Le plus grand des crimes contre l'humanité est de la réduire à l'état de ressource. [Killer Ethyl]
Le fantôme d'Hernan Cortès est internationaliste depuis longtemps. Il poursuit autour de la planète, sur les traces de son trisaïeul Gengis Khan, la quête vampirique de Caïn. Pour preuve j'ai vu hier soir, au-dessus de la basilique de Saint-Denis, la tête vivante de Louis XVI modelée par Daumier pour Alice s'élever en une montgolfière géante. Il affichait un large sourire d'auto-satisfaction joviale dont la bonhomie avait quelque chose de très hollandais et il chantait du Neil Young dont il ne comprenait pas les paroles. Je ne les comprenais pas non plus mais je savais que le retour du fantôme de Cortès y est explicite, car je venais de fumer la partition entière inscrite en micro-filigranne dans la trame de la feuille grand format dont j'avais usé selon l'orthodoxie de l'artisanat jamaïcain pour ma dernière cigarette. CQFD. Quand au rapport qui se trame par là de Windows8 à Mme El Khomri, si vous ne l'avez pas déjà établi et n'êtes pas passé à autre chose le voilà qui suit, c'est un rapport confidentiel dont je vous livre là tout le contenu car je ne peux pas faire taire ma source.
Windows 8 ne cesse de m'agresser à coups de pope-cornes... euh... de pop-upes dans les coins, tendant à me contraindre à n'utiliser que les applications par défaut de l'O.S. Ca m'agace jusqu'à l'os.
On sait que l'éducation nationale a passé contrat avec Microsoft pour notre parc informatique pédagogique, sous Windows à partir de la version 10 donc, dis-donc. Ca m'affale jusqu'à la moële.
Je vais leur tailler un costar, à W8.1 et à Educ Nat (quel pseudo stupide, déjà!) :
L'ergonomie de tous les systèmes d'exploitation jusqu'à cette version de Windows avait pour concept la "métaphore du bureau" et proposait un "environnement de travail". C'est un peu beaucoup ce qui fait la qualité première de l'outil informatique en soi, à mon sens. C'est carrément le fondement même de la "révolution numérique et multimédia" que de fournir à beaucoup de monde (mais seulement 42% de la population mondiale aujourd'hui il ne faut jamais le perdre de vue), un "environnement de travail" dans lequel on peut accéder réellement à un ensemble complet de fonctions bureautiques et multi-média et à l'immensité archivique et vivante internautique. Un outil de construction d'efficience, de connaissance, d'épanouissement personnel par l'auto-organisation autant des contraintes administratives de la vie quotidienne simplifiées que des espaces et outils de culture, d'information et de création, maximalisés et réellement ouverts. Complètement ouvert et complètemet "libre" (sauf de ne pas être surveillé)... pour qui apprend à trouver son chemin dans une jungle (ce n'est presque pas une métaphore), ce à quoi un "environnement de travail" fondé dans une "métaphore de bureau" est parfaitement bien adapté. Oui on sait tout ça.
Depuis W.8, la comparaison d'images ci-dessous est suffisamment éloquente à dire le nouveau concept d'une métaphore du supermarché proposant un environnement de consommation, où les chemins sont déjà bien balisés vers l'exhibition de la carte bancaire pour le télé-achat :
Agrandissement : Illustration 1
Agrandissement : Illustration 2
N'est-il pas réjouissant de penser que nos bambins, sous les modèles pédagogiques révolutionnaires induits par la marche inexorablement Naturelle du Progrès numérique, auront grâce à l'Oncle Microsoft une chance d'aborder l'ennui scolaire du pré-formatage grammatical minimal, hélas encore requis pour accéder aux joies de l'emploi dérégulé de la ressource humaine, avec le même enthousiasme qu'ils prépareront la visite promise à Disneyland toujours différée pour cause de flexibilité des emplois parentaux et d'épuisement de leurs capacités de surendettement?
