sciemment écarté la délégation palestinienne, y compris le président de l’Autorité palestinienne, leur refusant un visa d’entrée aux Etats-Unis et leur interdisant donc de participer à l’Assemblée générale de l’ONU. Or, comment concevoir d’un point de vue éthique qu’un peuple, dont le droit à l’autodétermination est inconditionnel et émane du droit international, soit totalement écarté de la conception d’un plan qui concerne son devenir au premier chef ? Et comment le concevoir politiquement ? Comment imaginer que plusieurs millions de Palestiniens, à Gaza, à Jérusalem-Est, en Cisjordanie, soumis les uns à un génocide, les autres à une impitoyable occupation, accepteraient que leur volonté et leurs aspirations politiques soient totalement annihilées et s’associeraient malgré tout, docilement, à un processus qui s’impose à eux ?  

L’absence de toute référence à Jérusalem-Est et à la Cisjordanie dans le plan est aussi hautement problématique. Pourtant, plus de 370.000 et 3.2 millions de Palestiniens y vivent respectivement, soumis à un régime d’occupation et d’apartheid féroce, à une répression et une surveillance de tous les instants, à un nettoyage ethnique qui accompagne la colonisation rampante. Si Israël n’a eu de cesse de fragmenter ces différents territoires palestiniens occupés en 1967 pour mieux les phagocyter, ils n’en constituent pas moins la patrie des Palestiniens et le territoire politique où doit se réaliser leur droit à l’autodétermination. Comment imaginer que le plan de Gaza puisse amener la paix en ignorant ces territoires et leur population native ?

De fait, en se focalisant exclusivement sur Gaza et sur le Hamas comme l’alpha et l’oméga de tout le conflit, et en exigeant le désarmement total de ce dernier et sa disparition du paysage politique, le plan Trump ignore les ressorts sous-jacents au conflit. A savoir les dynamiques coloniales et tout ce qui les accompagne : occupation et colonisation, répression, dépossession, subjugation de tous les instants. Ce sont pourtant ces dynamiques qui, en raison de leur aggravation exponentielle ces dernières années, dans un contexte d’indifférence de la communauté internationale, avaient conduit à l’explosion sanglante du 7 octobre. Comment dès lors un remède qui ne répond en rien au mal profond, voire lui permet de s’augmenter, peut-il apporter un apaisement et, a fortiori, une résolution du conflit ?

A cette inadéquation s’ajoute le flou quant aux objectifs finaux du plan, ainsi qu’à ses horizons temporels et politiques. Certes, dans ses points 19 et 20, le plan évoque des réformes qui ouvriraient la voie à l’autodétermination palestinienne et à un Etat, et des négociations en vue d’un futur politique pacifique entre Israël et Palestiniens. Mais le texte, anorexique, n’apporte aucune assurance quant à ces perspectives et se garde bien de clarifier un quelconque dispositif susceptible de les poursuivre concrètement.

Aux antipodes de cette démarche, les connaissances accumulées depuis des décennies autour de la résolution des conflits démontrent l’importance d’associer les populations dans un processus où la force brute est compensée par les balises du droit international, où les racines profondes de la violence sont réduites, et où un réel travail de justice, de reddition des comptes, de mémoire, de réconciliation et de réparation est entrepris. Or le plan de Trump, ses soutiens et laudateurs font l’impasse totale sur toutes ces dimensions.

Une double logique coloniale et extractive

Les inquiétudes dérivent aussi du modus operandi colonial de la démarche et de ce qu’elle prévoit. Outre le fait qu’il s’impose de l’extérieur aux Palestiniens, le plan prévoit la mise en place d’un Conseil de paix auto-proclamé devant chapeauter la reconstruction et le gouvernement de Gaza. Ce Conseil sera présidé par Donald Trump, sans qu’on sache vraiment si c’est en sa qualité de président des Etats-Unis ou bien d’homme d’affaires. A ses côtés, une autre personnalité doublement problématique : l’ancien premier ministre britannique Tony Blair. Ce dernier est non seulement coupable d’avoir menti pour justifier l’invasion de l’Irak en 2003 par les Etats-Unis soutenus par la Grande-Bretagne, mais aussi d’avoir cautionné la paralysie du processus de paix israélo-palestinien, au profit d’Israël, lorsqu’il présidait le « Quartet » supposé œuvrer à sa relance. De plus, sa nationalité ne peut que faire écho à la colonisation britannique de la Palestine ottomane, avec ses désastres en série, de la Déclaration de Balfour autorisant un foyer national juif européen en Palestine, jusqu’au nettoyage ethnique des Palestiniens au moment du retrait de ses troupes en 1948.

