«Homophobe!», «Égalité!», « Sarko, ça suffit!»…C’est sous les sifflets et les huées que le représentant de Nicolas Sarkozy, Geoffroy Didier, secrétaire national de l'UMP et conseiller régional d'Ile-de-France, a été accueilli le samedi 31 mars au « Meeting LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi et Trans) pour l’égalité ». Ce grand rassemblement, organisé aux Folies Bergères (Paris IXe) par la campagne Égalité LGBT 2012 – qui regroupe l'Inter-LGBT, la Fédération LGBT et la Coordination InterPride France (CIF) – a réuni, selon les associations, plus de 1.000 personnes.
Confirmé en toute dernière minute, le représentant du candidat UMP a essayé de défendre, durant un petit quart d’heure, le bilan du quinquennat en matière d’égalité des droits hétéros/homos, évoquant le « respect » de Nicolas Sarkozy pour les questions LGBT. Vaine tentative tant la salle des Folies Bergères était remontée contre les dernières prises de positions du chef d'État sur ces questions :
Revenant sur l’une des rares promesses du candidat Sarkozy de 2007, le contrat d’union civile, Geoffroy Didier a expliqué, comme l’avait fait avant lui Camille Bedin mi-février lors d'un débat politique organisé par l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL), qu'un tel contrat s'était avéré « inconstitutionnel ». « Ils n’ont qu’à faire une sixième République et changer la constitution !, affirme Clémentine Autain (Front de Gauche) à Mediapart à l’issue du meeting. En fait, l’union civile, c’était un angle tactique parce que le mariage c’était trop frontal. Mais la vérité, c’est qu’ils n’ont jamais voulu le faire et qu’ils ne le feront jamais. »
Également interrogée sur l’intervention de Geoffroy Didier, Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de François Hollande et représentante du candidat PS à la soirée, reconnaît que « ce n’est jamais agréable de faire face à une salle hostile » : « Il a eu le courage de venir, mais il est venu défendre des choses un peu indéfendables : on ne peut pas sérieusement dire que Nicolas Sarkozy ait fait avancer la question de l’égalité des droits des personnes LGBT depuis son arrivée au pouvoir. Il avait pris un certain nombre d’engagements en 2007 et pourtant, je n’ai pas eu le sentiment que les choses aient bougé. »
« Sur la question de l’égalité des droits, ce n’est pas seulement les mesures que l’on prend ou que l’on ne prend pas, c’est aussi les discours que l’on tient ou que l’on ne tient pas, poursuit la porte-parole de François Hollande. Depuis, cinq ans, on n’a pas beaucoup entendu de discours de rassemblement. On a, en revanche, entendu beaucoup de dérapages, y compris dans la majorité présidentielle. Un cas symptomatique, c’est le cas Vanneste (Christian Vanneste, député UMP du Nord, coutumier des déclarations polémiques sur les homosexuels). »
Faute d’un véritable bilan et de propositions concrètes pour faire avancer l’égalité des droits hétéros/homos, Geffroy Didier a fait pâle figure face aux autres candidats ou représentants de, venus, eux aussi, présenter leurs propositions au « Meeting LGBT pour l’égalité ». Seule la responsable des questions d'intégration et d'égalité des chances au Modem et représentante de François Bayrou à la soirée, Fadila Mehal, a également été chahutée par le public des Folies Bergères. En justifiant, par la religion, le refus de son candidat d’ouvrir le mariage aux couples de même sexe, elle s’est attirée quelques sifflets : « Il très croyant et très respectueux du caractère sacré du mariage », a-t-elle déclarée face à une salle scandant le mot « Laïcité ! ».
Un tout autre accueil a été réservé aux candidats et représentants de la gauche, sortis grands gagnants de la soirée. Najat Vallaud-Belkacem (PS), Eva Joly (EELV) et Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) ont tous trois été chaudement applaudis. « Toute la gauche est aujourd’hui d’accord pour ouvrir le mariage aux couples de même sexe, s’est félicitée Clémentine Autain. Ça n’a pas toujours été le cas… »
Le même week-end, avait lieu l'opération Sidaction 2012 qui, dimanche, à la mi-journée, avait permis de récolter 2,8 millions d'euros de promesses de dons. Également invité au « Meeting LGBT pour l'égalité », Eric Fleutelot, porte-parole et directeur général adjoint du Sidaction, a évoqué sur scène l'intervention de Geoffroy Didier. Corrigeant les chiffres de l'investissement accordé par l'État français à la recherche contre le sida, il a conclu, amer : « Oui, ils donnent l'égalité. L'égalité d'être méprisés au même titre que les autres. »