Des bébés de nationalité américaine, outre que nés déjà surendettés, se voient apposer des puces sous-cutanées émettrices de données d'identification, de localisation, et d'autres contrôles au moins potentiels par des bornes, des satellites... J'espère que ces bébés devenus adultes, cibles idéales de drônes ou de leurs propres frangins en armures téléguidées, n'auront pas acquis l'aboiement pour le mécontentement et la peur devant le fouet, l'applatissement ventre en l'air pour la soumission à celui-ci, l'agitation de la queue pour la satisfaction devant la gamelle et le savoir du faire caca dans le caniveau comme formes suffisantes de la communication et du comportement dans le paradis financier technocratique réalisé promis aux peuples, au terme de cette spirale des "critères de convergence", des "plans de redressement" et des "Lois anti-travail" esclavagistes.
Notre gouvernance pense-t-elle que de greffer à nos gamins les oreilles de Mickey, plutôt que de les rendre essentiellement désireux mais existentiellement frustrés (et néanmoins obèses) d'une carte bleue dorée toujours inaccessible, les fera mieux informés et mieux intelligents du monde qu'ils vivent et qu'ils vont perpétuer, les rendra mieux responsables de leurs actes et mieux épanouis en son sein?
Voilà bien le genre de gigne dont les gestionnaires de variables d'ajustement hissés aux leviers oligarchiques de la gouvernances mondiale des peuples n'ont pas le moindre soucis.
C'est précisément l'absence de ce genre de soucis qui fonde très communément le concept d'"individu sans scrupule" et ses variantes vernaculaires de"salaud" et de "pourri", comme elle fonde non moins communément la rationalité froide substantiellement conditionnelle des modèles d'efficacité opérationnelle "mafieux", lesquels n'ont hélas rien d'une métaphore.
Comment nos dirigeants actuels pourraient-ils prétendre pouvoir échapper, face à leurs propres actes, "les yeux dans les yeux", au mépris de ce jugement porté par l'opinion des personnes constituant ce public qu'ils méprisent activement eux-même, bernent et précipitent dans les cycles de déchéances morales et physiques dont la praxis imposée depuis plusieurs décennies meût ces projets de loi successifs en spirale vertigineuse, qui semble toucher le fond de son abîme infernal avec le projet de loi El Khomri.
Il reste bien peu d'étapes avant le seuil des camps de travail obligatoire (à partir de quel âge?), où l'on sera peut-être content de trouver de la soupe chaude et un abri plus ou moins chauffé, sur une durée flexible susceptible d'être optimisée, pour les coureurs d''emplois volontaires les plus compétitifs, par leur capacité adaptative à une mobilité et à un stakhano... oups, pardon, à un indice de performance, maximalisés.
Est-ce bien celà, la "liberté d'entreprendre et de commercer sans distorsion de la concurrence"?
Se résume-t-elle en l'acquisition et en l'exercice impitoyable du pouvoir, optimalement technocratisé depuis la forme de la balle jusqu'au logiciel dédié installé dans la cervelle qui décide de la tirer à ces fins de spolier, d'opprimer, de découper, construire, définir et déterminer, des foules vivantes d'êtres humains à la seule finalité de les réduire en ressource? Cette finalité se trouve même amplement proclamée, promue et détaillée sous une foultitude croissante de termes techniques experts censés composer sous formes de lois les formules d'application de sciences dites humaines justifiant les pires exactions (les pires extractions) envers des masses de millions voire de milliards d'êtres humains.
Comment nous étonner qu'on nous considère comme des chiens et qu'on attende de nous le même comportement, lorsque nous savons qu'on veut nous saturer de puces, qu'on s'en vante même comme d'un progrès pour l'imbécile raison que l'ignoble objet est très très compliqué mais tout petit, qu'on nous conte et qu'on nous vend ce lamentable niveau d'indice de satisfaction comme l'apogée de notre futur.
Comment nos gouvernants pourraient-ils de bonne foi s'étonner d'être l'objet, au terme de l'usage de notre faculté critique et de l'usure de notre capacité de sursseoir à notre indignation envers eux, au moins d'un mépris réciproquement dénué de pitié, quand ce n'est pas d'une pure et complexe haine?
Cette haine en quête désirante perpetuelle d'objets partiels de vengeance immédiate, qui génère le substrat authentiquement populaire des véritables fascismes, dont les faisceaux se lient bel et bien de la base au sommet pour qu'en redescende encore mieux la puissance d'oppression sur de nouvelles sous-foules découpées à cette fin dans les bases de données imaginaires et affectives identitaires incessemment ré-actualisées par les armes au bout des fictions propagées.
