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Billet de blog 24 juillet 2018

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Faune : les oubliés de l'Oise

Rétablir la continuité écologique entre les forêts de Chantilly et d'Halatte détruite par la double voie RD 1330                 La survie de la faune impactée par les activités humaines : comment recréer une cohabitation entre l’homme et l’animal ?

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           LES ECO PONTS

Le budget 2018 du Conseil départemental de l’Oise comporte cinq priorités : le réseau routier et son corollaire - la sécurité routière - en fait partie.

Avec une enveloppe de plus d’un million d’euros, le Conseil prévoit la mise en route de projets d’envergure dont le doublement de la RD 1330.

Ayant fait l’objet d’une enquête publique, ce projet routier porte sur des sites particulièrement vulnérables tel que le Carrefour de la Faisanderie dont l’aménagement constitue une coupure de la continuité écologique et, plus grave encore, la fermeture du corridor utilisé depuis un temps immémorial par les grands animaux, cervidés notamment.

Le retrait de l’Etat en matière de compétences et par voie de conséquence des financements des infrastructures envisagées initialement lors de la construction de cette double voie, se traduit concrètement à l’heure actuelle par des accidents à répétition provoqués par la traversée des animaux obligés d’emprunter la chaussée dans leurs tentatives pour aller et venir de la forêt de Chantilly à la forêt d’Halatte.

Vital pour la survie de la faune, ce corridor n’existe plus sur le terrain avec tous les risques que cela comporte pour l’ensemble des usagers : accidents physiques ou matériels, écrasement des animaux, risques certains de collisions pour les hommes comme pour la faune, animaux qui retournent sur leurs pas en raison des obstructions dressées sur leur chemin à Saint Nicolas d’Acy, Saint Léonard, Avilly et Courteuil.

 Comment rétablir la continuité écologique ?

 Et pourtant une cohabitation est possible sous réserve de mettre en place les ouvrages indispensables à une circulation des animaux, petits et grands, dont la mortalité ne cesse de croître faute de n’avoir pas assuré les éco ponts indispensables aux mouvements des espèces de plus en plus perturbées par la destruction de leurs habitats naturels et l’envahissement de leur territoire par les infrastructures lourdes.

 Une approche rationnelle de cette cohabitation, devenue urgente par la nécessité de sauvegarder la vie dans les forêts de l’Oise, doit se faire en tenant compte de la biodiversité au même titre que du développement économique.

 Autrement dit, les éco ponts ont pour vocation de résoudre les problématiques de terrain, après identification du corridor majeur de la grande faune faisant partie du schéma régional de cohérences écologique.

 La situation actuelle impose en effet au gibier de franchir la RD 2x2 voies reliant Senlis à Creil et pose ouvertement le problème de la sécurité routière et de l’accidentologie grave, potentielle et effective, comme en témoignent les dépositions recueillies par l’enquête publique.

La construction des ouvrages de franchissement répond donc à deux impératifs :

  • assurer la sécurité des usagers des voies de circulation ;
  • protéger et assurer la survie de la faune sauvage, petite et grande, sur le territoire.

Ces dispositifs en nombre suffisant sur la RD 1330 doivent être complétés par des solutions adaptées aux besoins des espèces et aux biotopes, tels que la suppression des murs en béton et la mise en place d’écuroducs.

Le support de la continuité écologique

 Le département de l’Ain a géré cet impératif écologique par la mise en place d’un prototype qui constitue un modèle en la matière : l’éco pont de Péron.

 Les données techniques de l’ouvrage donnent les éléments de base pour une réflexion similaire dans le département de l’Oise sur la RD 1330 reliant Creil à Senlis.

 D’une longueur de 31 mètres pour 20 mètres de largeur, l’éco pont affiche une hauteur sous le tablier de 4.60 mètres, des écrans en bordure de l’ouvrage de 2.70 de hauteur, 4 murs en aile et 2 km de clôtures de rabattement le long de la route.

 Cet ouvrage a été végétalisé et devrait être testé et validé en ce qui concerne le bruit, dissuasif pour les animaux qui n’osent pas s’y aventurer lorsqu’il est excessif, i.e. le souterrain de l’autoroute A1 en forêt d’Ermenonville. 

 L’architecture financière du projet

La structure financière de cette construction dans le département de l’Ain s’articule autour de 3 piliers :

 a. 20% Fonds départementaux

 b. 20% Fonds régionaux

 c. 60% Fonds européens : FEDER

Sur la base d’un budget initial prévu de 1.900.000€ arrondi à 2 millions d’euros, le coût de la construction s’avère d’un tiers inférieur aux chiffres avancés par différentes sources du Département de l’Oise pour un seul éco pont, estimé à hauteur de 3 millions d’euros et une appréciation globale du budget à 10 millions d'euros pour les 3 éco ponts nécessaires !

 Sur cette base comparative la construction de 3 éco ponts comme il a été proposé pour subvenir aux besoins de circulation de la faune, petite et grande, entre les forêts de Chantilly et d’Halatte s’élèverait à 6 millions et non pas à 10 millions (chiffrage circulant actuellement et objet d'une négociation entre le coût et le nombre d'ouvrages).

 Le financement serait assuré dans cette hypothèse contributive de 1.200.000€ pour le département, autant pour la région et 3.600.000 pour le FEDER.

 L’argument majeur avancé par le Conseil Départemental est son incapacité actuelle à assurer le nombre suffisant d’éco ponts.

 Sources alternatives et innovantes de financement des infrastructures publiques

 Des alternatives existent à l’engagement des collectivités locales, elles font l'objet d'une rubrique spécifique du Ministère de l'Economie à usage des collectivités locales, tel que le financement participatif pouvant atteindre sur la base d’une contribution citoyenne des Hauts de France d’un euro, 6.009.976€ (chiffres de population 2015).

 Les forêts de France, celles de l’Oise en particulier, riches d’une faune qui peine de plus en plus à survivre en raison de l’envahissement des zones naturelles par l’homme, sont le bien le plus précieux que les citoyens(nes) ont reçu des générations passées.

 La situation est critique, à double titre, et pour l’homme et pour l’animal. Par la voix des associations les riverains et usagers s’adressent aux pouvoirs publics afin qu’ils apportent les solutions adéquates dans les meilleurs délais.

            Nos routes ne peuvent pas être ni demeurer le cimetière des animaux

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