Je suis entrée en résistance au mois d'août 2024, contre le projet de construction de l'autoroute A69 TOULOUSE -CASTRES .
Il m'était impossible de me rendre avant sur les sites en lutte, même si je suivais au quotidien ce qui se passait et même si j'assistais, à distance, à l'ultraviolence répressive qui s'abattait sur les opposants, les écureuil.les perché.es dans les arbres, dans leurs cabanes, sans ravitaillement, ultra-violence aussi sur les opposants au sol .... Il m'était impossible de me rendre là bas, pour les aider, les soutenir, participer à résister à cette incroyable injustice qui était celle de détruire les terres, couper des milliers d'arbres, massacrer les zones humides et toute la biodiversité qui y trouvait refuge, massacrer les ripisylves, assécher les ruisseaux et détruire les nappes phréatiques, privant les villages de cette eau précieuse, saccager le château de la Crémade située à 20 m du tracé, saccager aussi la parcelle du château de Maurens-Scopont classé au patrimoine, son parc arboré et sa zone humide située à 180 m du tracé....La distance règlementaire c'est 500 mètres ! Mais, lorsque j'ai vu la vidéo des tentatives de meurtres par le feu, à Bacamp, sur les militants opposants, en août 2024, j'ai foncé à la ZAD sans réfléchir, comme un instinct de survie, du plus vite possible. Cet instinct de survie, ce n'était pas le mien, mais il l'était par procuration que l'on peut nommer aussi, " empathie", " humanité", ou encore, " on ne touche pas aux copines et copains de la lutte pour sauver le vivant".... Un vrai instinct de guerrière ! Je suis donc devenue Zadiste par obligation morale... Des mois d'enfer irracontables, inimaginables, ...Seul un livre racontera avec des mots nouveaux, ceux qui n'existent pas et qui sont encore à inventer, avec des encres de chine, des aquarelles et tous les cris intérieurs qui sont toujours indisponibles, toujours bloquées dans des cauchemars sans fin, des traumas indélébiles.... Coup de semonce pour le projet ! Le 27 février 2025, le tribunal administratif de Toulouse a rendu son verdict. Arrêt du chantier immédiat ! Victoire incroyable contre les porteurs de projets, contre ATOSCA, concessionnaire de l'autoroute, contre NGE _BTP, le maître d'ouvrage, contre l'Etat et aussi contre le président Macron qui avait engagé des fonds privés, par ses banques Rothschild, via le groupe ARDRIAN, et d'autres plus opaques. Victoire aussi pour toute cette injustice avérée des mensonges répétés, des illégalités et des malversations. Victoire contre l'omerta et la désinformation permanente, la manipulation médiatique insupportable. Maintenant, que reste t'il de cette expérience unique et irréelle d'avoir osé repartir à la ZAD ?..Quelles leçons tirées ? Quel est le constat ?... Pouvons nous espérer une victoire historique finale ? De la ZAD, à l'élargissement de la bataille, telle sera ma conclusion !
Il est nécessaire que les citoyens comprennent ce qui se joue, actuellement, avec les porteurs du projet, qui par l'intermédiaire de 4 sénateurs et députés
du Tarn, ont fait un recours pour imposer une Loi de validation qui permettrait la reprise des travaux, jusqu'au jugement final par le conseil d'État.
Cette loi est anticonstitutionnelle, puisqu'elle remet en cause le jugement du tribunal administratif de Toulouse qui a fait arrêter le chantier le 27 février 2025.
16 recours avaient été déposé qui ont permis de dévoiler les illégalités, les malversations
et le non respect du cahier des charges imposé par les directives du code de l'environnement.
Ces directives étaient pourtant actées
par le concessionnaire de l'autoroute ATOSCA et par le maître d'ouvrage, l'entreprise NGE_BTP.
Il n'est donc pas étonnant que le tribunal administratif se soit prononcé pour l'arrêt de ce chantier.
..... Vouloir défier le jugement du 27 février 2025,
imposer par cette remise en question de ce jugement, une modification de la Constitution, est un fait inédit, en France...
C'est la remise en question tout simplement, de l'indépendance du pouvoir judiciaire.
C'est vouloir imposer la suprématie de l'exécutif, par le biais des préfets qui ont autorité pour signer les arrêtés de début de travaux, sans attendre la fin des recours juridiques.
.... C'est très inquiétant et cela doit nous alerter
sur le rôle des piliers fondateurs de notre démocratie qui est le système de la séparation des pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire.
..... Lutter pour sauver les Terres, les arbres, la biodiversité et l'ensemble du vivant, devient, par cet exemple d'opposition à ce projet de construction de l'autoroute A69,
un outil de lutte pour sauver la justice et son rôle déterminant.....
C'est lutter pour sauver l'Etat de droit et contrecarrer la loi du " fait accompli" imposée
par les porteurs de projets.
C'est une évidence et une évolution délétère qui doit interpeller, à plus d'un titre, l'ensemble des citoyens ....
Et pour finir, j'ai juste envie d'écrire encore très fort, comme si je répondais à un journaliste, photographe, reporter de la guerre des ZAD..... " Et si c'était à refaire, cette bataille surréaliste, est-ce que tu la referais ? " Ma réponse serait "oui". " S'engager pour le vivant, c'est s'engager maintenant, en 2025, en sachant que l'on peut mourir pour oser sauver des arbres "