Cette haine si rentable pour les logiques du marché dérégulé où il apparaît explicitement plus moral, plus légal, plus "démocratique" même, pour de rares particuliers abrités derrière des "personnes morales(!)" constituées en S.A. capitalisées en bourse, de vendre, d'acheter et de se servir d'armes jusqu'à des échelles étatiques globales, qu'à des états élus de tenter de réduire la pression de contrats d'endettements insoutenables sur les conditions de vies (que dis-je?!... de tonte!) de leurs peuples.
Les tondeuses sont si performantes aujourd'hui qu'elles peuvent aller jusqu'à dépecer le mouton vivant, comme on le voit en Grèce après que celà fut pratiqué et se pratique toujours depuis des siècles sur les continents maintenant en apparence "post-colonisés", et celà fait néanmoins partie de ce qui se nomme et se revendique "progrès" au point de s'en affirmer la part essentielle sous la forme d'une idéologie qui se présente comme scientifiquement fondée à promouvoir cette praxis de squale (c'est à dire de poisson rouge sur-armé) comme apogée du devenir humain!
Le concept de "trahison", qui court lui aussi dans l'opinion jusqu'à faire frémir la surface épaisse de la soupe médiatique, bien que celui de "fortaiture" ait été abrogé avec les articles correspondants en 1994, a toujours bel et bien sa place dans le droit constitutionnel.
Comment qualifier ces gouvernances pourtant constitutionnellement Françaises qui depuis Giscard d'Estaing les unes après les autres ont cédé, vendu, abdiqué, bradé, joué et perdu, secteur après secteur, entreprise après entreprise et jusqu'aux fleurons de sa haute technologie militaire, la totalité des réalités matérielles et actuelles d'un "bien public" constituant de ce qu'il pouvait jusqu'alors convenir d'appeler, peut être avec quelque sens, une "Nation"? N'est-ce par par cette construction et cet usage d'un "bien public" qu'une "Nation" peut être objectivement vécue par un "peuple", qui la crée de ses compétences appliquées convergentes à bâtir la viabilité d'un espace commun de satisfaction? Dois-je citer des sources académique pour me justifier de telles affirmations? Non que j'en ai tellement nostalgie, de la "Nation", mais ma foi il faut bien essayer de comprendre ce que veulent dire ou ne veulent pas dire les politiques qui l'utilisent ou parlent de "La France" comme si c'était autre chose que des personnages de fiction (et si on remplaçait pour Marianne le buste de Brigitte par celui de Marine?... on y perdrait en érotisme mais pas en vérité, la France ressemblerait davantage à la Mère Denis, ce qui lui irait aujourd'hui bien mieux qu'à Bardot : c'est bien elle -la mère Denis- qui est sur-exploitée et aliénée aux marques de consommations, pas B.B.).
"Un peuple qui crée de ses compétences appliquées convergentes la viabilité d'un espace commun de satisfaction", disais-je en substance. Mais un espace commun de satisfaction de quels "besoins"? En proportion des réalisations technologiques que nous produisons, ces "besoins" sont a minima ceux d'une vie dépassant le niveau de la narine hors de la fosse à purin pour profiter de sa propre production. Oui, c'est bien le point de vue fondateur marxiste simplement assumé, tel que vraiment trop peu de politiques le formulent encore ainsi (en dehors de Jean-Luc Mélenchon qui de ce fait représente aujourd'hui pour moi le seul et unique canditat votable à des présidentielles).
La narine hors de la fosse à purin c'est le logement, la subsistance, le temps et les moyens de la communication, de la perpétuation et de la jouissance des arts et de la culture, ainsi que de son application à une compétence politique citoyenne permanente. Cette garantie de survie au niveau de qualité de la production, cette jouissance d'une temporalité, de pouvoirs et outils d'épanouissement et de responsabilité publique, il me semble qu'une topie juste de l'organisation sociétale les supposerait d'emblée acquis, par principe.
