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Billet de blog 5 janvier 2017

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Commune de Paris. Séance du 17 mai 1871 (1).

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Président: MELLIET.
Assesseur: PILLOT.
La séance est ouverte à 2 h. 1/2.
Conformément à l’avis inséré dans le Journal Officiel de ce matin, il est procédé à l’appel nominal des membres présents par le citoyen Amouroux, l’un des membres secrétaires de la Commune.
Sont présents les citoyens:
Amouroux, Andrieu, Ant. Arnaud, Arnold, Arthur Arnould, Assi, Avrial, Babick, Bergeret, Billioray, Chalain, Champy, Chardon, Clémence, J.-B. Clément, Victor Clément, Gournet, Courbet, Delescluze, Demay, Dereure, Descamps, Clovis Dupont, A. Dupont, Durand, Eudes, Ferré, Fortuné, Fränkel, Gambon, Géresme, Grousset, Johannard, Jourde, Langevin, Ledroit, Lonclas, Martelet, Melliet, J. Miot, Mortier, E. Oudet, Ostyn, Parisel, Pillot, Pindy, Pottier, Philippe, Protot, Puget, Pyat, Ranvier, Rastoul, Régère, Rigault, Serraillier, Sicard, Trinquet, Theisz, Urbain, Vaillant, Vallès, Vésinier, Viard, Verdure, Vermorel.
Total : 66 membres présents.
(11 absents – Allix [arrêté], Beslay [qui a démissionné le 12, mais qui n’en signe pas moins, le 15, le manifeste de la minorité], Blanqui [prisonnier en province], Brunel [qui, sur sa demande, a été le 13 mai mis en état d’arrestation, à la suite de l’évacuation par ses troupes du village d’Issy], Émile Clément [arrêté], Cluseret [arrêté], Eug. Gérardin, Lefrançais, Longuet, Tridon et Varlin [signataires du manifeste de la minorité]. Blanchet et Ch. Gérardin ne peuvent figurer sur cette liste, le premier ayant dû démissionner le 5 mai et le second, qui a disparu avec Rossel, étant tenu pour démissionnaire.)
LE PRÉSIDENT. Il va être donné lecture du procès-verbal de la séance du 12 mai.
Le procès-verbal est lu et adopté sans observations.
Le citoyen président donne lecture d’une lettre du citoyen SICARD, donnant sa démission de membre de la Commission de la Guerre.
L’assemblée se forme ensuite en Comité secret, pour entendre une communication du citoyen FERRÉ, délégué à la Sûreté générale.
La séance publique est reprise à 3 h. 1/4.

Illustration 1
Commune de Paris, Raoul Urbain © Eloi Valat.

URBAIN communique à l’assemblée un rapport du lieutenant Butin, dénonçant le viol et le massacre d’une ambulancière, pendant qu’elle soignait les blessés:
«Le chef d’état-major de la 7e légion porte à la connaissance de la Commission militaire les faits suivants:
« Le lieutenant Butin a été aujourd’hui par nous envoyé comme parlementaire au fort de Vanves et aux alentours, pour, accompagné du docteur Leblond et de l’infirmier Labrune, chercher à ramener les morts et les blessés que notre légion a laissés en évacuant ce fort. Arrivés à la limite de nos grand’gardes (avant poste), ils ont rencontré un commandant à la tête de ses hommes, qui leur a serré la main et leur a dit adieu, leur affirmant qu’il ne croyait pas dire vrai en leur disant au revoir.
«Et, à l’appui de ce dire, le commandant a ajouté: Ce matin, dans la plaine, j’ai vu, à l’aide de ma longue-vue, un blessé abandonné; immédiatement, j’ai envoyé une femme attachée à l’ambulance, qui, portant un brassard et munie de papiers en règle, a courageusement été soigner ce blessé. À peine arrivée sur l’emplacement où se trouvait ce garde, elle a été saisie par cinq Versaillais, qui, sans que nous puissions lui porter secours, l’ont outragée et, séance tenante, l’ont fusillée sur place.
«Malgré ces dires, le lieutenant Butin, accompagné du major et de l’infirmier susnommés, a poussé en avant, précédé d’un trompette et d’un drapeau blanc, ainsi que du drapeau de la Société de Genève.
«À vingt mètres de la barricade, une fusillade bien nourrie les a accueillis. Le lieutenant, croyant à une méprise, a continué à marcher en avant; un second feu de peloton leur a prouvé la triste réalité de cette violation des usages parlementaires et du droit des gens chez les peuples civilisés. Une troisième fusillade a seule pu les faire rétrograder. Il a dû revenir, ramenant ceux dont il était suivi, et laissant au pouvoir des Versaillais dix-neuf morts et soixante-dix blessés.
«Dès son arrivée, il est venu nous faire son rapport et je me hâte de le communiquer à la Commission militaire pour qu’elle fasse appeler le lieutenant Butin et qu’elle entende ses explications.
«Approuvé: BUTIN.
«Vu:
«Le chef de légion,
«GARANTIE.
«Paris, le 16 mai 1871.»
URBAIN. Ce rapport est certifié par le lieutenant Butin de la 3e compagnie du 105e bataillon. Je demande, soit à la Commune, soit au Comité de salut public, de décider que dix otages, que nous tenons en mains, soient fusillés dans les vingt-quatre heures, en représailles du meurtre de la cantinière assassinée et de notre parlementaire accueilli par la fusillade, au mépris du droit des gens. Je demande que cinq de ces otages soient fusillés solennellement à l’intérieur de Paris, devant une délégation de tous les bataillons, et que les cinq autres soient fusillés aux avant-postes, devant les gardes témoins de l’assassinat. J’espère que ma proposition sera acceptée.
(Appuyé.)
J.-B. CLÉMENT. J’appuie la proposition du citoyen Urbain. J’ai des renseignements par un parent, qui revient de Versailles où il était prisonnier. Les nôtres, qui sont détenus à Versailles, sont excessivement mal traités; on leur donne très peu de pain et d’eau; on débite des infamies sur leur compte et on les frappe à coups de crosse de fusil. Il faut en finir. Que vous hésitiez ou non, il ne vous en sera pas tenu compte. J’adresserai à ce sujet une question au citoyen Parisel, chef de la délégation scientifique.
PARISEL. Je demande la parole.
PLUSIEURS MEMBRES. Le Comité secret.
L’assemblée se forme en Comité secret.

(À suivre.)

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