
La manifestation a été coorganisée par les personnes exilées et les associations de soutien. Elle doit partir depuis le camp "Cheval noir", qui tient son nom du square dans lequel il a progressivement été installé en fin janvier dernier, près de la station Raymond Queneau du métro 5.
En tête de cortège, les hommes exilés, majoritairement d’origine afghane, tiennent fermement une banderole réclamant un « accueil pour tous ». Ils entonnent le long du canal Saint Martin des slogans en brandissant leurs nombreuses pancartes. On peut notamment lire sur certaines d’entre elles : « Un toit pour tous », « Je veux aller à l’école » ou encore « Je veux être un homme heureux ».
Les soutiens associatifs et les passant-e-s suivent de près avec ferveur les hommes survivants pour certains depuis plusieurs mois dans le camp. La "Fanfare invisible" fait danser et chanter les manifestant-e-s. La police nationale (Compagnie d'Intervention et Brigade Anti Criminalité) surveille avec vigilance la mobilisation.


L’arrivée de la manifestation est symbolique : elle se fait à la limite de Paris, sous le pont du canal de l’Ourcq, rebaptisé "pont Delphine Seyrig" par les associatifs et les personnes exilées, en référence à l'arrêt de tramway juste à côté. C’est à cet endroit qu’en fin d’année dernière, de nombreux hommes exilés ont été réprimés par la police, qui les obligeait à partir toujours plus loin de Paris. La préfecture en était même allée jusqu’à donner l’ordre à ses agent-e-s en bleu de répandre de l’huile sur le sol sous le pont pour empêcher tout campement ou encore à gazer le peu de nourriture dont disposaient les hommes survivant dehors, dans le froid de l’hiver.
C’est à cause de cette répression que les personnes exilées se sont progressivement installées dans le square "Cheval noir" à quelques kilomètres du pont, repoussées toujours plus en périphérie, entre Pantin et Bobigny. Le deux avril, sur ses réseaux sociaux, le collectif Pantin Solidaire explique d’ailleurs au sujet de l’itinéraire de la manifestation : "68 jours plus tard en sens inverse…", faisant référence au premier jour d'installation du camp le 28 janvier dernier, après que la police soit parvenue à faire fuir les personnes exilées du pont Delphine Seyrig.



L'objectif de cette manifestation était simple : demander l’accueil inconditionnel des personnes qui survivent dans la rue, notamment pour celles implantées au campement "Cheval noir".
Les pouvoirs publics sont parvenus à mettre en place un dispositif important pour l'accueil des Ukrainien-e-s, pourquoi ne pas en faire de même pour les personnes en situation d'exil originaires d'autres pays ?
L’accueil à géométrie variable a un impact direct sur des centaines voire des milliers de personnes, contraintes faute d’autre solution de vivre dehors, dans l’attente que les pouvoirs publics daignent se préoccuper de leur situation.
A quelques kilomètres de la mobilisation pantinoise se tenait dans Paris une manifestation contre les idées d’extrême droite. Ces deux manifestations résonnent gravement avec le premier tour de l'élection présidentielle qui doit se tenir dimanche prochain.
Les idées d’extrême droite prolifèrent depuis longtemps dans les champs politiques et médiatiques. Leur diffusion a été rendue légitime par opportunisme et complaisance par de nombreux bords politiques si bien qu’elles ont abondées durant la campagne présidentielle sans que peu ne s’en indignent ni ne s'y opposent. Aujourd’hui, la droite et l'extrême-droite sont placées favorites au premier tour de l'élection présidentielle.
La crainte est gigantesque à l'idée que les violences subies par les personnes exilées soient maintenues voire s'exacerbent pour encore cinq années de suite.
Mobilisons-nous !