Dans ce sens un groupement humain ne peut se qualifier positivement de "civilisation" que de ce fait même d'assurer cette base en fonction de ses propres potentialités productives. Je me permets d'adosser rapidement mes propos, sans tenter de développer davantage, au sûrement trop peu que je connais des développements de Bernard Friot sur les questions de la valeur et du salaire, en tout cas de ce que j'en retiens et pense en avoir compris. J'ai bien retenu en tout cas de la part de nombreux analystes que je ne saurais pas citer, que nous possédons à la fois assez de ressources renouvelables et des moyens technologiques et organisationnels suffisants à assurer aux habitants de cette planète, en équation absolue abstraite, un partabe équitable de ces possibilités et de leur perpétuation. Faut-il les croire mieux que leurs contradicteurs? Quoi qu'il en soit de ce débat d'expert, et la fiabilité scientifique des humanités dites sciences étant ce qu'elle est, je préfèrerais quoi qu'il en soit qu'on essaye de construire de la paix comme disent les uns plutôt que de chier de la guerre à diarhée force 10 comme font les autres.
- c'est ici que l'on devrait commencer sans doute, pour une thèse, à développer des hypothèses de systèmes de participation démocratique à la vie publique et aux décisions.
- Ici également qu'il faudrait commencer à traiter en parallèle la question des solutions de continuité entre économies locales et économie globale en ne se contentant pas de se réfugier hâtivement derrière les figures de Friot, de Généreux ou de Lordon, et c'est ici que j'interromprai cette embardée de mon dérapage pour reprendre sa ligne éditoriale d'inventaire invectif généraliste indigné.
Il faut pour celà que l'espace dit "politique" soit bien le lieu de construction d'un "vivre ensemble" dont le golem reste contrôlé par le peuple qui en produit la forme et l'énergie vivante incarnée, au lieu de cette inversion des contrôles que nous subissons, où comme le chante Allen Ginsberg dans "Howl" c'est un Moloch insassiable qui gouverne les créatures dont il se nourrit.
Les Américains eux-même, je veux dire le peuple américain déjà composé, pour le meilleur et pour le pire, à la racine même de sa nationalité, de pratiquement toutes les ethnies, toutes les langues, toutes les religions planétaires, nous met en garde et nous appelle au-secours (si si) depuis longtemps. Ils nous mettent en garde et nous appellent au secours, et nous enseignent aussi leurs propres résistances si l'on veut bien ne serait-ce que les regarder. Et cela depuis leur fondation, dans leur langue par leurs poètes, dans leurs pratiques résistantes d'autonomie groupusculaire par leurs dissidents a-marxiens déserteurs du Viet-Nam et fondateurs des communautés locales autonomes de subsistance et d'habitats, dans leur musique multicolore dont limiter l'impact fédérateur planétaire à un succès de stagégie d'hégémonie commerciale serait une erreur de lecture phénoménale (on s'y étend bien ailleurs dans ce site), et par l'histoire même de son propre syndicalisme qui n'a pas connu moins d'héroïsme ni moins d'horreurs et de martyrs que le nôtre pour la défense des mêmes intérets dans le même laps de temps. Normal, ils sont en première ligne depuis les fondations mêmes de la territorialisation puis de la déterritorialisation de leur économie.
Mme Manuela Cadelli, présidente de l’Association syndicale des magistrats de Belgique, s'est permis de conclure son analyse à charge de la situation économico-politique globale par le choix de son titre, "le néo-libéralisme est un fascisme". On pourrait reprocher l'inadéquation du terme en fondant le reproche sur le fait que le fascime est un hyper-étatisme quand le néo-libéralisme se proclame de l'inverse absolu, prétend l'appliquer et l'applique bel et bien en détruisant l'une après l'autre sur toute la planète les souverainetés étatiques qu'il s'est alliées (ses alliés-nés, comme les pays européens) ou qu'il a "libérées" d'elles-mêmes (ses alliés-vous-faire-foutre comme l'Irak, l'Afghanistan, hier l'Iran...). Mais au contraire c'est cet oxymore qui fait sens : la théorisation du néo-libéralisme n'est en vérité qu'un vaste sophisme fondé sur le déni de réalité de sa praxis de tendance acharnée, depuis plusieurs décennies, à la monopolisation de la violence armée, qui est le plus traditionnellement la définition "en dernière analyse" à peu près universellement retenue comme valide de ce qu'est en soi "l'Etat". Cette logique de l'oxymore rejoint exactement celle que décrit Frédéric Lordon dans son article "La menace protectioniste – ce concept vide de sens" (que le bon Maître pardonne au demi-sachant de le citer et de ne pas savoir tourner cette excuse en Grec ancien 😛 ).
