(Suite de la séance du 12 mai 1871.)
Voici maintenant la proposition faite par le citoyen Vésinier et déjà citée: 1° La Commission du Travail et d’Échange est autorisée…
La proposition du citoyen Vésinier se rapproche de celle de votre commission, plus l’article 1er, qui donne à la Commission de Travail et Échange l’autorisation de réviser les marchés passés; je dis réviser, et non résilier, les marchés.

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THEISZ. Je fais partie de la Commission de Travail et d’Échange et je me rallie à ses propositions. Malgré la clôture, qui vient d'être prononcée, je demande que le citoyen Varlin nous donne des explications sur ces marchés.
SERRAILLIER. Je ne m’oppose pas à entendre les explications du citoyen Varlin; je demande à entrer en plein dans la discussion.
LE PRÉSIDENT met en discussion l’article additionnel, présenté par le citoyen Jourde.
VICTOR CLÉMENT. Je demande à faire une observation sur la rédaction de l’article additionnel. Au lieu de «Prix minimum de la journée», dire «Prix minimum de la pièce».
JOURDE. Je n’admets pas en principe le travail à façon; c’est favoriser quelques-uns au détriment des autres, qui ne sont pas si habiles dans la fabrication.
CLOVIS DUPONT. Dans une question ouvrière, j’ai le droit de me faire entendre, étant ouvrier. Je voudrais qu’on mît aux voix la motion «travail à façon» ou «à la journée»; vous auriez la majorité pour le travail à façon.
JOURDE. Voici une nouvelle rédaction:
«Minimum de la journée, ou à façon.»
FRÄNKEL. Je demande qu’on dise que la journée sera de huit heures.
LE PRÉSIDENT donne de nouveau lecture de l’article 4. L’article 4 est mis aux voix et adopté à l’unanimité.
LE PRÉSIDENT. Je mets l’ensemble du décret aux voix.
Le décret entier est mis aux voix et adopté.
URBAIN. Il avait été décidé que la séance d’avant-hier serait publiée in extenso et rien n’a encore été inséré à l’Officiel; je demande quelques explications à cet égard.
LONGUET. Le compte rendu de la séance d’avant-hier a été adressé à l’Officiel, mais l’on m’a dit que le citoyen Paschal Grousset était venu en empêcher l’insertion, en disant qu’on allait recevoir un ordre du Comité de salut public.
GROUSSET. Si j’ai provoqué un ordre du Comité de salut public dans le sens que je viens d’indiquer, c’est que j’ai pensé que la publication du compte rendu d’avant-hier serait ridicule, après la fuite de Rossel.
BERGERET [chargé d’appréhender Rossel]. J’ai, pour moi, je tiens à le dire, rempli le mandat qui m’a été confié. J’ai été à toutes les adresses qui m’ont été indiquées.
VAILLANT. Comme le compte rendu n’a pas été publié, je ne puis m’expliquer comment plusieurs journaux, le Mot d’Ordre et la Justice entre autres, ont pu rendre compte de plusieurs faits importants de la séance.
URBAIN. Je ne reconnais qu’au Comité de salut public le droit de supprimer le compte rendu. Je ne puis accepter qu’un de nous, pris d’un scrupule, aille à l’Officiel s’opposer à l’exécution d’une mesure prise par l’assemblée.
LONGUET et GROUSSET. Nous sommes d’un avis différent.
GROUSSET. Pour moi, chacun de nous a le droit absolu de veiller à ce que la Commune ne commette point de fautes.
(La clôture!)
VÉSINIER. Je tiens à vous dire que, s’il y a eu indiscrétion sur notre dernière séance, elle ne vient pas du secrétariat. L’ordre du jour, mis aux voix, est adopté.
CHARDON. Je demande à l’assemblée qu’elle veuille bien s’occuper du fait suivant. Le colonel Fleury, arrêté, il y a déjà plusieurs jours, en même temps que le sieur Laporte, est maintenu en état d’arrestation, sans savoir pourquoi et sans obtenir d’être interrogé. J’ai reçu, à ce sujet, des députations d’officiers venant protester contre cette détention arbitraire de leur chef, tandis que Laporte, sur le compte duquel je suis très peu édifié, a été relâché par ordre de Delescluze.
LONGUET. Je demande que nous ne nous occupions pas de faits particuliers; c’est à la Sûreté, non à la Commune, que devrait s’adresser le citoyen Chardon.

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VALLÈS. Je dois dire cependant, au sujet des prisons, une chose qui ne peut être indifférente à la Commune. J’ai visité la prison du Cherche-Midi, où il se passe des choses déplorables; c’est un va-et-vient continuel d’arrestations, de mises en liberté! Sans qu’on sache pourquoi, des citoyens restent dix à douze jours sans être interrogés, se figurant quelquefois qu’on va les fusiller, quand il s’agit de leur infliger vingt-quatre heures de prison.
LE PRÉSIDENT. Je ferai remarquer qu’il y a une commission des prisons, spécialement chargée des réclamations.
OUDET. Je demande à dire un mot sur l’affaire Laporte, dont a parlé le citoyen Chardon. (Interruptions.) Il y a deux pouvoirs à la Guerre, dont les décisions sont contradictoires. Il arrive souvent qu’un colonel nous arrive à Passy, avec une commission signée «Mayer», et aussitôt après un autre chef se présente, avec une commission signée d’un autre nom. De là, conflit et confusion…
(Bruit. La clôture!)
CHARDON. Je demande à faire une observation.
(La clôture! La clôture!)
La clôture est mise aux voix et adoptée.
(À suivre)
Quel est le fou ?
– Le monde ou moi –
Spectacle musical autour de l’œuvre de Eugène Pottier
http://www.camillelamache.com/quel-est-le-fou/
À lire sur le site de Michèle Audin
https://macommunedeparis.com/
un article de Gustave Maroteau paru dans le journal La Montagne
«Les chiens mordront les évêques»