Comme elle est triste, l’histoire qui ne s’écrit qu’avec des morts. Pourquoi l’histoire refuse-t-elle les couchers de soleil et le silence de ma maison de montagne à Kfar ? Les sourires des enfants peuvent-ils être l’histoire ? Les jeunes qui deviennent vieux, les filles qui enfantent, ont-ils droit à l’histoire ?
L’histoire est triste quand elle ne parle que de l’homme. Car les fleurs, elles aussi, ont leur histoire. La vie n’est-elle plus belle que la mort, de l’exil, de la solitude de l’homme ? Pourquoi parler de l’histoire quand ruisselle l’eau d’une fontaine. Le cri de l’oisillon qui appelle sa mère. Le lever de la lune sur le Mont Sannine. Le goût du café le matin. Le plaisir de la première cigarette.
Pourquoi l’histoire ne se conjugue-t-elle qu’avec les bombes. A-t-elle essayé avec la musique ? Beethoven contre Daech qui sera le vainqueur ? L’histoire a pris de mauvaises habitudes. Et les hommes, bêtement, l’ont suivie. Il est temps de changer d’habitudes. C’est l’homme après tout qui fait l’histoire.
La vie sera certainement plus belle si l’homme oublie l’histoire. Qu’il invente un Nouveau Monde où l’histoire n’a pas commencé. L’effort à faire est de taille humaine, les dieux n’ont rien à y voir. Je rêve d’un monde sans l’histoire, remplacée par des chansons.
Le printemps sera éternel, l’hiver sera oublié. Je garderai l’automne pour ses feuilles mortes et les vendanges. L’été brûle tout et n’a pas sa place. Un monde où toutes les cages seront ouvertes. Tous les oiseaux sur les arbres. Et rien que certains hommes dans les cages.
La naïveté deviendra vertu, exactement comme la joie. Mais les rêves se dissipent au réveil. Notre monde est bien celui-là. Nous l’avons construit pour l’histoire. Et cette dernière ne s’écrit qu’avec la mort.
suivez: emilenasr.wordpress.com