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Billet de blog 7 juillet 2017

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Commune de Paris. Séance du 21 mai 1871 (II).

Le procès de Cluseret.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Commune de Paris, Gustave Cluseret © Eloi Valat.

(Suite de la séance du 21 mai 1871.)

LONGUET. J’ai vu des membres du Comité de salut public à qui j’ai donné communication de la note de l’Officiel. Ils ont été aussi émus que moi et ils sont d’avis que l’auteur ne mérite pas seulement un blâme. Je prierai les membres du Comité de salut public de constater l’opinion de l’assemblée pour agir énergiquement et promptement contre l’auteur de la note.

COURNET. Je sais que les membres du Comité de salut public ont été aussi émus que nous à la lecture des quelques lignes dont il s’agit. Il faut qu’il soit pris immédiatement des mesures extrêmement graves; je demande qu’un membre du Comité de salut public soit entendu.

GROUSSET. Il y a, si vous voulez lire 1’Officiel, une note qui enlève toute valeur aux quelques lignes dont on se plaint; je veux parler d’une note du citoyen Delescluze portant que toute disposition émanant du ministère de la Guerre, qui ne portera point sa signature, devra être considérée comme non avenue. Je ne crois pas que la note, dont nous nous occupons, puisse être prise au sérieux dans le public. (Réclamations.) Tout en blâmant l’insertion de cette note, je demande qu’on prenne des mesures pour l’anéantissement de tous les titres appartenant aux Versaillais, le jour où ils entreraient à Paris.

(Bruit.)

RASTOUL. L’article du citoyen Delescluze n’a aucun rapport avec la note que l’on vient de signaler à la Commune. Il s’agit, en réalité, d’une usurpation de pouvoir ; agir, comme on vient de le faire, c’est nous mettre sous les pieds. Il est urgent, très urgent, de prendre des mesures.

(Bruit.)

LEFRANÇAIS. En ce qui concerne l’article signé Grêlier, je proposerai simplement l’ordre du jour dont je vais vous donner lecture: «La Commune, s’en rapportant au Comité de salut public pour prendre toutes mesures de répression contre le citoyen Grêlier et ses complices, passe à l’ordre du jour.»

UN MEMBRE. Et les complices?

VOIX. Oui! il doit en avoir.

BILLIORAY, membre du Comité de salut public. La note a été aussi inexplicable pour nous que pour vous; je regrette qu’on l’ait insérée dans l’Officiel. Le citoyen Grêlier nous a dit qu’il ne comprend point qu’elle y figure, que c’est le résultat d’une convention. Quoi qu’il en soit, le fait de l’insertion est extrêmement regrettable, extrêmement blâmable.

UN MEMBRE. Criminel!

UNE VOIX. Le citoyen Vésinier n’aura pas vu la mise en page.

(Bruit.)

RÉGÈRE. II ne faut demander à un homme que ce que ses forces lui permettent de donner. Vous savez l’importance et l’abondance du travail dont notre collègue est chargé; il peut se faire que des épreuves échappent à son examen. Le mot complices que porte l’ordre du jour me paraît bien dur; j’en demande la suppression.

(Oui! Non!)

OSTYN. Comme je connais le citoyen Grêlier, il n’est pas possible pour moi qu’il n’ait point de complices.

LONGUET. Je sais que c’est une besogne très dure que celle de délégué à l’Officiel; je l’ai faite longtemps, et je reconnais qu’une note semblable à celle qui nous occupe aurait très bien pu passer sans que je m’en aperçusse; mais, si cela m’était arrivé, j’aurais immédiatement donné ma démission et demandé une enquête. Je n’accuse pas le citoyen Vésinier d’être complice, je viens de vous en dire la raison, mais je le trouve responsable.

LEFRANÇAIS. Je ne sais pourquoi on met le citoyen Vésinier en cause dans cette affaire. La complicité implique une participation volontaire, dont je ne l’accuse nullement, mon ordre du jour ne tenait aucun compte des personnes.

BILLIORAY, membre du Comité de salut public. Je crois qu’il y a ici une véritable conspiration dans le but de nuire à nos intérêts financiers. C’est ainsi que, il y a quelques jours, on a essayé de fermer la Bourse sans ordre, ni de la Commune, ni du Comité de salut public. Il faut que nous sachions d’où partent ces coups à la sourdine; si le citoyen Vésinier n’est pas complice, ce dont je suis persuadé, il n’en est pas moins vrai qu’il est coupable de négligence, pour avoir laissé insérer d’autres actes que les actes officiels, c’est-à-dire émanés du Comité de salut public ou d’une délégation quelconque de la Commune.

LE PRÉSIDENT. Je mets l’ordre du jour du citoyen Lefrançais aux voix.

OUDET. Il y a un mot qui me paraît malheureux dans l’ordre du jour que l’on nous propose, c’est celui de complices. Il me semble qu’il y a imprudence à attaquer les citoyens qui sont en cause et je voudrais que ce mot disparût.

JULES VALLÈS, président. Je m’associe complètement à l’observation du citoyen Oudet.

BILLIORAY. Selon nous, il y a danger à se prononcer en ce sens. Je serais d’avis que l’on renvoyât à la prochaine séance la discussion sur cet ordre du jour.

(Non! Aux voix! aux voix!)

LE PRÉSIDENT. Sur la demande de l’assemblée, je mets de nouveau aux voix l’ordre du jour du citoyen Lefrançais. L’ordre du jour est mis aux voix et adopté.

VARLIN. On nous a convoqués pour l’affaire Cluseret et je suis venu à la séance pour cette affaire. Je demande qu’on s’en occupe de suite.

(Interruptions diverses.)

MELLIET. Il ne faudrait pas que ceux de nos collègues qui avaient déclaré ne plus vouloir siéger vinssent ainsi imposer leur volonté. Si la Commune juge à propos de discuter d’autres propositions que celle relative au citoyen Cluseret, elle en a parfaitement le droit! Il ne faut pas que la majorité soit à la merci de la minorité.

VARLIN. Nous ne voulons pas non plus que la minorité soit à la merci de la majorité.

(Bruit.)

LE PRÉSIDENT. Je consulte l’assemblée pour savoir si elle entend passer de suite à l’examen de l’affaire Cluseret. L’assemblée, consultée, décide qu’elle va discuter de cette affaire.

VARLIN. Le rapport!

MIOT, rapporteur. Je propose à l’assemblée de lui donner connaissance de nosnotes et des réponses que le général Cluseret nous a faites, avant qu’il soit introduit dans la salle.

(Non! Non!)

LANGEVIN. Il est d’usage que l’accusé entende le réquisitoire dressé contre lui.

LE PRÉSIDENT. Je consulte l’assemblée sur la question de savoir si le général Cluseret sera présent à la lecture. L’assemblée, consultée, décide que le général Cluseret sera traduit immédiatement.

MIOT. Vous avez une autre question à résoudre, c’est celle de savoir si vous voulez vous constituer en Comité secret.

UN GRAND NOMBRE DE VOIX. Non! Non!

Le citoyen Cluseret est introduit.

(À suivre.)

https://macommunedeparis.com/
Gustave Lefrançais

CAHIERS D’HISTOIRE
revue d’histoire critique
https://chrhc.revues.org/

Illustration 2
Cahiers d’Histoire, couverture du numéro 134.

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