Mais il faut alors je crois aller plus loin, plus juste, plus fort, car l'approximation de ce concept de "fascisme" fait encore un peu trop loucher sur nos nombrils européens il me semble. Ce qui nous assaille conduit son offensive en instaurant sur les territoires conquis ou en cours de conquête des procédures que l'on peut bien qualifier ainsi, un peu à la louche, de "fascistes" en ce qu'elles instrumentalisent précisément l'Etat réduit à la plus simple fonction d' asservir les populations à un nouvel Ordre arbitrairement imposé, mais il me semble que la notion vraiment adéquate à ce qui motive et anime ces procédures est celle de néo-colonialisme global.
Ce concept de néo-colonialisme global il ne faut surtout pas le lire comme édulcoré, adouci, euphémisé par le "néo" qui en lui même serait porteur des potentialités d'ouvertures progressistes de la "nouveauté" parée des attours, des vertus et des attraits de la Jeunesse éternelle.
C'est surtout "colonialisme" qu'il faut lire, dans toute les dimensions inchangées, de mémoire de Gengis Khan, de sa violence prédatrice, destructrice de civilisations entières à fin d'accaparation de leurs ressources territtoriales et humaines confondues sous toutes leurs formes, par tous les moyens, sans pitié ni trève ni merci, jusqu'au camp de travail forcé sous expérance de vie maximale de quelques mois seulement s'il le faut.
Et le "néo" n'apparait plus du tout alors comme euphémisation porteuse d'un coeur d'espérance, mais au contraire dans toute la magnitude de l'immonde progression des moyens technocratiques d'efficience militaire et policière, des instruments létaux vecteurs de tous les types de morts atroces possibles et inimaginable, armes spécialisées de guerre territoriale totale à grande échelle comme de micro-guérilla urbaine, méthodes et outils de généralisation et d'affinement de la surveillance et du contrôle des masses jusqu'aux organes individués des individus, de manipulations génétiques, de robotisations de fonctions militaires et de police de toutes les sortes, techno-sciences de la cognition qui, dans la foulée des sémiotiques et autres narratologies instrumentalisées par les modalités publicitaires de la propagande, s'essayent maintenant avec semble-t-il un certain succès à la neuro-programmation du travailleur/consommateur dès le berceau par l'occupation et la gestion intrusive de son temps de cerveau disponible et lui colle des puces sous la peau...
Et le "néo" dit aussi autre chose, qui induit le "global" de ce colonialisme et n'est pas en soi le totalitarisme. Le colonialisme est totalitaire par définition, je n'utilise pas "global" pour son synonyme tautologique mais bien pour désigner le globe planétaire. C'est le territoire politique à conquérir, essentiellement, qui a changé, dans sa notion et sa projection mêmes.
Un "territoire politique", il faut d'abord s'entendre, n'est jamais réel que par les institutions de procédures matérielles qui le délimitent et l'amménagent en ce sein ; l'image la plus éloquente est celle du Borgia traçant au compas la limite des possessions espagnoles et portugaises sur le territoire physique américain du sud tout juste découvert, et de nos jours toujours celle du continent africain divisé en "pays", dont les frontières sont littérallement apposées comme une couche de calque sur une réalité humaine d'une grande profondeur historique qui n'a que bien peu de rapports avec ce découpage projeté par les partages d'intérets occidentaux au pillage des ressources, on le sait. Il n'en va pas si différemment de n'importe quel découpage frontalier actuel sur tout continent, eusse-est-ce été au fil de mouvements d'ajustements frontaliers bien plus complexes dans le cours de l'histoire que quelques traits de règle et d'équerre sur une carte (des historiens sauront, j'en suis sûr, étayer ou/et infirmer cette affirmation de sources et de références et des grammairiens corriger mon subjectiv -Lordon?-).
Le territoire soumis à cette offensive néo-coloniale globale n'a plus à voir qu'assez secondairement avec les territorialisations politiques physiques, à peine considérés comme des instruments provisoires interchangeables et jetables ormis les grandes zones de contrôle géostratégique des ressources majeures. C'est bien ce qu'indiquent les termes de "mobilité" et de "délocalisation". Le territtoire est la ressource humaine en elle même, globalement, considérée hors de toute notion concernant sa vie matérielle à commencer par l'endroit où elle vit, la ressource humaine explicitement séparée de tout ce qui peut constituer les attaches matérielles, affectives et culturelles d'un être à un lieu, la ressource humaine au sens strict en tant seulement qu'on a besoin ou pas d'en consommer pour produire de l'énergie-travail, bref c'est la main d'oeuvre, en tant seulement qu'elle est taillable et corvéable à merci, qui vaut territoire et qui doit être conquise sur un mode "dérégulé".