Ce Conseil de paix associera d’autres figures, mais on ne sait pas quelle en sera la composition finale, qui « nommera » ses membres, et en fonction de quels critères et de quelles logiques. Le même flou total entoure les compétences d’un tel organe, ainsi que son articulation à un comité technocratique palestinien. Parmi les seuls éléments connus à ce jour, c’est qu’il y aura une relation de subordination du second au premier, que le comité palestinien sera non-politique et donc nullement représentatif des Palestiniens, et sans lien avec l’Autorité palestinienne. Vers la mi-octobre 2025, on a appris que 15 Palestiniens « ont été désignés » pour en faire partie. Par qui, sur quelles bases, au départ de quelle légitimité sont autant de questions sans réponse.

Mais le caractère colonial de la démarche ne s’arrête pas à cette mise des Gazaouis sous la tutelle d’entités et de personnalités extérieures, mais découle aussi de sa nature affairiste. A cet égard, la figure de Jared Kushner est particulièrement révélatrice. Ce milliardaire n’a aucune autre légitimité que celle d’être le beau-fils de Donald Trump. Connu pour sa proximité avec Israël et ses accointances avec les milieux pro-israéliens, il cristallise tout ce que le plan comporte comme conflits d’intérêt et donc de corruption massive. La mise en œuvre du plan lui rapporterait des gains colossaux.

En outre, même si le discours porté est celui d’une reconstruction permettant aux Gazaouis de revivre, la démarche ressemble davantage à celle d’un immense projet de développement immobilier et économique impliquant de juteux investissements publics mais surtout privés. Le GREAT Trust (pour Gaza Reconstitution, Economic Acceleration and Transformation) dont l’existence et le contenu ont fuité fin août 2025, suggère une appropriation de l’intégralité de la bande de Gaza au profit de gros investisseurs. Et ceci dans une marginalisation totale des Palestiniens, en tant qu’individus et peuple disposant de droits inaliénables. En outre, il comporte la perspective de fournir une aide « généreuse » (de quelques milliers de dollars) aux Palestiniens qui souhaiteraient quitter Gaza. Autrement dit, ce projet dépouillera de facto les Palestiniens de tout titre de propriété à Gaza, tout comme les propriétaires du centre-ville de Beyrouth l’ont été au sortir du conflit dans les années 1990s par la problématique société Solidere.

Outre le caractère éthiquement et politiquement contestable de ce projet puisqu’il permet une captation de la terre palestinienne au profit d’investisseurs étrangers érigés en souverains propriétaires, il comporte un risque d’opérer, par une double marginalisation urbaine et économique, le nettoyage ethnique qu’Israël n’aura pas réussi à finaliser malgré son méthodique génocide à Gaza.

Illustration 1
Collage à Bordeaux © LG

Le plan prévoit également la création d’une « force de stabilisation internationale ». Là encore, le flou est total : ni mandat, ni composition, ni moyens se sont connus à ce jour. Avec la crainte qu’une telle force, détachée du savoir-faire et de la légalité onusienne, ne serve qu’à externaliser au profit d’Israël le coût de la répression coloniale de toute une population, lui permettant de se recentrer sur l’absorption violente de la Cisjordanie et des suds du Liban et de la Syrie. Les précédents au Liban dans les années 1980s, en Afghanistan et en Irak plus récemment, suggèrent le caractère totalement contre-productif d’une telle force dans des conditions unilatéralement imposées et sans un processus de paix crédible.

