La récente attaque du ministre Peillon contre les CPGE et, entre autres, un récent article signé d’un universitaire (Ch.Pebarthe Sud-Ouest du 31 décembre dernier) signent le «combat» permanent entre poètes nomades et laboureurs sédentaires : inspiration contre transpiration !
Pourquoi ne pas vouloir reconnaître que nous avons besoin des uns et des autres, que les poètes peuvent se découvrir un jour laboureurs et vice-versa ? Pourquoi les uns voudraient-ils imposer leur loi aux autres au nom d’un dogmatisme aux œillères évidentes ?
Cette lutte signe le cloisonnement mortifère d’une société où l’enseignant ne peut (ne veut ?) comprendre le chef d’entreprise et vice-versa, où l’intermittent du spectacle et le fonctionnaire ne peuvent se voir qu’en peinture, où l’universitaire et le prof de prépas se déchirent à belles dents !
Possesseur d’un baccalauréat signant des compétences plus que douteuses dans la plupart des matières de base et une structuration intellectuelle bien défaillante, le jeune français est placé devant un choix simple : respirer à la fac ou transpirer en prépas?
Pourquoi ne pas lui laisser le choix entre cette liberté surveillée de la faculté, ouvrant à ses lacunes une forme d’évasion « par le haut », et le cadre strict de la classe préparatoire qui le met face à ses manques et lui propose une forme de reconstruction « par la base » ? Les deux démarches peuvent amener au Nobel !!
En toutes matières, au moins deux approches sont possibles. Tel professeur de chant insistera d’abord sur le travail de l’aigu de la voix, tel autre sur celui du grave, les deux souhaitant au final probablement la même qualité d’expression vocale. Telle entreprise fonctionnera mieux grâce à une direction forte, telle autre aura une productivité optimisée par un pilotage collégial.
Seul l’artiste-nomade confronté, par nécessité vitale, à la gestion d’une structure pourra comprendre l’importance du rôle du comptable-laboureur. Seul le fonctionnaire désireux de mieux chanter en vrai amateur pour sa chorale pourra imaginer les difficultés du soliste lyrique qui doit se maintenir en forme vocale quotidienne, même s’il ne se produit que de temps en temps…par intermittence !
Mettons un chef d’entreprise face à une classe de 35 adolescents dont la durée de concentration a été réduite au format « série » (soit environ 26mn ) pendant deux heures pour qu’il comprenne la charge nerveuse que cela représente ! Mettons parallèlement un enseignant à la direction d’une entreprise pendant une journée pour qu’il saisisse les enjeux mélangés du court, du moyen et du long-terme, avec leurs incidences sur la population concernée !
Si nos politiques de droite et de gauche sont capables de méfaits semblablement dévastateurs, c’est bien à cause d’un dogmatisme qui oppose trop systématiquement chasseurs-cueilleurs (suivant les cas, de gauche ou de droite) et cultivateurs (idem)…
I have a dream… !