Mercredi 8 juillet.
Pendant toute la durée de la campagne électorale les membres de la Fondation Armanshahr relèvent le défi d’organiser chaque semaine des débats publics avec trois candidats.
Le débat se veut démocratique, pour cela il se déroule en deux temps
Dans un premier temps les participants doivent présenter leurs programmes et expliquer la manière dont ils comptent s’y prendre s’ils deviennaient présidents.
Ensuite s’instaure un face à face avec le public présent au débat.
Ce jour là les participants étaient: les candidats Hakim Torsan, Yacin Safi et Akbar Oria. La plupart des gens ne les connaissent pas.
Tous avait promis la veille d’amener au moins une centaine leur sympathisants mais les sièges sont vides pour la plupart. Le début de l’événement est prévu à 14h00.A 15h00 les candidats commencent à arriver.
Le premier Mr Akbar Oria entouré de son escorte armée, est un ancien diplomate qui a travaillé en Russie. Nous échangeons quelques mots avant le commencement du débat car il s’exprime dans un français correct, j’en profite alors pour lui demander comment il perçoit cette campagne électorale
Mr Oria pense que beaucoup de choses en Afghanistan sont en-train de changer. Il veut établir l’équilibre. En bon diplomate il m’explique que l’équilibre des relations avec les puissances extérieures est la solution qui permettra à son pays de sortir de la crise sécuritaire et économique. Mr Oria laisse planer une part de mystère dans ces propos et après un long silence il conclu que les relations avec la Russie ont beaucoup évoluées depuis ces derniers temps. Tout va changer pour le mieux. Il espère beaucoup avec la Russie…..
La discussion s’arrête là les autres candidats entrent en scène, le débat peut commencer.
Shourangiz est inquiète. Il est vrai qu’il n’y a pas foule contrairement aux débats précédents qui accueillent habituellement au moins deux cent personnes.
Où sont les invités qu’avaient assurés la veille par les candidats?
Que font les étudiants et les intellos de Kaboul?
Ces candidats n’interressent peut- être personne. Quelques étudiants en mal de démocratie qui voudraient surtout y comprendre quelque chose écoutent avec attention les points de vue de chacun des candidats.
Tous abordent les problèmes sécuritaires. Chacun donne son point de vue sur les Talibans, la question de l’application de la justice aux criminels de guerre, l’installation de barrages pour résoudre les problèmes d’agriculture dans le pays qui regorge d’eau et de terre cultivables.
Mais aucun véritable programme ni mesure n’est ici proposé et le public dans un second temps ne manquera pas de souligner aux candidats que cela ne sert à rien d’énoncer les problèmes du pays car tout le monde les connaît déjà. Les jeunes exigent surtout des candidats un discours cohérent et des réponses précises à leurs questions.
-“Comment comptez vous régler définitivement le problème de la production d’opium lorsque celui ci représente un part infini des ressources allant directement dans les poches de l’Etat?”
-“Je suis inquiète par rapport à l’avenir de mes soeurs lorsque l’on parle de dialogue avec les Talibans ne pensez vous pas que cela représente un danger de discrimination pour les femmes.Qu’avez vous l’intention de faire concernant le droit des femmes?
-“Comment pouvez vous prétendre sortir le pays des conflits internes si vous acceptez de collaborer avec un certain nombre de personnes ayant participé aux massacres des populations civiles sous le régime des Talibans?”
Un jeune homme voudrait bien savoir comment un système présidentiel peut il être compatible avec la démocratie…
Le débat se termine et comme tous les débats beaucoup de questions restent ouvertes. Malgré le manque de crédibilité poltique de la part de ces candidats qui n’ont fait qu’énoncer des généralités, l’interêt de cette rencontre montre combien la jeune géneration éduquée n’est pas dupe. Elle a certainement pris conscience du changement qu’elle pouvait apporter sans vraiment savoir toutefois comment s’y prendre. Les jeunes afghans sont désabusés et restent persuadés que quelque soit le niveau de la classe politique dirigeante pour qui ils devront voter le 20 août prochain, aucun candidat ne sera prêt à les entendre et ne voudra en aucun cas démêler les conflits internes défendant les intérêts des chefs locaux.