Bien avant l'arrivée du virus, j'ai commencé avec l'aide de mon fils, Sylvain Magilaner, éditeur indépendant à Manosque, un travail de transmission: traduire en français les récits laissés par mon père, Eladio González Guerrero, officier de l'armée de l'air républicaine, réfugié politique, pour que mes petits enfants connaissent son combat. Un premier récit est disponible sous forme numérique, c'est un récit d'enfance en forme de fable, La Platera, à lire gratuitement sur le site: https://s.magilaner
de février 1939... à mars 2020
Ces jours-ci, confinée dans ma maison à Forcalquier, c'est le passage de la Retirada, où mon père décrit le quotidien des cent mille réfugiés espagnols parqués sur la plage de Saint-Cyprien devenu camp de concentration, de février à mai 1939, que je traduis.
Ce confinement nous ramène à notre cocon originel. Nous percevons mieux les sons venus de l'intérieur, qui irriguent nos pensées, qui nous font tenir debout. Aujourd'hui, jour du printemps, je ne peux me résoudre à cette idée sinistre, du calme avant la tempête.
Non, ce n'est pas une guerre contre le virus!
C'est la révélation au grand jour des failles du chacun pour soi de ce système capitaliste. C'est la revanche du bon sens dans un monde où les hommes sont devenus fous.
Pâles de colère, les humains en blouse blanche, qui ont voué leur vie au soin, dénoncent, après avoir averti sans être entendus.
Une femme, vilipendée parce qu'elle a appliqué le principe de précaution, devient une héroïne. Avec humilité, elle répète qu'elle n'a fait que son travail: prévoir un stock de masques! Oui mais, il s'agit pour ses successeurs, d'être capable de transmettre et d'appliquer la consigne, qui, un jour lointain, sauvera des vies! Quelles sont les consignes à laisser à nos successeurs? Va-t-on continuer à polluer l'air et l'eau, indispensables à notre survie?
Principe de précaution et de solidarité, marchons sur ces deux jambes pour aller vers un autre monde.