"Dérégulé"? Mais que voilà encore un joli retournement sémantique de vérité factuelle! La loi El Khomri, en tant qu'elle est totalement contraignante pour les travailleurs qui la subissent n'a rien d'une "dérégulation". C'est une astreinte, par la pure et simple puissance de la menace de mort, à des cadres de contraintes déplaçant le seuil de normalité de la relation de travail au niveau de sa régulation la plus basse, celle de la contrainte absolue à la tâche pour une contrepartie qui n'est explicitement plus censée pouvoir assurer avec certitude, même à court terme, ne serait-ce que les conditions résidentielles et alimentaies de la survie de la personne.
C'est peut être une "dérégulation de marché", mais qui ne peut s'exercer sans cette contrainte légale hyper-règlementaire à l'hyper-exploitation de la ressource humaine portée à son seuil de pression maximale, c'est à dire à son seuil de prise en compte des intérets des acteurs réels le plus bas... en quoi Mme Cadelli n'a pas tout à fait tort, encore une fois, d'avoir recours à la charge sémantique du concept de "fascisme" si l'on n'en retient que la dénotation "totalitaire" et le fait que la vie humaine et les conditions de son épanouissement n'y représentent pas en soi une valeur, mais le fascisme est loin d'être le seul régime à s'en caractériser (il me semble que "néo-féodalisme" serait plus adéquat mais ce serait un autre post).
Le nouveau calque apposé sur les territorialisations antérieures pour définir le nouvel espace de conquète, est un calque blanc à effaçage rapide, une sorte de continent global virtuel fluide de cette hyper exploitation règlementaire du travail, qui décolle littérallement la main d'oeuvre de tout sol territorial concret, de façon générale de toute réalité concrète hors de ses indices de performances.
Vous allez me dire qu'il n'y a là rien de très nouveau, que je réinvente la roue en me livrant à une démonstration néo-troskyste pas très originale appelant inévitablement à l'internationalisation de la conscience et de l'organisation de lutte de classe et que je n'avais qu'à commencer par là. Sans doute, et d'ailleurs c'est bien ce que j'ai fait sous une forme métaphorique. So what, comme disait Miles Davis? Quand une roue cesse de tourner il faut lui redonner un petit coup de manivelle, et une vérité n'est pas vraie juste du fait d'avoir été énoncée une fois mais du fait qu'elle peut l'être encore avec une identique justesse quand elle s'avère suffisante à rendre compte d'une réalité.
Ce qu'il doit se passer, ce qu'il est très probablement en train de se passer, dépasse de pas mal de degrés sur l'échelle de Richter la portée d'un changement de constitution de la petite république bananière dite française il semble. Nous ne sommes au bout ni de nos peines et de nos souffrances, ni de nos doutes, mais pas non plus au bout de nos capacités et de nos... non non, pas "espérances" mais créations, dans l'ici et le maintenant....
... et puis, et puis... ces mots valent-ils mieux que le silence? Il est impossible de tout dire en une seule phrase.
.... et puis, et puis....il m'arrive trop souvent de penser que je ne suis qu'un membre plus ou moins enthousiaste de l'orchestre du Titanic, ou mieux, un habitant des derniers étages de la tour infernale qui commence à trouver bizarre que son cigare éteint dans la pièce voisine produise tant de fumée noire alors qu'il est justement en train de se demander s'il va se jeter par la fenêtre à cause d'un chagrin d'amour, ou un employé de l'une des Twins qui le 11/09/01 sent le plancher se retirer sous ses pieds et le plafond lui tomber sur la tête en conclusion de la même question qu'il se posait pour des raisons toutes différentes dans un nuage de fumée pourtant semblable. Je n'aurais pas aimé finir ainsi (nb : je ne parle que de la conclusion de cette baffouille, ce n'est pas encore un projet d'épitaphe bien que les associations d'idées puissent prêter à confluxion).