Fragilités contextuelles et d’un « cessez-le-feu » unilatéral

Le plan de Trump n’apporte donc aucune réponse au devenir de plus de 5.3 millions de Palestiniens. A Jérusalem-Est, en Cisjordanie et à Gaza, ces derniers ne voient se profiler indirectement que trois voies : le génocide ou le nettoyage ethnique, directs ou indirects, ou la domination brutale d’un apartheid militarisé.

Non seulement ces voies sont aux antipodes du droit international, mais elles sont le ferment de nouveaux cycles de violence. Même si, historiquement, ces derniers ont surtout saigné les Palestiniens dans une large indifférence de la « communauté internationale » comme l’actuel génocide l’a redémontré, il est invraisemblable que les Israéliens puissent se mettre intégralement à l’abri de cette violence que leurs autorités fomentent.

Mais dans un horizon plus immédiat, il n’est pas sûr que les parties israélienne et américaine soient réellement attachés à l’actuel cessez-le-feu. Il devient chaque jour plus évident combien Trump et son administration sont non seulement versatiles mais totalement acquis aux vues du gouvernement israélien. Les pays arabes et musulmans impliqués dans le processus ne font simplement pas le poids, comme l’a démontré Trump lorsque, après consultations avec ces derniers, il a annoncé un plan amendé selon les désirs de Netanyahou. On se souvient aussi que, sitôt sorti de la Maison blanche, ce dernier a pris le contrepied du plan vanté par son hôte, en écartant toute perspective d’Etat palestinien, voire même de la fin de la guerre.

Autre symptôme significatif, le cessez-le-feu n’aura tenu que quelques jours, le temps pour que Trump fasse son tour de piste dans la région et reparte. Sitôt les otages israéliens vivants libérés, les violations se sont multipliées, faisant plusieurs morts et blessés palestiniens d’un côté, sans parler de la perpétuation d’un étranglement encore significatif de l’aide humanitaire. Trois prétextes se profilent. Le Hamas garderait par devers lui les corps des otages décédés ; or l’on sait qu’avec le niveau de destruction de tout le bâti à Gaza, et avec le nombre de morts dans les rangs des factions palestiniennes, y compris sans doute parmi les gardiens des otages, il est matériellement difficile de retrouver et d’exhumer ces corps en quelques jours, ce que le CICR lui-même a reconnu. Le Hamas userait de la violence à l’encontre de ses concurrents à Gaza ; ceci est un fait indéniable et malheureux, mais il convient de pointer la responsabilité directe d’Israël dans l’émergence de gangs violents et prédateurs, qui ont aggravé l’insécurité totale dans laquelle les civils gazaouis vivent depuis deux ans. Enfin, le Hamas ne désarmerait pas ; comme s’il était attendu que ses combattants viennent tous déposer leurs armes aux pieds de l’armée israélienne en dehors de tout processus de désarmement crédible et, surtout, de toute perspective répondant aux aspirations palestiniennes. Sans parler du fait que cela entraînerait une vacuité totale du pouvoir à Gaza susceptible de déchaîner des violences incontrôlées.

D’autres prétextes peuvent émerger et pourront être aisément instrumentalisés par un gouvernement Netanyahou dont les ministres ne cachent guère leur volonté d’aller au bout de la dynamique génocidaire à Gaza. Les ruptures unilatérales par Israël des cessez-le-feu en novembre 2023 et en mars 2025 sont là pour le rappeler. Rien dans les déclarations des hauts responsables américains qui se sont pressés ces derniers jours en Israël ne permet de percevoir, au-delà d’un attachement de principe au cessez-le-feu, une critique du gouvernement israélien. Au contraire, chacun, à sa manière, pointe le Hamas comme le principal problème.

