J'ai appris l'existence d'un programme qui permet de faire venir en France - pour un an ou deux- des artistes gazaouis. Un financement participatif (avec toutes garanties institutionnelles et réduction d'impôts) a été lancé.Voici comment le Collectif Maan (« Ensemble ») pour les artistes de Gaza présente ce programme. Maan a été fondé en octobre 2023 à la suite de l’exposition « Ce que la Palestine apporte au monde » en mai 2023 à l’Institut du Monde Arabe à Paris. Cette exposition - sous le commissariat d’Elias Sanbar et de Marion Slitine - célébrait la vitalité de la scène artistique palestinienne à travers une soixantaine d’artistes, dont une vingtaine venaient de Gaza. Cinq mois après son inauguration, la guerre frappait l’enclave. Comme les plus de deux millions de Palestiniennes et Palestiniens de Gaza, les artistes ont tout perdu : leurs maisons, leurs ateliers, leurs archives, des décennies de créations et bien souvent, la vie de leurs proches ou la leur. L’artiste Mohamed Sami Qreiqe exposé à l’IMA a ainsi été tué lors du bombardement de l’hôpital Al-Ahli, fin 2023. Face à cette détresse, ce collectif de bénévoles du monde de la recherche et de la culture s’est formé, à l’initiative de Marion Slitine, pour venir soutenir les artistes de Gaza, dont beaucoup étaient exposés au même moment au sein de l’exposition de l’IMA.
L’objectif de Maan est tout d’abord d’apporter un soutien logistique et financier pour l’accueil temporaire – un an renouvelable – d’artistes gazaouis dans des conditions dignes à travers des résidences artistiques en France :
→ soit dans le cadre du Programme PAUSE du Collège de France (Programme d’accueil des artistes et scientifiques en exil) qui permet au lauréat de bénéficier d’un Visa Talent Artiste, ainsi que sa famille (conjoint.e et/ou enfants) ;
→soit dans le cadre d’un programme étudiant (Programme HERODOTE des Beaux-Arts de Paris ou programme de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs) qui permet au boursier de bénéficier d’un Visa Etudiant.
Le collectif vise également à donner plus de visibilité à ces artistes, en les insérant dans la scène artistique française, à travers une série d’événements, de concerts, d’expositions sur le territoire français, dans des lieux prestigieux.
Ce type de visas – Visa Etudiant ou Visa Talent Artiste – les seuls à ce stade qui autorisent à être évacué.es, permet d’éviter le statut de réfugié qui interdit aux artistes de retourner chez eux, ce que nombre d’entre eux ne souhaitent pas. Les lauréat.es Pause bénéficient de salaires et non de bourses, ce qui leur permet d’accéder aux droits sociaux en France. Ces dispositifs à l’appui de l’évacuation des artistes ne participent pas à
un plan de « dépopulation » de Gaza, mais bien à préserver les talents qui participeront à l’effort de reconstruction de demain.
Dans ce cadre, le Collectif Maan a lancé une levée de fonds parrainée par l’Institut du Monde Arabe afin d’organiser le soutien logistique et financier de ces accueils (participation au salaire ou au bourses des artistes, enveloppe d’urgence pour l’installation à l’arrivée des artistes, etc.). Tout financement est déductible des impôts à hauteur de 66%.
https://www.helloasso.com/associations/association-circulaire-jeanne-barret/collectes/ensemble-pour-les-artistes-de-gaza-en-danger
Maan participe aussi au suivi administratif et à l’insertion socioprofessionnelle des artistes.
Les membres du Collectif Maan :
Marion Slitine, enseignante-chercheuse (EHESS, Sciences Po Paris, Beaux-arts de Marseille)
Charlotte Schwarzinger, chercheuse (EHESS)
Adélie Chevée, chercheuse (MUCEM/Aix-Marseille Université)
Cléo Smits, productrice artistique (anciennement Cité des Arts de la rue)
Karim Kattan, écrivain
Pauline de Laboulaye, présidente du Shed, centre d’art contemporain de Normandie
Aurélie Berthaut, administratice (galerie Art-Cade) et responsable de la stratégie de
développement (association Circulaire / Jeanne Barret)
Félicité Bucchianeri, artiste (Beaux-Arts de Paris)
Anna Breton, artiste (Beaux-arts de Paris) et étudiante (Sciences Po Paris)
Feryel Kaabeche, artiste (Beaux-Arts de Paris)
Liên Hoàng-Xuân, artiste (Beaux-Arts de Paris)
Rudy Pignot-Malapert, consultant (La compagnie générale des Autres)
Juliette Baud, administratrice freelance (anciennement au Mucem)
Safia Tmiri, consultante (Al-Fanar / anciennement chez McKinsey)
Patrick Girard, ancien attaché culturel à Jérusalem
Valérie Jouve, artiste
Amer Nasser, réalisateur
Léa Moreau, travailleuse sociale
Ala Abu Ghoush, réalisateur
Anais Pitkevitch, programmatrice culturelle