Si on lit Mediapart, on apprend que les syndiqués représentaient 30% des travailleurs en 1950 et que, de nos jours, les syndiqués ne sont plus qu'une infime partie de cette " classe ouvrière" en soi ( et non " pour soi" : consciente de ses intérêts de classe). 93% des travailleurs ne sont plus syndiqués.... La délocalisation des usines, la remise en cause des statuts et des droits, la précarisation qui en résulte, affaiblit toujours plus les syndicats et la classe ouvrière, face au néo-libéralisme triomphant.
Mais les appareils confédéraux des syndicats sont aussi directement responsables de cet effondrement de leur base sociale car jamais, au grand jamais, ils n'ont voulu organiser une lutte unie centrale contre l' Etat néo-libéral et ses gouvernements ! Toujours, les rares fois où cela s'est produit, ce sont des "groupes gauchistes", comme on dit au sommet des appareils, qui ont déclenché la grève générale et le Front Unique, les appareils confédéraux étant débordés, comme en 1968.
Toute leur " lutte" revient à reprendre le contrôle du "train" qui leur a échappé en faisant échouer le mouvement d'ensemble.Voir l'accueil furieux que les ouvriers Renault de Boulogne Billancourt ont réservé au SG de la CGT venu leur présenter les " accords" de Grenelle conclus avec Chirac. L'honorable apparatchik s'est bien gardé d'organiser un vote et a fait semblant de ne pas entendre les cris des ouvriers rassemblés. L'appareil a imposé ces " accords" qui enterraient l'essentiel de la grève générale.
Il y a donc très très longtemps que les appareils confédéraux ont refusé tout affrontement centralisé avec l'Etat bourgeois. Et la situation d'affaiblissement de la classe ouvrière a renforcé encore cette chape de plomb bureaucratique qui ne doit ses carrières et sa survie qu'aux subventions ....de l'Etat !!
Ce ne sont pas les 7% des travailleurs syndiqués qui font vivre par leurs cotisations les centrales syndicales mais l'argent dispensé par l'Etat.
Il serait bien difficile d'organiser une lutte centralisée, contre un Etat à qui vous devez votre survie comme organisation ...
Cette intégration des appareils confédéraux à l'Etat bourgeois est la cause fondamentale de leur refus de prendre l'initiative pour autre chose que des revendications catégorielles, soigneusement et artificiellement séparées les unes des autres. Car elles ont en réalité toutes les mêmes raisons : la destruction systématique et progressive des réformes sociales de l'après guerre ( 1945) et la polarisation des richesses sur le pôle bourgeois, infiniment minoritaire mais devenu tout puissant.
En conséquence, j'estime que la démarche des auteurs de ce billet de blog ( Aguitton ) reste hautement ambiguë et passe sous silence la vérité historique de la capitulation des appareils confédéraux des syndicats.
Quant à Mélenchon, il cherche tantôt d'une manière, tantôt d'une autre à lever ces obstacles pesants à un Front Unique, capable de renverser le gouvernement Macron/ Borne et de déclencher une dissolution de l Assemblée constamment bafouée par le Bonaparte. Mais si le front parlementaire est dissocié de la généralisation des grèves et de la réclamation d'un Assemblée Constituante pour la VIe République, réclamation que seule peut imposer justement une levée en masse unie et en grève des travailleurs (euses), alors les tergiversations de JLM ne conduisent à rien sauf à crier Victoire à chaque défaite que le néo libéralisme macroniste inflige au salariat à coups de 49-3.
Mieux vaudrait tenter de construire un front uni syndical et politique si c'était possible ( très difficile) tout en essayant de passer par dessus les verrous d'airain des appareils confédéraux des syndicats et des appareils politiciens....
Le brouillard de la confusion subsiste. L'incertitude règne en maîtresse tandis que Macron le destructeur ne cesse d'avancer.