Ce dimanche, c'était la fête des mères. Monsieur le ministre de la santé dans un communiqué de presse du 1er juin avait annoncé un assouplissement des visites en EHPAD effectif dès le 5 juin, "en préparation des fêtes familiales à venir" tout en laissant aux directeurs d'établissement le champ libre pour composer avec les consignes précédemment publiées, leurs peurs de la judiciarisation, le déploiement du principe de précaution au nom "de la sécurité des résidents".
Nos mères et grands-mères confinées en EHPAD depuis mars 2020 au nom de la santé publique, sont restées confinées aussi ce dimanche parce que les directeurs d'EHPAD, appliquent très scrupuleusement les consignes ministérielles et n'ont pas suffisamment de personnel pour les mettre en oeuvre le week end? Les rendez-vous continuent d'être octroyés au "compte-gouttes" et certains directeurs d'EHPAD sont insensibles à tout argumentaire.
Les familles, après toutes ces semaines de confinement, ne reconnaissent plus leurs proches qui se sont souvent profondément altérés. Dans certains établissements, les mesures barrière sont des mesures muraille : masques pour le parent et le résident, deux tables de séparation et un plexiglas. Comment un résident mal entendant, mal voyant, aux capacités cognitives altérées peut-il encore bénéficier de la visite de sa famille dans de telles conditions de visite? L'évolution actuelle de l'épidémie justifie-t-elle véritablement ces mesures? A l'extérieur de l'EHPAD, les soignants vivent assez normalement, vont au café, font leurs courses, se rendent en salle de sports, visitent leurs amis et leurs familles; dans leur temps de pause, ils n'appliquent pas très scrupuleusement les mesures barrière ,mais les visiteurs qui rentrent en EHPAD sont beaucoup plus dangereux !
De quoi veut-on protéger nos plus anciens ? Certains demandent maintenant à mourir ou se laissent mourir, d'autres demandent à ce qu'on les sorte de "prison". Quels ghettos construisons-nous ainsi? Qui , parmi les décideurs, accepterait pour lui-même une telle privation de lien d'affection et de liberté? L'impératif sécuritaire est-il le seul guide pour décider? Pourquoi ceux qui ont encore des capacités ne peuvent-ils pas décider de prendre des risques en voyant et touchant ceux qu'ils aiment? Quelle réflexion collective portons -nous sur ce qui donne sens à la vie?
Hélas, nos personnes âgées aux troubles cognitifs avancés ne peuvent se constituer en lobby et s'indigner des mesures qui leur sont imposées.
Mesdames, messieurs les directeurs d'EHPAD, les directeurs d'ARS, le ministre de la santé, le premier ministre, ayez pitié de nos vieux et rappelez-vous que, COVID ou pas, leurs jours et semaines sont comptés...