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Billet de blog 27 juin 2016

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Commune de Paris. Séance du 8 mai 1871 (IV).

AUGUSTE VIARD. «Il faut, de toute nécessité, que le prix des denrées s’abaisse. Je sais qu’il y a de nombreux bouchers qui ferment dans un but politique.»

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Illustration 1
Commune de Paris, l’approvisionnement des boucheries. © Eloi Valat.

  (Suite de la séance du 8 mai 1871.)
PARISEL. Je me rallie au projet de décret organique, présenté par le citoyen Andrieu; cependant, je présenterai deux observations. Dès qu’il n’y aurait plus que trois séances par semaine, nous pourrions parfaitement, il me semble, faire notre travail dans nos mairies, travail dont nous nous occupons déjà avec six séances par semaine, et nous n’aurions pas besoin alors de confier à des délégués ces fonctions municipales si importantes. J’approuve aussi l’article 4 du projet à une condition, cependant, qui doit être aussi dans l’esprit d’Andrieu: c’est qu’il sera bien entendu que, approuvés ou non par une commission, tous les projets proposés arriveront toujours à être connus par la Commune.
J. ANDRIEU. Parfaitement.
LE PRÉSIDENT donne communication à l’assemblée d’une lettre du citoyen Avrial, qui déclare donner sa démission de directeur de l’artillerie.
VIARD. Comme je suis forcé de me retirer, je rappellerai à l’assemblée l’avis par lequel je priais les municipalités de venir ce soir au ministère du Commerce. Si vous ne pouvez y venir tous, qu’il y ait au moins un membre par arrondissement, avec deux ou trois délégués. Il faut, de toute nécessité, que le prix des denrées s’abaisse. Je sais qu’il y a de nombreux bouchers qui ferment dans un but politique. Je crois que ce serait le moment de prendre leurs boutiques et d’y installer des personnes auxquelles vous rendrez ainsi service. Mais, je vous en prie, faites cesser ce scandale. On vend la viande très cher: 1 fr. 50 et 1 fr. 80 la livre; et cependant, à l’heure qu’il est, l’arrivage ne cesse pas: c’est le débit qui manque. Les hauts commissionnaires sont contre nous; mais nous pourrons toujours approvisionner Paris par les lignes prussiennes. À la porte de Charenton, j’ai envoyé l’ordre d’arrêter le capitaine chef de porte pour n’avoir pas laissé entrer un troupeau de bœufs et avoir ainsi laissé le temps aux gendarmes de le saisir. Venez donc ce soir à 8 heures au ministère du Commerce et qu’il y ait au moins un membre par arrondissement.
LEFRANÇAIS. La question, dont parle le citoyen Viard, est très importante, mais je m’étonne de la façon dont il procède. Je ne comprends pas bien que les municipalités envoient des agents pour s’entendre avec le délégué aux Subsistances. On se réunira à vingt ou à trente, on discutera beaucoup et l’on n’atteindra pas de résultat. Le délégué doit faire son tarif et l’envoyer aux municipalités, en disant : «Je puis vous donner telle marchandise à tel prix», par exemple, et nous, municipalités, nous verrons si nous devons accepter. Je ne vois pas la nécessité d’un congrès de mairies pour s’entendre à cet égard.
DUPONT. Ce qui nous à fait hésiter à entrer dans cette voie de commerce, c’est la difficulté de trouver des hommes capables et consciencieux, aptes à faire ce commerce, et sur lesquels nous puissions compter. Nous avions la crainte de passer, devant le public, pour des marchands de viande.
LE PRÉSIDENT. Le citoyen Viard demande que les membres des municipalités se réunissent au Commerce.
LE PRÉSIDENT. Quelqu’un demande-t-il la parole sur le projet Andrieu?
ARNOULD. Puisque l’on dépose les projets et qu’il y a un registre pour les inscrire, on devrait les faire imprimer et les distribuer à chacun de nous. Au moins, nous aurions le temps de les étudier et nous arriverions à la discussion avec une opinion faite. On comprend facilement que, sans cette précaution, il y a une foule d’objections qui peuvent nous échapper.
J. ANDRIEU. Comme délégué aux Services publics, quand la proposition Arnould sera votée, je mettrai à la disposition de la Commune les pierres typographiques nécessaires pour l’impression des projets de loi.
LE PRÉSIDENT lit la proposition Parisel:
«La Commune de Paris nomme une commission de trois membres, dite commission de l’initiative des réunions publiques, et chargée de recevoir, d’examiner, de formuler, de présenter et de soutenir, devant la Commune, les propositions des clubs et réunions publiques.»
RÉGÈRE. Pour les projets de loi organiques, je demande que l’on nomme une commission de permanence, que l’on pourrait appeler, par exemple, comité de législation…
(Interruptions.)
PARISEL. Je demande simplement que l’on imprime les projets de loi qui sont à l’ordre du jour et que l’on doit discuter le lendemain. (Bruit. Interruptions.) Je demande aussi que l’ordre du jour soit déposé sur le bureau de chacun des membres.

(À suivre.)

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