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Billet de blog 13 septembre 2010

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Mots-citoyens en colère

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour entamer la rentrée de ce blog, je choisis de ne pas m’attaquer d’emblée à la manne offerte par les discours politiques estivaux.

Certes, cet été apparemment « pas comme les autres », ainsi en avaient décidé les dirigeants français, a été prolixe en discours tout aussi tapageurs les uns que les autres – fallait-il d’ailleurs bien comprendre que, précédant 2011, 2010 vient annoncer 2012 et ses (fort attendues) élections ? Mais je souhaite aujourd’hui laisser parler les mots du citoyen, les mots-citoyens en colère, ces mots qui viennent répondre à la violence récente de certains discours politique.

Il s’agit de quelques mots glanés samedi 4 septembre à Paris sur le chemin du rassemblement et de la manifestation contre la xénophobie. Ces mots « empancartés », « en manif’ », prennent en effet le contre-pied de tous ces mots (et maux) lancés avec énergie par notre président et quelques-uns de ces ministres. Ils sont autant de signes et de témoignages d’un désaccord profond de la part d’une partie au moins de la population – ces mêmes dirigeants auront beau argumenter à coups de sondages, il n’en demeure pas moins que nous étions nombreux ce samedi après-midi…

Avant de laisser place à ces mots-citoyens, je me permets cependant un commentaire.

Au vu des premières réactions des ministres de l’intérieur et de l’immigration, ces mots-citoyens parfois virulents semblent avoir été soit minorés soit méprisés : quand l’un nomme les « slogans » et « caricatures des organisateurs [de la manifestation] », l’autre réduit les manifestants à « quelques groupes d’extrême-gauche ». Ainsi le citoyen en colère ne paraît pas avoir son mot à dire ni être digne d’être entendu. A moins que ses mots inquiètent. Mais à maltraiter par les mots son peuple et à voir des adversaires là où il n’y a que des citoyens attachés aux principes démocratiques et républicains, nos dirigeants jouent avec le feu. Jusqu’où ira cette forme de discours ? Jusqu'à quand le citoyen supportera-t-il la violence ou le mépris des mots ?

Plutôt que de recopier ces mots-citoyens, je cite sous la forme de clichés photographiques, afin de restituer les supports, parfois dérisoires, qui les portaient : des banderoles associatives à la page scotchée sur un sac à dos, de la formule-autocollante à au dessin géant, sans oublier le plastron de fortune...

Espérons juste que les réactions et la colère de nombreux d’entre-nous, citoyens, seront bientôt entendues.

Photos: C. Claudel et E. Née

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