Bébé éléphant, bébé Chirac...
Alors voilà, il y des jours, comme ça, on on se sent, comme ça...
http://youtu.be/QR_1P5-Y6xs
J'ai l'impression d'une magistrale gueule de bois...
Je me sens mal, mal, mal...
Horizon bouché, enfumé, fermé...
Espoirs depuis longtemps déçus mais aujourd'hui disparus...
Vall'sés, tous mes petits espoirs, pourtant pas bien grands...
Quand même, très très fort, de me rendre nostalgique d'un Ay-ro !
Et puis, ce matin, je lis ça, et je me dis, je suis ce chauffeur de taxi au Caire ! Ce chauffeur de taxi que j'ai rencontré au détour d'une page de l'excellent livre de Mohamed Kacimi :
L'Orient après l'amour
Le seul nom de la France met le chauffeur en extase :
- Ala Rassi, ala Ayni, ya Allah, Firanca, ya Allah. Dil halawa, yabni, dal balad yabni. La France ! Quelle merveille, quel pays, quelle douceur ! Zinedine Zidane, qu'Allah lui illumine le visage. La France, vive Jacques Chirac, qu'Allah le protège. Gadaa ouallah Gadaa, un homme, un vrai, je vous jure. Si on avait rien qu'un seul Jacques Chirac à la tête d'un pays arabe, on aurait libéré la Palestine depuis belle lurette.
Le chauffeur enchaîné alors avec la profession de foi de l'homme arabe de la rue, qu'il soit de Fès, d'Alger, de Damas ou de Beyrouth :
- Quelle pourriture ce monde arabe, quelle merde ce monde arabe, quels brigands ces dirigeants arabes, ce n'est rien les sauterelles à côté des pirates qui nous dirigent. Excusez-moi, vous pouvez tenir la porte, elle ne ferme pas, merci.
Ya Allah, Jacques Chirac, le jour où il a insulté les policiers israéliens à Jérusalem, j'ai pleuré. Enfin un homme qui sait parler à ces voyous. J'ai dit à ma femme, je le jure au nom de Dieu, j'ai dit à ma femme, ya habibti, si on fait un enfant on l'appellera Jacques Chirac. Elle voulait bien la hanem, mais la hanem elle a passé la quarantaine, mais on ne sait jamais, c'est Dieu qui décide de ce genre de choses.
Ya Allah, ya Allah, donne-moi un petit Jacques Chirac, toi qui sait donner, ya Karim.
Y'a des jours, comme ça...
L'Orient après l'amour
MOHAMED KACIMI EL HASSANI
L’intégrisme commence quand l’homme perd son sens de l’humour ! Mohamed Kacimi, écrivain et auteur de théâtre, part de sa propre histoire algérienne dans les années 1960 pour retourner tous les clichés et nous donner une lecture de ce monde arabe et musulman pleinement inscrit dans la complexité méditerranéenne.
Dans cette langue française où il a appris à dire “je”, Kacimi raconte avec beaucoup de sensibilité et un sens magistral du détail ce qui tisse l’entredeux et nourrit tant de malentendus. Au fil de ces pages, une autre histoire apparaît, qui est d’abord celle d’une rupture avec l’Algérie officielle et d’un départ vers Paris.
Viennent ensuite de nombreux périples, à La Mecque, Sanaa, Le Caire, des “Illuminations” à Beyrouth, un retour à Alger ou la découverte de Jérusalem et de son théâtre cruel. Autant de voyages initiatiques qui ne laissent pas indemnes. Les draps sont froissés après l’amour…
“Il faut chercher le bonheur jusque dans la catastrophe”, lui confiait son grand-père. C’est avec beaucoup d’amour et d’humour que Kacimi se montre fidèle à ce bel héritage.
Mohamed Kacimi, né en 1955 à El-Hamel (Algérie), vit à Paris. Il a publié des romans, des essais et des pièces de théâtre, dont 1962 chez Actes Sud-Papiers en 1998, La Confession d’Abraham chez Gallimard en 2001, Terre sainte à L’Avant-Scène en 2007 et Le Jour où Nina Simone a cessé de chanter, d’après le témoignage de Darina Al- Joundi, chez Actes Sud en 2008.

