Il m’est odieux de me voir impuissant face à ces sauvages de l'état islamique en Irak et au levant (EIIL) -notoirement connu sous l'anagramme arabophone de Daech- utiliser les meilleures techniques de mise en scène, de filmage et d’intox.
Il m’est pénible de découvrir que les meilleurs organes de presse, les grandes chaines de télévision relayent ces scènes de carnage, si bien filmées, ces images aux cadrages parfaits, ces discours aux accents churchilliens.
Il m’est désagréable de m’apercevoir que ma famille et mes amis ne se sentent pas concernés par ce lendemain d’un big-bang auquel j’assiste faible et désarmé.
Il m’est fatigant à la longue de scruter le chaos, cherchant sans trouver une étincelle d’espoir.
Il est désespérant de découvrir que Daech, devenu financièrement indépendant, offre des maisons en dur à ses combattants en plus de jeunes filles kidnappées et réduite à l’esclavage.
Je m’inquiète de plus en plus du silence des Arabes. J’ai peur qu’ils soient devenus tous inconsciemment des agents de Daech. Je cherche fébrilement dans mes livres d’histoire des situations similaires et jusqu’à maintenant je n’en trouve pas. Je relis l’Evangile puis le Coran, et je reste incapable de réaliser s’il s’agit des mêmes textes que l’on m’a fait apprendre quand j’étais jeune.
Il m’est insupportable de voir la mère du soldat décapité réclamer son corps pour l’enterrer. Je suis soulagé que la bande de Gaza ne soit plus bombardée, mais je continue à voir depuis quatre ans les villes syriennes disparaître.
Il m’est désagréable d’entendre un ministre allemand d’accuser le Qatar financer Daech, alors que le Conseil de sécurité n’impose aucune sanction à ce pays conçu sous la forme d’une virgule gorgé de gaz et de pétrole.
Il m’est intolérable de savoir que, sur un million et demi de syriens réfugiés chez nous dans une extrême précarité, 200.000 seraient des combattants, qu’ils soient opposants ou fidèles au régime de leur pays ou pire encore des espions au Liban.
Je cherche désespérément des solutions qui ramèneraient sain et sauf nos soldats retenus en captivité, et pour l’un d’eux déjà décapité. Ces solutions, je crois les avoir trouvées : rendre solidaires tous nos compatriotes, juste le temps que nos soldats retrouvent leur liberté.
- Nous pourrions mettre en berne notre drapeau dans tous les bâtiments publics et exhorter les ambassades étrangères et toutes les missions diplomatiques à en faire de même sur tout le territoire libanais.
- Rebaptiser, ne fût-ce que jusqu’au retour de nos soldats en captivité, du nom du soldat décapité notre plus grande place à Beyrouth et à Ersal.
- Proposer une alternative au Hezbollah : qu’il retire ses troupes de Syrie et revienne prêter main forte à l’armée à Ersal.
- Renoncer à la professionnalisation de l’armée et réintroduire le service militaire obligatoire, imposable aussi aux femmes.
- .... Je, nous, pouvons imaginer des dizaines d’autres solutions, il suffit pour cela d’être indigné.
Oui, nous pouvons faire cela, et beaucoup plus en attendant la libération de nos soldats retenus en captivité et le corps décapité du soldat tué pour permettre à sa mère d’offrir une sépulture digne à son fils.
Mais surtout cesser toute négociation avec Daech et le déclarer ennemi criminel non seulement de toute la nation libanaise et mais aussi de l’humanité entière. Croyez-vous que parmi nos hommes politiques, quelqu’un osera proposer de telles négociations si certaines de ces mesures voyaient le jour ?
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