Ainsi, le risque réside dans la perpétuation d’une guerre de basse intensité qu’Israël poursuivrait de manière unilatérale, sur le mode du « You cease, I fire » selon les termes de Francesca Albanese, rapporteuse onusienne sur les droits humains en Palestine. Un tel scénario a déjà cours au Liban où, depuis l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu en novembre 2024, Israël ouvre le feu chaque jour, empêchant le retour des populations dans les villages frontaliers, et menant des frappes quasi-quotidiennes là où bon lui semble, de manière à geler la reprise de la vie, y compris économique, dans le sud du pays. Et ceci avec l’assentiment de l’administration Trump et de la France, supposée être le co-garant du cessez-le-feu.

Les aléas de l’implication des tiers  

La partie que jouent aujourd’hui Israël et les Etats-Unis au détriment du peuple palestinien est d’autant plus grave qu’elle repose sur le consentement plus ou moins actif des acteurs de la région et de l’ensemble des pays occidentaux, en particulier européens, qui ont rejoint le concert des laudateurs du plan de Trump.

Il est difficile d’apprécier à ce stade à quel point ces acteurs croient que ce qui est sur la table peut apporter une « paix durable » par imposition militaire de solutions coloniales en décalage complet par rapport aux paramètres clé du conflit et fondées sur la force brute, sur le mépris du droit et de la justice internationaux, et sur l’opportunisme et la prédation économiques. Se bercent-ils d’illusions ? Espèrent-ils réaliser des affaires juteuses au travers de cette prédation économique ? Ou croient-ils pouvoir influencer le processus en cours de route pour lui insuffler des inflexions pouvant déboucher sur une résolution des fondements du conflit de manière à répondre aux aspirations légitimes des Palestiniens et, de ce fait, à permettre une paix qui ne soit pas faite de l’écrasement de ces derniers ?

La question reste à ce stade sans réponse. Si l’engagement d’un certain nombre de pays de la région apporte une connaissance du conflit et de ses soubassements, il n’est pas sûr que leurs propres modèles et pratiques économiques et politiques soient des gages rassurants pour les Palestiniens. L’implication d’Etats européens, voire de l’UE, est en miroir : si les modèles et pratiques économiques et politiques sont a priori plus soucieuses de démocratie et de droits, leurs positions à l’égard du conflit, en particulier depuis le 7 octobre 2023, attestent à quel point leurs diplomaties ont perdu de vue les fondamentaux du conflit israélo-palestinien et gravitent sur l’orbite des narratifs et intérêts de l’Etat d’Israël. Les propos de la haute représentante, Kaja Kallas, au sortir du Conseil affaires étrangères du 20 octobre, pour justifier le gel d’une éventuelle suspension de certaines parties de l’accord d’association avec Israël l’attestent encore une fois.

Il est naïf d’espérer que ces différentes dynamiques, toutes problématiques, permettront de produire un processus de paix viable, résolvant les fondamentaux du conflit, et reposant sur un processus légal et légitime, juste et donc durable. Sans parler de cette contradiction fondamentale : la communauté internationale exige de l’Autorité palestinienne des réformes visant à la transformer en une entité démocratique, pacifiée, reposant sur l’Etat de droit, et non-corrompue… et ceci sur la base d’un plan qui, comme il l’a été montré, fait fi de ces quatre points cardinaux !

À ce stade-ci, seules les institutions onusiennes et la société civile internationale qui, sans relâche pour la plupart, n’ont eu de cesse de dénoncer le génocide à Gaza, l’apartheid et la violence de l’occupation et de la colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, offrent une perspective de « monitoring » d’un processus qui autrement pourrait conduire à de nouvelles atrocités. Les opinions l’ont compris à travers le monde.

À l’heure où de nombreux Etats et institutions telles que l’UE, Eurovision ou la FIFA prennent prétexte du cessez-le-feu pour faire l’économie de sanctions contre Israël, des manifestations géantes et une infinité de mobilisations continuent en solidarité avec le peuple palestinien. Elles devront se maintenir dans le temps pour que le piteux plan Trump ne dépossède pas les Palestiniens de tous leurs droits et qu’il ne resserre encore plus le nœud gordien d’une situation déjà complexe qui, inévitablement, explosera un jour – et encore une fois – à la figure de tous les habitants de la région, Israéliens compris.

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